«Des fois qu’on aurait l’idée de me proposer le poste…» La cautèle pousse nombre d’adhérents à préférer meilleure occupation le jour où leur cuma mobilise son assemblée générale pour l’élection d’un nouveau leader. La réunion en comité trop restreint de la cuma de Piacé n’a donc pas été une exception. Il faut dire aussi que «notre fonctionnement historique ne donnait pas envie de se lancer. Pour une seule personne, c’était trop lourd. Cela n’aurait pas été gérable. Nous n’avions clairement pas le temps», analysent Valentin Boucher et Mathieu Geslin. Le premier a 28 ans. Il est le nouveau président de la cuma. Le second, 30 ans, en est le trésorier.
Président de cuma : l’engagement naît dans les satisfactions
Un état des lieux a été la porte d’entrée de cette réflexion. La cuma dispose de nombreux atouts : un bon parc matériel, une zone géographique réduite, une situation financière saine… mais très vite, les responsables identifient un constat assez clair : il y a peu d’espoir de trouver les futurs dirigeants au sein du Conseil d’administration historique.
Les yeux se tournent alors vers le fichier adhérents et quelques jeunes qui se voient conviés à une deuxième réunion. Cette dernière aboutit à une troisième réunion qui constituera un nouveau CA et un nouveau Bureau. Progressivement, au fil de ces réunions, la cuma a cheminé naturellement vers sa nouvelle organisation, avant d’élire sa nouvelle équipe.
Aujourd’hui, l’âge moyen du Conseil d’administration de la cuma de Piacé avoisine 40 ans. Surtout, la cuma est portée par un collectif. Elle n’est plus l’affaire que d’une seule personne. Adhérent, administrateur ou membre du bureau, chaque strate de l’organisation a sa place dans le collectif. Attention, chacun a son rôle et doit l’assurer. Ce n’est pas juste un titre. L’entretien, le planning et l’élaboration des projets de renouvellement (devis) sont du ressort des adhérents.
En 3 ou 4 réunions annuelles, le CA valide les décisions et les orientations du groupe. Enfin, les cinq membres du bureau se réunissent sept fois par an. Au quotidien, ils communiquent facilement et rapidement, grâce à WhatsApp.
Un souci d’éviter les non-dits
Outre son fonctionnement plus collégial, la cuma a mis à jour son fichier parts sociales. Elle impose à ses adhérents un engagement d’activité minimal. « C’est un acte politique fort. L’objectif est d’avoir des vrais adhérents», et non des gens qui seraient « potentiellement intéressés un jour ». «Nous sommes sans doute plus stricts que dans le passé, sur le suivi des matériels, les impayés…».
Les responsables fixent un cap pour leur collectif : « Nous voulons que notre groupe reste solide et solidaire, qu’il intéresse ses adhérents, avec une bonne politique d’investissement et de renouvellement des outils.» Et ils n’oublient pas de saluer le travail de ceux qui les ont précédés. « Sans eux, nous n’aurions pas la chance d’avoir cette cuma aujourd’hui.»
Pour faire émerger un fonctionnement adapté
L’Union est très sollicitée sur la thématique de l’organisation et du renouvellement des responsables. Les techniciens apportent de la méthodologie, du cadre et des expériences d’autres groupes. La phase d’animation est essentielle : clarifier l’ordre du jour, permettre les échanges et favoriser la dynamique collective, effectuer une synthèse… avec bien évidemment un compte rendu. Cette démarche est compatible avec le Dinacuma. Sur l’exemple d’un accompagnement sur 3 jours, il ne reste à la charge de la cuma que 225€ grâce à ce soutien.
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