L’épandage de lisier sert généralement d’abord à vider la fosse. L’apport de lisier en préparation d’un semis de maïs dans un objectif de fertilisation passe encore souvent au second rang. Alors que l’azote est en passe de devenir un produit de luxe, la donne pourrait changer. Valoriser les effluents devient (très) pertinent.
De nouvelles possibilités pour valoriser les effluents
De l’aveu de son président, en France, en premier lieu dans les zones d’élevage, des agriculteurs n’auraient en effet « plus les moyens » d’acheter le produit phare de Yara. Or, « le maïs valorise très bien les engrais de ferme », rappelle Michel Moquet, ingénieur Arvalis dans une vidéo accessible sur Entraid.com. Le lisier fait partie de cette catégorie. Avec sa richesse en azote ammoniacal, disponible rapidement, il est en plus un produit relativement pratique à employer.
« Dans les groupes cuma on voit qu’il y a beaucoup plus d’intérêt sur la question de la valorisation de l’azote organique ces derniers mois », observe Hervé Masserot, animateur en Mayenne, spécialiste des questions liées à l’épandage. Son homologue basé en Normandie, Frédéric Lavalou, apprécie pour sa part le développement des équipements d’épandage. Grâce à eux, les agriculteurs accèdent à de nouvelles possibilités pour valoriser leur effluent. Ils le font sur plus de cultures, sur des périodes plus larges et de manière plus efficace.
Des outils pour valoriser les cultures moins émissifs
Il n’y a qu’à se rendre à une démonstration d’épandage de lisier ou visiter un salon exposant du matériel agricole. Tous les modèles portent un système de dépose au plus près du sol type pendillards, voire dans le sol. En la matière, le large choix va des déchaumeurs enfouisseurs (à dents ou rapides), aux enfouisseurs à grands disques, moins tirants que les précédents, en passant par les injecteurs à petits disques. Au dernier Space, le fabriquant néerlandais Bomech présentait un système à patins. Celui-ci peut être monté sur des tonnes d’occasion. Il est disponible en différentes largeurs. Ce système assure, grâce à une pression active de 10 à 12 kg par élément, une bonne absorption du lisier appliqué au plus près du sol. Il réduit les émissions d’ammoniac, en minimisant le contact entre le lisier et l’air. Il atténue également la souillure des feuilles. Ce qui peut être appréciable surtout en cas d’épandage sur prairies.
Quelques stands plus loin, c’est d’ailleurs ce même équipement qui orne un matériel du fabricant allemand Garant Kotte.
« Chez nous, l’ammoniac est aussi un sujet important. Ce système est plus implanté que le pendillard. Tandis que son intérêt par rapport aux enfouisseurs est qu’il travaille sur une largeur bien plus grande », analyse son représentant.
Sur l’ensemble de ses ventes, Jeantil livre encore 40 % des tonnes à lisier avec l’historique buse. Sur le marché français, la proportion est moindre, sans être encore à un niveau nul, comme dans d’autres pays. En Suisse, par exemple, la réglementation ne laisse plus le choix. Quoi qu’il en soit, « sur toutes nos tonnes, nous mettons d’office les éléments qui permettront ensuite d’adapter un équipement alternatif », précise Martin Jeantil.
« Nous avons de plus en plus de questions pour enfouir », conforte enfin un représentant de la marque d’automoteurs Vervaet. Et d’argumenter : « Ici, nous avons la puissance. De plus, mettre un déchaumeur semi-porté de 6 m se fait sans soucis. En revanche, ajouter un outil un peu tirant sur une tonne peut faire un peu peur. »
Dans la terre le plus vite possible
Sans incorporation du lisier dans les six heures après son épandage, entre 30 % et 70 % de l’azote ammoniacal s’envole, selon les conditions.
La rampe à pendillards, outil particulièrement bien adapté, a pour elle l’atout du débit de chantier. Cela « permet d’être rapidement disponible derrière pour enfouir », juge Hervé Masserot. Et l’animateur assure : « Enfouir le plus tôt possible est le mieux. » Ainsi les enfouisseurs règlent d’emblée une question. Avec eux, « on sait que le produit sera immédiatement dans le sol. » Frédéric Lavalou complète : L’efficacité de ces dispositifs se révèle d’autant mieux lorsque le sol est couvert. « Il faut idéalement viser un apport quand les couverts sont encore en place. » La couverture végétale atténue encore plus la perte tandis qu’à l’inverse l’intervention sur un sol déstructuré complique la tâche de certains outils ou augmente le phénomène de patinage qui génère des surconsommations de carburant.
Sans parler de l’accélération certaine sur la réglementation vis-à-vis de la qualité de l’air, « pour inciter fortement l’utilisation de l’enfouissement ou réduire le délai d’enfouissement », il est aussi question d’économie. En effet, pour un lisier de bovins, épandu à raison de 60 m3/ha, le surcoût du chantier que génère un outil efficace pour limiter la volatilisation « est très vite compensé par l’azote gagné pour la fertilisation ». Hervé Masserot précise que son constat était « déjà valable quand l’unité d’azote minéral ne valait que 0,70 € »
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