Avec un potentiel agronomique limité, difficile de se diversifier. Dans le Pays d’Ouche, il n’y a pas pléthore d’alternatives aux cultures classiques et au lin. Pourtant, une poignée d’agriculteurs du secteur de la Barre-en-Ouche décide de se lancer dans la production cidricole au début des années 90. Rapidement, ils créent la cuma de la Pommeraye pour gérer le parc matériel spécifique et leur production n’a cessé de croître. «La cuma ne devait pas être un frein au développement des exploitations», rappelle François Descamps, actuel trésorier de la coopérative qui s’est donc continuellement adaptée à l’évolution des structures.
Aujourd’hui, le groupe d’une douzaine d’exploitations entretient près de 300 ha de vergers. Trois automotrices sont mobilisées pour le ramassage des pommes. «En coût de récolte, nous sommes proches des autres groupes… mais avec la main-d’œuvre en plus.» Car la cuma embauche deux salariés à temps plein. Ils interviennent pour la taille des vergers et l’entretien des machines. Celles-ci sont démontées entièrement, nettoyées et entretenues en fin de saison pour être opérationnelles dès le démarrage de la suivante.
La qualité du service grâce aux salariés
A la récolte, les salariés permanents de la cuma assurent la conduite avec le renfort de quatre saisonniers. «La main-d’œuvre salariée est indispensable au bon fonctionnement de la cuma», souligne François. «Sans cela, nous n’aurions pas la qualité de service et la sécurité du travail réalisé dans de bonnes conditions. C’est un réel confort, moi-même, je ne sais pas comment la machine marche.»
En 2000, la cuma a saisi l’opportunité d’acheter un bâtiment pour remiser et entretenir son parc matériel. Cette décision a permis de consolider l’activité, de mieux suivre l’entretien du matériel. Mais aussi d’améliorer les conditions de travail de l’équipe. Le développement de la cuma implique de plus en plus de rigueur administrative et le suivi des chantiers et des salariés n’est pas une chose facile. Pour ce faire, le groupe fait appel à une secrétaire, à raison d’une journée par semaine. «C’est chronophage, il faut de la rigueur, réunir régulièrement les adhérents, avoir un suivi des comptes rendus, mais cela vaut cet investissement», analyse le trésorier. «Il y a une réelle cohésion au sein du groupe, cela nous permet d’aller de l’avant, d’échanger et de monter en compétences et en technicité. Nous ne reviendrons en arrière pour rien au monde.»
Covid-19 et commercialisation
En raison du beau temps et des températures clémentes du début d’année, la récolte 2020 va certainement produire de gros volumes. Le marché de la pomme dépend beaucoup de l’exportation. Et la crise liée au coronavirus va certainement avoir un impact sur la commercialisation. Là où certaines filières comme le lin ont déjà donné leurs consignes pour les années à venir, les industriels concernés par la production cidricole restent mutiques sur l’avenir. L’inquiétude monte au sein des producteurs.
Article extrait du numéro spécial Entraid’ Seine-Normande – Juillet 2020.