Ventes de matériel agricole : la distribution dans le rouge, l’atelier va bien

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Ventes de matériel agricole : la distribution dans le rouge, l’atelier va bien

Selon le Sedima, la baisse des commandes devrait se poursuivre au premier semestre 2025. (Crédit : Adobe Stock)

Les entreprises de distribution de matériel agricole souffrent toujours, surtout pour les ventes dans les secteurs de grandes cultures. Le Sedima alerte sur le secteur de la vitiviniculture.

C’est confirmé, la distribution de matériel agricole va mal, notamment dans les secteurs de grande culture. Elle tire toute la distribution dans le rouge. C’est encore pire pour la vitiviniculture. État des lieux des ventes de matériel agricole en France en 2025 avec le Sedima.

Ventes de matériel agricole : la baisse va continuer en 2025

Dans son enquête d’automne 2024, le syndicat représentatif Sedima fait écho de baisses de commandes estimées de l’ordre de -10 à -11 % en moyenne comparé au second semestre 2023. Le neuf comme l’occasion sont concernés dans pratiquement les mêmes proportions. Et ça continuera en 2025. « On attend une baisse de commandes encore pour les prochains mois, détaille Sylvie Domenech, secrétaire générale adjointe. Environ 60 % des adhérents attendent un recul, que ce soit dans le neuf ou l’occasion. Ainsi, les ventes de matériel agricole devrait rester autour des -10 % au premier semestre 2025 par rapport au premier semestre 2024 ».

« Le contexte politique français n’aide pas l’économie des filières, commente Alexandre Mortier, Président du Sedima. Il y a un manque de visibilité ».

Pour le Sedima, il ajoute encore aux mauvaises récoltes, à l’avancée de l’accord Mercosur.

Tracteurs et automoteurs en perte de vitesse

Au total, 78 % des adhérents au Sedima qui ont répondu à l’enquête. 27 % d’entre eux, soit environ 150 entreprises agricoles, déclarent une baisse de commande pour les tracteurs et les automoteurs sur ce second semestre 2024, par rapport au second de 2023. 67 % d’entre eux déclarent une baisse pour les outils et 58 % pour les équipements d’élevage. Les secteurs de polyculture élevage se portant mieux, « soutenus par des cours corrects ». Plus précisément en région, « le nord va mieux pour les cultures, porté par des filières pomme de terre et lin, par exemple, en pleines formes ».

L’une de ces leçons est donc que la polyculture élevage souffre moins, mais souffre quand même. Les prises de commande y sont de -8 % sur le neuf et -7 % sur l’occasion par rapport au second semestre 2023. Si le prix des viandes reste soutenu, « les difficultés sanitaires liées à la FCO et MHE n’aident pas ».

L’occasion coûte doublement cher sur les ventes de matériel agricole

Une sorte d’effet ciseau pour la distribution. Non seulement les transactions sont au point mort pour l’occasion, mais en plus, la distribution a effectué de nombreuses reprises ces derniers mois à des prix très élevés.

Le poids financier de ces immobilisations est énorme. 40 % des adhérents rencontrent des difficultés pour financer leur stock. « Il faut retrouver des stocks normaux pour revenir à une gestion saine », commente Anne Fradier, conseillère du Président.

Pour le neuf, la distribution a eu tendance à plus travailler les ventes pour regagner un peu de trésorerie. Mais l’occasion en pâtit.

Enfin, les distributeurs sont aussi pris en tenaille économiquement entre leurs clients qui allongent les délais de paiement, « car souvent la prime a du retard, et les fournisseurs mettent toujours de la pression » sur le business.

La distribution vitivinicole dans la tourmente

La situation très baissière au global n’affecte pour le moment pas les trésoreries et l’emploi. Mais le Sedima admet que la situation se tend. Si globalement les conséquences en termes de services à l’agriculteur ne se font pas encore sentir, il n’en est pas de même pour la viticulture.

Les prises de commande y sont en recul de -21 % pour le neuf et -18 % pour l’occasion. « Les entreprises se posent de sérieuses questions quant à leur modèle économique, partage Alexandre Mortier. Il y a quand même 27 500 ha de vignes arrachées jusqu’en juin 2025. C’est quasi l’équivalent du vignoble de Bourgogne en surface. C’est énorme.

Plus de 8 500 viticulteurs déclarent cesser leur activité. Cette crise structurelle affecte la distribution, qui se pose des questions profondes sur son modèle économique. Par quoi les vignes seront remplacées ? Dans l’immédiat, il va manquer de clients dans les concessions qui ne savent pas si elles devront s’orienter aussi sur l’arbo ou bien d’autres filières ».

L’atelier en forme

C’est la logique même, pourrait-on dire, de la situation de panne dans les commandes. L’atelier en profite. Les chiffres d’affaires sur les prestations au second semestre sont positifs entre +2 et +3 %. Mais le Sedima note tout de même un petit ralentissement de l’activité. « Une stabilité globale du CA pièces et des prestations est anticipée par les distributeurs pour le 1ᵉʳ semestre 2025 par rapport au même 2023.

Et lueur d’espoir, le métier séduit. En outre, 72 % des distributeurs de matériel agricole ont poursuivi leurs recrutements. 40 % sont des contrats en alternance. Le nombre de jeunes en formation progresse de 7 %. L’apprentissage progresse de 11 %. L’avenir est aux jeunes !

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