Hélène Hertgen (directrice Frcuma Grand Est) : Que pensez-vous du parcours de votre Hubert qui a décroché 3 césars avec son film?
Sylvaine explique: «C’est de ma faute s’il a fait ce film car, quand Hubert avait 7 ans en pleine période de vache folle, nous ne savions pas ce qu’était cette maladie, comment elle se transmettait.» Sylvaine avait dit à cette époque: «Si cela arrive chez nous, je me suicide…» Cette phrase a marqué cet enfant qui en grandissant a voulu montrer à travers ce film émouvant le drame des agriculteurs confrontés à une crise sanitaire et à la crise agricole.
HH : Comment votre fils est-il devenu réalisateur?
Cette femme, qui comme beaucoup, a cumulé toute sa vie deux métiers, celui d’agricultrice et de maman, a régulièrement emmené Hubert au cinéma. «On s’embêtait les dimanches quand son papa allait à la chasse alors on allait au cinéma une fois par semaine, c’était notre seule sortie.» C’est ainsi qu’Hubert a découvert le 7e art et a réalisé son premier film qui fut en partie tourné dans la ferme familiale, à Droyes, en Haute-Marne.
HH : Quelle fut la place de la cuma dans votre vie?
Jean-Paul Charuel était président de la cuma de l’Avenir. Cette cuma a fortement évolué et elle a même réalisé récemment un DiNA (Nouveau Dispositif d’Accompagnement des cuma). Hubert a réalisé un film poignant de réalisme, car il a filmé et suivi ses parents pendant un an. De ce fait, il a assisté à une assemblée générale de la cuma, car sa maman lui a dit: «Viens, tu verras ce que c’est qu’une cuma!»
Sylvaine est passionnée par les vaches laitières et la priorité sur leur exploitation était le troupeau: «Au niveau des charges, on me reprochait d’avoir des frais vétérinaires plus élevés que la moyenne, mais nous n’avions pas de charges de mécanisation.» Elle ajoute: «Nous préférions mettre notre argent dans les vaches plutôt que dans le matériel.»
Sylvaine était fière de son troupeau, «nous sommes partis de rien avec un veau offert à notre mariage», et d’ajouter «nous sommes arrivés 2e meilleur troupeau de la Haute-Marne une année».
La cessation de toute activité professionnelle apparaît souvent comme soudaine et déroutante. Pourtant, chaque année, plus de 750.000 personnes en France vivent la même situation et voient leur vie changer du tout au tout. Il faut savoir que prendre sa retraite n’est pas une fatalité et que ce passage offre au contraire de nouvelles opportunités.
C’est souvent la porte ouverte à un nouveau mode de vie et surtout, à de bons moments. Voyages, sorties, vie associative, sport ou encore temps avec les petits-enfants, les perspectives offertes par la retraite sont nombreuses. C’est l’occasion de se consacrer à son bien-être et à celui de ses proches.
HH : Comment avez-vous gérer la transmission de votre exploitation?
Jean-Paul Charuel a passé la main lors de son départ en retraite et l’exploitation s’est fusionnée dans un gaec pour que Sylvaine arrive également à sa retraite. Le changement de vie s’est fait en douceur car Sylvaine a trait les vaches pendant trois ans ailleurs.
De plus, pour éviter une coupure trop brusque, il faut garder quelques gestes rituels qui ont été pratiqués pendant des années, tous les jours, de manière presque automatique. C’est ainsi que Sylvaine a gardé une vache de «compagnie» pour la soigner. Ils ont également des chevaux.
Le succès d’une retraite bien gérée passe par les projets. Il faut en effet avoir des projets ou de nouvelles activités. Sylvaine et Jean-Paul se sont lancés dans la création d’un gite avec des travaux à réaliser pour aménager les locaux. Sylvaine s’est mise au piano et c’est une grande satisfaction pour elle de jouer car elle part de zéro et bien sûr, ils vont au cinéma! «Déjà jeune, j’aimais le cinéma et depuis que nous sommes en retraite, nous y allons de nouveau beaucoup mon mari et moi», confie Sylvaine.
A (re)voir, retrouvez ci-dessous la bande annonce du film « Petit Paysan » :