Face aux altises, le colza n’a plus qu’à être vigoureux pour espérer lutter contre ce ravageur en automne. En effet, le phosmet, l’insecticide phare pour cette culture est interdit d’utilisation depuis novembre.
Des colzas assez robustes
Si malgré le temps sec et chaud de l’automne, le colza est relativement bien développé, il en est de même des ravageurs. « Les colzas se sont bien développé en fin d’année 2022, ils sont plutôt robustes, estime Laurine Brillault, ingénieure chez Terres Innovia et responsable du plan d’action de sortie du phosmet. Ils semblent capables de résister à la pression des insectes, poursuit-elle. Cependant, le climat était également favorable au développement des altises et ravageurs. L’avenir nous dira si les colzas ont réussi à surmonter la forte pression qui s’annonce au printemps. »
Cette situation laisse des agriculteurs de certaines régions, sans solution. C’est le cas en Bourgogne-Franche-Comté, où les colzas ont acquis une certaine résistance face à l’autre molécule d’insecticide disponible.
Se protéger des altises : 8 projets d’étude en cours
Face à ces résistances et au changement climatique qui influe sur le développement de la plante dès son implantation, la filière oléagineuse s’est emparée de la problématique. L’enjeu réside également à rendre la culture du colza toujours, voire même plus, attractive pour les agriculteurs.
En septembre 2022, un plan d’action pour une durée de trois ans a alors été mis en place. Huit projets sont à ce jour étudiés par différents organismes de recherche et de conseil en agronomie.
L’ambition de ce plan d’action est d’aboutir d’ici 2025 à un recensement et un déploiement de nouvelles techniques. Celles-ci seraient capables de rendre le colza moins vulnérable vis à vis de ses ravageurs, de l’altise notamment.
Mieux connaître les ravageurs comme les altises
Ce programme, financé à hauteur de 5,5 millions d’euros vise à mieux connaitre les ravageurs et les auxiliaires de cette culture. En surveillant et recensant toutes les attaques de ravageurs et en étudiant les récepteurs olfactifs de l’altise, les chercheurs espèrent ouvrir de nouvelles voies pour lutter.
Un autre levier, basé sur des solutions à l’échelle de la plante est étudié. « Il s’agit ici de tester les biocontrôles existants, de classer les variétés selon leur niveau de tolérance et tenter de définir des méthodes culturales défavorables aux altises, explique Laurine Brillault. La méthode du colza robuste combine de nombreux leviers agronomiques. Si elle semble être judicieuse, nous poursuivons nos essais de stratégies. »
Des solutions sur le territoire
Un autre axe vise à identifier des moyens de lutte à l’échelle d’un territoires ou d’une parcelle. « Nous allons évaluer les intérêts d’avoir des plantes pièges en interculture, illustre l’ingénieur. Les initiatives sur le terrain seront également regardées de près.»
Enfin, une partie communication sur les solutions sera déployées aux agriculteurs. Un changement d’échelle sera surement nécessaire afin de tester “grandeur nature” les résultats des études. La filière espère pouvoir s’appuyer sur les comités régionaux en place pour former les producteurs de colza.
Évaluer des protocoles
Ces comités régionaux, mis en place au début du programme rassemblent les acteurs de la filière et ont pour missions de faire remonter les données du terrain. « L’objectif est d’acquérir des références et d’être un lieu d’échange, précise Laurine Brillault. Cela passe par des essais de protocoles afin de réduire l’infestation larvaire et d’augmenter la robustesse du colza.»
Tout cela va demander du temps. En attendant, des producteurs de colza ont obtenu, dans certaines zones, une dérogation afin de pouvoir utiliser le cyantraniliprole. Autrefois interdite pour le colza, la matière active a été utilisée à grande échelle cette année. Pour le moment, il est encore difficile d’obtenir le résultat de cette utilisation.
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