Dans la zone de production du Comté, dans le Jura, les conditions d’épandage de fumier ou de lisier se durcissent. Réduisant ainsi les fenêtres d’action. « Dans le futur cahier des charges du Comté, le plan d’épandage est un sujet sensible, avoue Dominique Chauvin, président de la commission suivi qualité au comité interprofessionnel de gestion du Comté (CIGC). Il est encore en cours de négociation mais il risque d’être publié cette année. »
Périodes d’épandage restreintes
La principale modification de ce cahier des charges porte sur la gestion des effluents. Et plus précisément sur leur épandage. Avec une évolution sur le plan d’épandage et le plan prévisionnel de fumure notamment.
« À priori, il faudra réaliser une analyse des effluents d’animaux nourris avec des aliments non OGM tous les trois ans, prévient le président de la structure. L’enregistrement des apports se fera à la parcelle, avec un maximum de trois apports par an. »
Afin de diversifier la flore présente, la structure de certification cherche à favoriser les apports azotés organiques. Elle veut ainsi réduire les apports à 30 unités d’azote par hectare au lieu de 50 actuellement. Et plafonner les apports de fumiers à 120 unité/ha et le lisier à 100 unité/ha.
Outre ces nouvelles contraintes, les périodes d’épandage connaissent des modifications drastiques. En effet, les agriculteurs devront attendre que la somme de 200 degrés, depuis le 1er janvier de l’année en cours, soit atteinte, pour pouvoir épandre les effluents.
Un délai de trente jours entre l’épandage et la fauche est nécessaire. À cela s’ajoute la réglementation en vigueur, avec l’interdiction d’épandre sur les sols gelés ou enneigés. « Il s’agit donc de répartir sur l’année les épandages », résume le président.
Valoriser les effluents
Des fenêtres d’action qui se réduisent, cela demande donc d’avoir du matériel d’épandage performant pour pouvoir agir dès que possible. Sans parler des capacités de stockage des effluents qui doivent être adaptées dans les élevages.
« C’est une manière de valoriser les effluents plutôt que de s’en débarrasser, fait remarquer Sylvie Bombrin, conseillère à la chambre d’agriculture du Jura qui rappelle quelques bonnes pratiques. Il est important de connaître les vrais besoins de la plante selon la nature de la fauche. Cela permet de s’assurer que les lisiers ou fumiers les comblent bien. »
Mais l’état du sol, et donc sa fertilité, joue également un rôle quant à l’efficacité de ces apports. « Il est alors bon de connaître la fertilité physique qui est définie par l’état organique, la structure et le pH du sol entre autres, précise la conseillère. Mais il y a la fertilité biologique. Elle est définie par l’activité biologique du sol. Elle sera favorisée ou non, selon le rapport C/N des effluents. Celui-ci va définir la stabilité de l’effluent, sa vitesse de dégradation dans le sol pour nourrir la plante et les microorganismes présents.»
Les buses interdites en 2025
La réglementation vient également perturber les habitudes des éleveurs. D’ici 2025, les buses seront interdites, les tonnes devront être équipées de pendillards pour réduire l’évaporation de l’ammoniac dans l’air. Un essai a d’ailleurs été réalisé dans le Jura sur cet aspect.
« Globalement, il n’a quasiment pas de différences de rendements entre une application avec enfouisseur ou sans, avance Sylvie Bombrin. Ceci dit, c’est un essai qui a été réalisé qu’une seule fois. De plus, nous n’avons pas de données sur la gestion du stockage des effluents auparavant, notamment sur le brassage du lisier. »
Les études montrent tout de même une nette réduction des évaporations d’ammoniac avec un enfouisseur (-92 %) et des pendillards (-71 %) par rapport à une buse classique.
Augmenter les volumes
Une réglementation et un cahier des charges qui obligent les éleveurs à revoir leur matériel. Tout en essayant de garder un coût d’épandage acceptable. D’autant que l’on assiste à une inflation des prix des tonnes à lisier. Ils ont presque doublé depuis le Covid.
« Il est donc important d’augmenter les capacités d’utilisation avec davantage de voyages pour une tonne, estime Fabrice Maitrot, animateur à la frcuma Bourgogne-Franche-Comté. Quand l’optimum d’utilisation d’une tonne à buse était de 32,20 €/voyage, les pendillards affichent 49,30 €/voyage. Il est primordial de trouver une solution. »
Celle-ci réside peut-être dans l’augmentation de la capacité de la tonne. Ainsi, les éleveurs peuvent gagner du temps sur les voyages. Même si dans le Jura, les routes sont relativement étroites, en altitude, et les parcellaires assez escarpés.
Pour essayer d’amortir les coûts en hausse, il peut être intéressant de proposer une prestation plus complète avec un tracteur et un chauffeur dédié. Mais attention, avec une plus tonne plus grosse, le besoin est plus élevé en puissance de traction. Et donc en consommation. Les 20 ch supplémentaires coûtent 2 €/h.
La question de la disponibilité des cuves est aussi à réfléchir. « Pour saturer l’outil, on estime qu’il faut 52 voyages par mètre cube de capacité », chiffre Fabrice Maitrot. Et de rappeler que des subventions via des PCAE seront prochainement disponibles. Cela permettra aux cuma d’investir dans des rampes. Le montant devrait approcher les 50 % de l’investissement.
Le sans tonne en démo
Enfin, pour avoir une fenêtre d’action plus large et offrir plus de créneaux d’utilisation, il existe l’épandage sans tonne. Il permet de pouvoir épandre sur des sols plus ou moins ressuyés. Et ainsi éviter le tassement du sol… et bien sûr rendre les effluents plus efficaces.
C’était l’objet de la deuxième partie de la journée dédiée à la démonstration de plusieurs matériels d’épandage. Le système d’épandage sans tonne, présenté ce jour-là, a pour principal avantage de pouvoir être réalisé dans n’importe quelles conditions puisque c’est léger. « C’est l’idéal pour les épandages de sortie d’hiver sur des céréales, illustre le commercial. Le travail se fait sans interruption. » Même si cela demande un peu de préparation et de travail pour le remisage.
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