« Ce sujet de convertir le domaine en bio est une question que l’on se pose depuis un bon moment au vu de la situation géographique de la propriété. Château Clément-Pichon est au coeur d’une ville qui s’étend avec beaucoup de riverains autour », a expliqué à l’AFP Gwendeline Lucas, directrice des vignobles Fayat.
« Le projet de construction du collège nous a un petit peu précipité dans nos actions et notre décision », a-t-elle ajouté.
La commune a l’intention de construire un collège sur un terrain qui jouxte des vignobles Clément-Pichon, ce qui suscite depuis des mois la colère des parents d’élèves qui craignent pour la santé de leurs enfants.
Déjà, deux châteaux du Bordelais devront s’expliquer devant la justice pour avoir procédé en 2014 à l’épandage de fongicide près d’une école de Villeneuve-de-Blaye (Gironde) où des élèves avaient été pris de malaise, un procès qui pourrait faire jurisprudence.
En juillet dernier, les domaines d’appellation Côtes de Bourg, Château Escalette et Château Castel La Rose, ont ainsi été renvoyés devant le tribunal correctionnel de Libourne pour « utilisation inappropriée de produits phytopharmaceutiques », soupçonnés d’avoir utilisé des moyens « manifestement insuffisants » lors du traitement des vignes pour protéger l’école voisine et ceux qui s’y trouvaient.
Le château Clément-Pichon (Haut-Médoc), d’une superficie de 25 hectares, entend commencer par convertir en bio une parcelle de cinq hectares près des habitations et du futur collège, dès le millésime 2019.
« C’est un immense soulagement et la seule solution raisonnable pour garantir la protection de la santé des élèves (…) La transition de toute la viticulture vers une agriculture biologique mettra un terme au scandale sanitaire et environnemental des pesticides », a réagi dans un communiqué Loïc Prud’homme, député de Gironde (La France insoumise).
Parallèlement à sa démarche vers le bio, le groupe Fayat a aussi l’intention d’attaquer en justice la mairie sur l’utilisation du terrain, cédé en 1991 par la famille à condition qu’il soit préservé comme un espace vert et boisé.
Le groupe Fayat, qui compte une cinquantaine d’activités, prévoit par la suite d’étendre cette conversion en agriculture biologique à ses deux autres domaines: château La Dominique (Saint-Emilion) et château Fayat (Pomerol).