Sans gros investissement, les opérateurs des Contrôle pulvé identifient un beau gisement d’économies. Ce qui implique de passer d’une culture de la sécurité à une culture de l’efficacité maximale. Au quotidien, ces « inspecteurs pulvé » pointent deux grands axes de travail : l’entretien et la prise en compte des conditions d’application.
Entretien
Dans un premier temps, pas question de baisser la dose épandue sans réflexion préalable. Il faut déjà s’assurer que l’on tire le meilleur de son pulvérisateur pour qu’un maximum de bouillie atteigne sa cible. Comment ?
- D’abord, vérifer, entretenir et recalibrer au moins une fois par an les systèmes de réglages, régulateurs de pression et les pompes.
- Recalibrer son DPAE en fonction de la nature du capteur (débit-mètre ou capteur de pression) « et ne pas oublier les roues car la taille des roues change avec l’usure », détaille Marc-Antoine Beauvineau, inspecteur pulvérisation au sein de la fdcuma de Gironde.
- Les buses : les choisir adaptées (de nouveaux types de buses apparaissent pour former des gouttes moins sensibles à la dérive, par exemple), de qualité (celles en céramique s’usent moins vite), les faire fonctionner à leur débit nominal et bien surveiller les bouchages. « L’idéal ? un coup de brosse à dent régulier pour enlever les résidus sans les endommager », préconise Julien Pichon, technicien chez Ecoréglages. Au champ, il est aussi utile en cas de bouchage inopiné d’avoir quelques buses sous la main. Plus facile ensuite de laver la buse fautive à la ferme.
- Marc-Antoine Beauvineau conseille « au moins une fois par an » de vérifier leur débit avec un test simple : le test du seau, à faire avec un chronomètre. Laisser couler une minute par buse. Si la quantité mesurée dans le seau diffère de 10% par rapport à la moyenne des buses, il y a un souci.
- Grand nettoyage des parties internes du pulvérisateur une fois par an également, avec un produit de nettoyage spécifique, préconise Sylvain Saunal, Responsable technique et matériels pour l’association EcoRéglages, qui à cette occasion, lave les buses à part dans un seau, toujours avec un produit adapté.
- Examiner les raccords : « les petites fuites, au final, ça fait du volume », rappelle Julien Pichon, qui voit aussi passer pas mal de tuyaux coudés, vrillés, ou qui pendent sous la rampe. Résultat : ça goutte.
« Avec un outil bien réglé, on peut déjà diminuer la dose de 15% sans risque », précise Sylvain Saunal. Même ordre d’idée pour Marc-Antoine Beauvineau qui, à ces conditions, identifie une réduction de dose possible de l’ordre de 10 à 20%.
Application : devenir pointu
Les inspecteurs pulvé le confirment : on peut aller plus loin dans la réduction de dose –jusqu’à 25-30% en moyenne sur l’année- en étant également pointu sur les conditions d’application. C’est-à-dire tenir compte du stade physiologique de la plante, ne traiter que quand les conditions sont favorables etc. « Ce qui implique un travail de fond, de se former, d’accepter de traiter la nuit par exemple », précise Sylvain Saunal.
Pour aller plus loin dans les économies de phytos, d’autres pistes se dégagent :
- La pulvérisation à bas volume : diminution de 40 à 50% des quantités pulvérisées, avec là encore un important travail de formation et un glissement vers des traitements plus préventifs et la stimulation immunitaire des plantes.
- Vous pensez que technologie rime avec « hors de prix » ? Parfois, mais les experts notent que des dispositifs comme les barres de guidages peuvent générer des économies significatives à un coût raisonnable.
- Investir –notamment pour les zones sensibles – dans des pulvérisateurs munis de panneaux récupérateurs. Là encore, ceux qui se sont lancés font remonter des économies conséquentes sur la facture de phytos (-30 à -40% par an), à condition de ne pas négliger l’entretien de ces machines qui recyclent les bouillies pulvérisées. « Les économies permettent d’amortir le surinvestissement, lié au coût plus élevé de ces machines, en 5 ans », note par exemple Marc-Antoine Beauvineau. A noter : ces machines, au vu de la pression médiatique et sociétale, sont aussi de plus en plus subventionnées, et peuvent se gérer en groupe.