Le gouvernement français a qualifié d' »historique » le jugement d’un tribunal américain qui selon le ministère de la Transition écologique confirme la décision « pionnière » d’Emmanuel Macron d’interdire le glyphosate en 2021.
Bête noire des agriculteurs et des militants écologiques, le glyphosate est le produit chimique contenu dans Roundup, un herbicide à l’origine du cancer du jardinier américain Dewayne Johnson. C’est à lui que la compagnie doit payer près de 290 millions de dollars de dommages à la suite du jugement rendu en première instance.
« Nous avons pris une première décision en France (de bannir le glyphosate) mais ce ne doit être que le début d’une guerre que nous devons mener tous ensemble pour réduire massivement les molécules les plus dangereuses », a affirmé le ministre Nicolas Hulot à BFMTV.
« J’aimerais bien que nos voisins européens, sans oublier nos amis outre-atlantiques, prennent des décisions aussi rapides et déterminées que nous le faisons en France », a-t-il également dit.
La secrétaire d’Etat auprès du ministre, Brune Poirson, a également rappelé que la France était « chef de file dans la mobilisation en Europe contre le glyphosate mais aussi contre les insecticides tueurs d’abeilles ».
« Ce jugement, c’est une nouvelle fois la preuve que les pesticides sont dangereux pour la santé, des utilisateurs en premier lieu –et donc des paysans et des paysannes–, et puis par ricochet aussi de ceux qui consomment les produits », a indiqué à l’AFP le porte-parole de la Confédération paysanne, Laurent Pinatel.
Le bannir nécessitera selon lui « des moyens techniques avec la recherche (…) car les pesticides, c’est un outil de compétitivité dans la guerre économique ».
Le gouvernement avait promis une interdiction du glyphosate « dans ses principaux usages » d’ici 2021, et « pour tous les usages » d’ici cinq ans.
Qualifiant également la décision d' »historique », Europe-Écologie-Les Verts a appelé le gouvernement à « cesser de tergiverser sur le glyphosate et les pesticides (…) pour les intérêts de quelques-uns » et à « aider les agriculteurs à se passer de ces produits dangereux ».
M. Hulot a lui pointé du doigt les groupes de pression « qui ont pignon sur rue » et tiennent « parfois même la plume des amendements ».
« Sûr et non cancérogène », selon Bayer
Plusieurs associations françaises de défense de l’environnement ont également salué la condamnation du groupe américain, propriété de l’allemand Bayer.
« La justice agit là ou le gouvernement n’est pas présent, il faut que les citoyens continuent de se mobiliser pour que le glyphosate soit enfin interdit en France et en Europe », a indiqué à l’AFP Suzanne Dalle, de Greenpeace France.
L’association « Générations Futures » a également salué cette « décision historique qui reconnaît le caractère cancérogène de ces produits à base de glyphosate ».
Quant à Benjamin Sourice, président de Combat Monsanto, il juge que cette condamnation montre en plus que « Monsanto avait les informations sur la dangerosité du produit et qu’ils ont tout fait pour masquer cette dangerosité ».
« L’ensemble des lobbies des pesticides trompent les autorités publiques, qui se laissent d’une certaine façon volontairement avoir », a-t-il ajouté.
Enfin, l’agriculteur Paul François, figure en France du combat contre Monsanto, dit avoir ressenti « beaucoup de joie » pour tous ceux qui se battent. « J’ai pensé à eux en me disant que cette décision allait les aider et leur donner beaucoup d’espoir », a déclaré à l’AFP le président de l’association Phyto-victimes et auteur du livre « Un paysan contre Monsanto ».
Bayer a affirmé samedi que le glyphosate était « sûr et non cancérogène ». Des milliers de procédures contre Monsanto sont en cours aux Etats-Unis, à des degrés divers d’avancement.
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