La décarbonation de l’économie devient un thème central du débat public. Des agriculteurs et de multiples autres acteurs qui gravitent autour du monde agricole s’emparent à la hâte de ce nouveau sujet. C’est le cas de la société de Soil Capital. Elle a lancé son premier programme de rémunération carbone en septembre 2020 avec 150 agriculteurs.
Polluer coûte cher
Pour compenser les rejets de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, Soil Carbone promeut le développement d’une agriculture régénérative. Son ambition? Mettre fin à la dégradation des sols «par la minimisation, voire l’absence de travail des sols, combiné à la mise en place de couverts végétaux entre les cultures de rente.»
Par ce biais, il est possible de séquestrer du carbone dans les sols. La démarche présentée par Soil Carbone se rapproche de celle développée dans le cadre du Label Bas Carbone reconnu en France par le ministère de la Transition écologique.
L’introduction de couverts végétaux, la diminution du travail du sol et l’apport de fertilisation organique, font partie des leviers d’action mis en avant. Leur vertu est augmenter le taux de matière organique dans le sol. Et, par ricochet, de réduire les émissions de CO2 indésirable. Chuck de Liedekerke, l’un des dirigeants Soil Capital, l’assure: «S’engager dans cette voie représente une opportunité plus importante que la seule vente des crédits carbone. C’est aussi l’occasion de réaliser des économies de charges (…), polluer coûte cher!»
980€/an d’adhésion au programme de rémunération carbone
La société propose aux agriculteurs un contrat sur 5ans. Contre une adhésion annuelle de 980€, comprenant un diagnostic de référence en année 0 et le suivi des bilans GES annuels (calcul de la balance carbone de l’exploitation), Soil Capital s’engage à rémunérer au prix minimum de 27,50€ la tonne équivalent CO2 évitée ou stockée chaque année. Compte-tenu du coût de l’adhésion, les exploitations céréalières de taille importante sont plus enclines à s’intéresser à cette offre.
Les perspectives de retour financier sont variables d’une exploitation à l’autre. Dans les cas concrets présentés par la société, figure celui d’une exploitation de 200ha engagée dans la réduction de son empreinte carbone. Celle-ci peut espérer des gains de 2.600 à 4.600€ selon le type de transition mis en œuvre.
Soil Capital souhaite signer des contrats d’engagement avec 1.000 agriculteurs, avant février 2022. Certains observateurs invitent les agriculteurs à rester prudent avant de s’investir précipitamment dans ce nouveau champ d’activité. Le risque serait d’être dépossédé dans les prochaines années d’un juste retour de la valeur ajoutée en proportion des services rendus à la société au titre de la séquestration de carbone. Pour d’autres, il serait dommage de trop attendre à vendre ses premiers crédits carbone… Plus que jamais, il convient d’être perspicace.
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