Trouver le bon profil d’un responsable de cuma n’est pas toujours évident. La liste des qualités désormais nécessaires pour devenir président ou responsable de cuma donne le tournis. Quel groupe d’agriculteurs peut se targuer d’inclure un leader charismatique, clairvoyant et bienveillant, un animateur hors pair, un psychologue aguerri, des experts capables de veiller au grain, d’anticiper les activités porteuses, de comprendre les arcanes des systèmes de subventions, calmer des conflits en interne et représenter dignement la cuma à l’extérieur pour tisser des relations fructueuses avec de nombreux partenaires ?
Sans compter la diplomatie nécessaire à la récupération des impayés, la maîtrise naturelle de tous les outils informatiques destinés à fournir comptabilité analytique, l’approfondissement de ses connaissances en droit social et en management pour la gestion des salariés, le tout en maîtrisant les grillades et la playlist… pour la commission « convivialité ».
Au-delà du temps disponible, même en groupe, la barre peut sembler haute à n’importe quel agriculteur s’interrogeant sur sa capacité à reprendre des responsabilités dans une cuma. On oublie souvent que les fondateurs et leurs successeurs n’ont pas porté d’emblée ce gros « paquet » de responsabilités. Ils ont en général commencé « petit », avec un projet motivé par un besoin immédiat. Et leurs qualités se sont révélées -ou développées- au fur et à mesure. Sans compter qu’ils ont su s’entourer au fil du temps !
Profil d’un responsable de cuma aux allures de super-héros
C’est aussi valable dans les films de super-héros : au début de l’histoire, le type est presque normal. Et puis, au fur et à mesure de ses aventures, il se révèle, combat quelques méchants, rencontre ses semblables… et on s’aperçoit que les super-héros se constituent aujourd’hui en écuries.
Après Batman, Hulk et IronMan, il faut désormais compter avec les 4 fantastiques, les X-Men et les Avengers. Retour sur les fondamentaux de ces constellations de stars en carton-pâte. Et qui permettent, mine de rien, de réfléchir à comment faire « tourner » un groupe de responsables.
Offensifs : un ennemi commun ?
Ils sont souvent très différents, grâce à leur parcours ou leur pouvoir. Mais les super-héros ont toujours un ennemi en commun. L’ennemi numéro 1 des cuma, c’est bien sûr les charges de mécanisation. Mais face à la complexité du monde, ce n’est plus le seul. Il y a désormais l’isolement, le sentiment d’impuissance, l’hostilité parfois.
Au-delà de la plaisanterie, quels sont vos ennemis communs ? Il peut s’agir d’une manière fructueuse de vous interroger en groupe, pour ensuite, en toute logique, définir ce qui vous motive, ce qui vous rassemble et ce qui va permettre d’impulser des projets.
Efficaces : soignez votre arsenal
Les super-héros, pour exprimer tout leur potentiel, ont souvent commencé par vaincre les difficultés matérielles : ils s’appuient sur Nestor, Alfred ou une maman-cyborg qui veille au grain, fait office de fournisseur, et s’occupe de les soigner dans un cocon bien douillet : le Quartier général.
Le QG : la « maison de la cuma »
Le Quartier général, qui peut être figuré par le hangar de la cuma ou tout autre lieu où se réunissent habituellement les responsables, est essentiel à la qualité du travail des responsables de la cuma. Ceux qui ont sauté le pas du hangar (en propre ou en location) le formulent simplement : « le hangar, c’est la maison de la cuma, et c’est un lieu de vie. »
Mais c’est aussi là où les responsables stockent leurs archives et toutes les informations relatives au fonctionnement de la cuma.
Les archives : des outils numériques en discussion
Question archivage et recherche d’information, là aussi, on s’aperçoit que les créatures de Marvel (par exemple) s’appuient sur des spécialistes des nouvelles technologies toujours à la pointe. C’est-à-dire que chaque question amène une réponse rapide, car l’archivage est ultra-efficace et accessible où que l’on se trouve.
De la science-fiction ? Pas tant que cela : les fédérations de cuma de proximité développent actuellement, à la demande des responsables, des prestations de configuration de l’archivage et de mise en place d’outils numériques (adresse mail spécifique à la cuma, drive, sauvegardes voire espace de stockage cloud).
L’objectif est triple :
- Pouvoir répondre rapidement à toute demande ;
- Faciliter les prises de décision des responsables en s’appuyant sur des données accessibles ;
- Transmettre facilement ces informations aux successeurs.
La communication, qualité première dans le profil de responsable de cuma
Synchronisation des montres ? Plus la peine. Pour communiquer entre eux, les responsables de cuma ont énormément évolué en deux ans : WhatsApp se taille désormais la part du lion pour créer des groupes de discussions ouverts et thématiques.
Les conversations téléphoniques et les réunions ne prennent désormais le relais que lorsqu’elles sont nécessaires. Là encore, on le constate : l’efficacité est de mise.
Les débats
Plutôt que de régler les questions « à la régulière », les super-héros ont appris à confronter leurs points de vue. En général, ces échanges restent ultra-rapides et musclés (ils alourdiraient sinon le scénario). Dans la réalité, prendre des décisions à plusieurs prend du temps. Pour rationaliser ce temps, sans oublier quoi que ce soit, les spécialistes ont des techniques de réunions participatives.
Intéressants : rester aux aguets sur l’actu
Sans veille, sans informateurs, sans éléments perturbateurs, la vie des super-héros serait un long fleuve tranquille. De ce côté-là, le parallèle avec les agriculteurs est facile à poser : les sujets de bataille ne manquent pas. Il n’y a qu’à parcourir les sujets des assemblées générales des fédérations de cuma pour le constater : les préoccupations des agriculteurs changent à vitesse grand V. Le chemin parcouru en 10 ans est impressionnant : peu d’équipes d’animation auraient parlé de neutralité carbone ou de pulvérisation de jus de choucroute en 2012.
Ce sont des sujets aujourd’hui abordés dans les Assemblées générales et les responsables de cuma ne se contentent pas de recevoir passivement ces informations. Ce sont certaines de leurs initiatives qui encouragent les équipes d’animation à y aller.
Profil d’un responsable de cuma : repérer et stimuler les talents pour l’avenir
Mais pour rester un groupe « intéressant », la veille peut aussi s’effectuer vers l’intérieur. Comment faire émerger les idées, repérer les compétences, former les responsables de cuma de demain ? Les techniques d’émergence des idées classiques sont désormais connues par les responsables : basées sur des post-it ou des posters, il s’agit, individuellement ou en petit groupe, de présenter, mettre en commun et confronter ses idées. Pour impliquer sans effrayer les nouvelles recrues, les responsables peuvent recourir aux techniques de micro-responsabilisation :
- la mission « flash » : « on fait juste appel à toi pour… »
- l’expertise : « on aurait besoin de ton avis pour… »
- la mise en relation : « toi qui connais bien Untel… »
Dans tous les cas, il est important de circonscrire la mission très précisément pour « rassurer » votre interlocuteur : vous ne lui demandez pas de s’engager pour 5 ans, mais sur un périmètre très précis. Qu’attendez-vous de ce travail ? Pour quand ? Que se passera-t-il ensuite ?
Mais les talents ne sont pas forcément toujours là où on les attend. Qui aurait parié sur Peter Parker avant qu’il devienne Spider-Man ? Et pourtant. Benoît est peut-être votre futur superhéros. Vous ne le trouvez pas particulièrement brillant, mais vous constatez qu’il exprime ce que beaucoup n’osent pas dire au sein du groupe. D’autres qualités, pas toujours valorisées, s’avèrent pourtant intéressantes dans un collectif :
- Représenter ceux qui s’expriment peu ;
- Modérer un débat ;
- Souligner les risques d’un projet ;
- La capacité à apporter un point de vue non agricole ;
- La maîtrise de nouveaux outils (agricole ou pas)…
Solidarité et convivialité dans les cuma : un élément clé
Lors de la recherche d’un profil de responsable de cuma recherché, la convivialité est un élément important. En anglais, une expression populaire le résume bien : « Work hard, play hard« . En bref, qui travaille bien, s’amuse bien ! Ce principe vit bien dans les cuma : nombreux sont les responsables qui organisent spontanément un repas en fin de campagne ou à Noël, avec les conjoints et les enfants. La convivialité peut aussi s’étendre à d’autres occasions, de la plus modeste à la plus unique, entre responsables, avec tout le groupe ou même en s’ouvrant complètement au grand public.
La convivialité tous azimuts, cela peut être :
- Le café-chouquettes du lundi matin : rapide, mais il fait du bien !
- Les réunions-projets, de fixation des prix : autant célébrer le travail accompli (avec modération quand même) ;
- La tournée des impayés avec un peu de brioche et de café, ça passe mieux ;
- Participer aux évènements locaux et municipaux, comme la fête de l’agriculture ou le passage du Père Noël, avec les matériels et produits locaux ;
- Célébrer l’arrivée de nouveaux adhérents en organisant une journée portes ouvertes (en invitant la presse locale) ;
- Et bien sûr, célébrer comme il se doit, les évènements importants comme la création de nouvelles activités, les fusions de cuma, les changements de présidents…
Certaines cuma ont même poussé le principe jusqu’à instaurer une commission « convivialité », pour anticiper et organiser les événements.
Au-delà des bons moments vécus ensemble, le renforcement des liens au quotidien permet de désamorcer des situations qui sans cela seraient devenues conflictuelles, de favoriser l’émergence de projets, de développer le réseau professionnel, d’adoucir certains rapports, de trouver des compromis plus facilement, tout simplement parce que les adhérents se connaissent mieux. Sans compter l’effet positif sur le renouvellement (adhérents et responsables compris). Un petit investissement qui rapporte gros !
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