Le sur-semis est une solution pour rénover des prairies dégradées. Il consiste à réimplanter des semences pour en améliorer la productivité, sans prendre le risque de pratiquer un travail du sol qui occasionnerait une indisponibilité de la prairie et des phénomènes d’érosion. C’est la solution qu’ont choisi 7 adhérents de la cuma de Brasc (Aveyron) en investissant dans un semoir à disques Vredo, spécialement conçu pour le sur-semis. « Depuis plusieurs années, nous avons constaté des périodes de sècheresse plus fréquentes et les prairies permanentes se dégradaient, explique Vincent Dasilva, adhérent de la cuma. Dans ces parcelles, le labour est une opération à proscrire, car la pente est importante. S’il y a un orage alors que la parcelle est nue, on risque fort de retrouver toute la terre dans le fossé en contrebas. »
Choisir la bonne période
On peut parler de prairie dégradée lorsque sur une surface d’un mètre carré, l’équivalent de deux mains, soit 30%, n’est pas recouverte de végétation. A partir de ce constat, la décision d’effectuer un sur-semis peut être prise. Définir une période d’intervention dépend souvent des régions et du climat rencontré. De toute façon, quelle que soit la date, il faut veiller à intervenir sur une végétation ne dépassant pas les 5 cm de hauteur. « Avec notre expérience, nous avons constaté que le sur-semis était plus facilement réussi s’il était réalisé vers la fin de l’été ou le tout début de l’automne », souligne Vincent Dasilva. En effet, à cette période, la terre est bien réchauffée et les conditions humides sont de retour. Une des clés de la réussite est aussi un sol bien rappuyé derrière le semis pour favoriser le contact sol/graine afin que cette dernière puisse profiter de l’humidité présente. « Sur les hauteurs de l’Aubac, les conditions sont différentes explique Robert Dardé, de la cuma Vallée Lot Aubrac (Aveyron). Le sur-semis au début de l’automne est très risqué, car à cette époque les températures chutent rapidement et nous risquons des gelées. »
Pour cette raison, l’intervention se déroule plutôt au début du printemps entre le 15 avril et le début mai juste après les dernières gelées. « A cette période, la croissance de la végétation en place n’est pas encore trop importante, ce qui laisse aux jeunes plantules le temps de se développer sans subir trop de concurrence. » Pour optimiser un bon démarrage, certains éleveurs font pâturer les troupeaux après le sur-semis afin de garder un sol ouvert plus favorable à la germination. Le pâturage doit être interrompu dès les premières levées, car les plantules ne sont pas suffisamment ancrés dans le sol et seront arrachées. Plus les espèces semées auront une installation lente, (dactyle, fétuque…) plus il faudra maintenir une végétation ouverte pour favoriser leur implantation.
Une préparation nécessaire
En cas de présence de mauvaises herbes et notamment de vivaces, un désherbage sélectif est souvent nécessaire. Un passage de herse permet d’ouvrir des espaces libres sans endommager la végétation en place et de créer de la terre fine favorable au semis. Il est aussi utile si le feutrage racinaire est trop important en surface et permet de favoriser un réchauffement plus rapide des sols lors des interventions précoce de printemps. Dans tous les cas, il est recommandé de ne pas amener d’azote car les espèces en place en profiteraient pour se développer et étouffer les plantules. Dans certains départements, il est aussi parfois nécessaire d’effectuer un passage de rouleau avant le semis. « Nous avons certaines prairies infestées de rats taupiers. La parcelle est tellement soufflée que le semoir à disques peut dans certains cas pousser la terre devant lui comme une lame niveleuse », souligne Robert Dardé.
Privilégier des espèces agressives
Avec la technique du sur-semis, il est important de privilégier des espèces et des variétés agressives. Le ray-grass italien et le trèfle blanc en mélange conviennent très bien pour regarnir une prairie pâturée. Il est cependant recommandé d’éviter d’implanter des légumineuses après le mois d’août, car elles ne seront pas assez développées pour supporter les premières gelées. Le trèfle blanc devra avoir 3 feuilles vraies et les graminées nécessiteront d’avoir atteint le stade 4-5 feuilles pour supporter le début de l’hiver. Avec la technique du sur-semis, la dose à employer est la même que pour un semis réalisé avec travail du sol. « Ce n’est pas sur ce poste qu’il faut réaliser des économies, prévient Robert Dardé, il y a beaucoup de graines qui se retrouvent sur la végétation déjà en place et qui ne lèvent pas. » Avec des sur-semis de mélange contenant de petites graines comme le trèfle, il est conseillé de ne pas semer à plus de 1 cm de profondeur. Dans tous les cas, « un sur-semis ne s’improvise pas. La technique est déjà aléatoire et travailler dans l’urgence ne peut amener que de mauvais résultats » conclut Robert Dardé.