Initialement, l’accompagnement GIEE est partie d’une crainte exprimée par Frédéric Cadieu, associé du Gaec Saint-Michel-des-Landes spécialisé en caprins lait et génisses. «Notre projet de séchage en grange allait bouleverser l’équilibre des activités de la cuma: arrêt du pressage, tension sur la remorque autochargeuse existante et besoin d’outils de fenaison adaptés pour un bon débit de chantier et une meilleure préservation des fourrages.»
Des systèmes fourragers modifiés
Au final, les pratiques de la plupart des membres ont évolué. Des essais ont été mis en place en partenariat avec le GDA Sud Touraine pour étudier différents mélanges multi-espèces de graminées/légumineuses. Ils n’ont pas convaincu. Cependant, les éleveurs ont retenu l’intérêt des légumineuses. Mais ils les cultivent seules.
Ainsi, pour Frédéric Cadieu, le GIEE a permis de conforter les décisions de l’exploitation de privilégier la qualité des fourrages par le séchage en grange, tout en offrant aux autres adhérents de nouvelles perspectives pour mieux valoriser leurs prairies. En outre, tous ont augmenté leurs surfaces en herbe et adopté une récolte de fourrage plus précoce dès fin mars. Soit plus de 15 jours avant les pratiques habituelles.
De nouveaux itinéraires de récolte
Les études réalisées sur les différents itinéraires de récolte avec l’appui du technicien de la chambre d’agriculture et du conseiller agroéquipement de la frcuma (coût, temps passé et qualité du fourrage) ont ouvert la voie à de nouvelles pratiques d’ensilage d’herbe: fauche sans conditionneur, andaineur à tapis avant ensileuse.
Certains réalisent un fanage pour accélérer le séchage. L’andainage permet d’économiser un tiers de temps d’ensileuse. Ce qui couvre largement le coût de l’andainage et du fanage. Le groupe de fauche est également moins coûteux sans conditionneur. L’andaineur à tapis permet de contenir le coût d’une récolte de moindre volume. Et ce, tant pour l’ensilage que la récolte à l’autochargeuse.
Les matériels acquis en cuma améliorent les débits de chantier avec principalement deux groupes de fauche (6 et 9m), des faneuses de 8 et 12m, deux andaineurs à tapis et deux remorques autochargeuses.
De meilleurs fourrages
Pour le GAEC Raguin en vaches laitières, l’accompagnement GIEE a permis de faire évoluer leurs pratiques dès 2020. Première coupe précoce fin mars avec le groupe 9m à plat (fanage dans les trois heures, andainage en soirée) et ensilage le lendemain. Soit vingt-quatre heures après la fauche.
Pour Denis Raguin, cette technique qui réduit le temps de séchage préserve l’azote assimilable. Il a constaté en 2020 une meilleure production laitière par vache. Par contre, elle demande un besoin de main-d’œuvre supplémentaire d’environ onze heures pour leur chantier de 50ha, en comparaison de la technique habituelle d’ensilage après une fauche avec conditionneuse.
Formation RH pour consolider le groupe
Ensuite, l’humain demeure au cœur de la dynamique du groupe. La formation centrée sur les ressources humaines organisée en début de projet a joué un rôle essentiel dans sa réussite. En outre, la formation « Mieux se connaître pour mieux collaborer ensemble » organisée avec la chambre d’agriculture a été suivie par 27 adhérents.
Cela a vraiment consolidé le groupe et amélioré l’expression aux réunions. Mais cela a aussi suscité de nouveaux projets d’achat/renouvellement avec des prises de décision plus rapides. Ainsi, le groupe de fauche de 6 m acheté mi 2018 va être remplacé par un groupe de 9m.
Éclosion de nouveaux projets avec l’accompagnement GIEE
Cette dynamique a généré de nouveaux projets. Un nouveau hangar a ainsi été construit avec un financement Dina et Feader (PCAE) en 2019. Cette construction est devenue indispensable face à l’évolution du parc de matériels générée par le GIEE. La création d’un emploi partagé est en réflexion.
En conclusion, le GIEE à l’échelle d’une cuma, donne les moyens d’étudier de nouvelles pratiques potentielles dans leur globalité (agronomie, alimentation, agroéquipement, organisation de chantiers, etc). Il permet aussi d’être accompagnés par des conseillers spécialisés, et de trouver des solutions collectives pour contenir les coûts.