Olivier Pagnot, de la chambre d’agriculture de la Vienne, a joué le rôle d’agitateur d’idées lors de la deuxième partie de l’AG de la fdcuma Vienne consacrée aux échanges entre éleveurs et céréaliers. Le choix de ce thème ne doit rien au hasard. En effet, l’agriculture dans le ce département (et dans de nombreux autres également), se spécialise. De la polyculture-élevage, on passe soit à la polyculture, soit à l’élevage. D’autre part, les cuma sont bien placées pour qu’éleveurs et céréaliers continuent à bosser ensemble et même créent des passerelles.
Spécialisation et simplification
Pour amorcer le débat, le représentant de la chambre a présenté, en quelques chiffres-clé, les tendances actuelles à la spécialisation, conjuguée à la simplification des systèmes de production et à une perte de valeur ajoutée. Sur les 3500 exploitations professionnelles que compte le département, 2100 sont orientées polyculture, 500 en élevage en 900 en polyculture-élevage. En parallèle, l’agrandissement des exploitations se poursuit toujours malgré un certain ralentissement ces dernières années (103ha par unité de travail non salarié). Autre phénomène marquant: le développement du sociétariat qui a doublé en 20ans et qui concerne un quart des exploitations et un tiers pour le seul domaine de l’élevage. Un secteur qui continue à perdre du terrain en ovins, caprins, bovins… Pourtant, les aménités positives que génèrent les activités d’élevage sont incontestables: valorisation des surfaces en herbe fixatrices de carbone, allongement des rotations, fourniture d’azote grâce aux légumineuses, maîtrise des bio-agresseurs, apport de matière organique en présence d’effluents d’élevage…
Construire une relation pérenne
Pour construire une relation pérenne, Olivier Pagnot invite à procéder par étapes successives: identifier les attentes respectives, quantifier les besoins et les offres, décrire le fonctionnement des systèmes d’exploitation et imaginer les relations partenariales, lister les différentes impacts issus de la mise en œuvre d’échanges, en essayant de leur donner une valeur marchande (calcul d’un prix d’équilibre), établir un plan d’action pluriannuel, et enfin formaliser la relation du point de vue économique et juridique…
Moult exemples
Les exemples de complémentarités entre les exploitations céréalières et celles en élevage sont nombreuses. Cela peut être la valorisation fourragère par son voisin éleveur des intercultures. Les brebis vont pâturer les parcelles de couverts végétaux qui auront été clôturées par l’éleveur. De ce partenariat découlent plusieurs avantages pour chacune des deux parties.
Pour le céréalier, cela va être la suppression du besoin de destruction chimique ou mécanique, ou encore la baisse de molucide sur la culture suivante. Pour l’éleveur c’est bien sûr une diminution du coût alimentaire, même si la réussite de cette démarche impose un supplément de temps de travail et reste soumise aux aléas climatiques.
Parmi les autres initiatives de rapprochement citées par le conseiller agricole, figure la production de protéagineux en pur ou en association à destination d’un élevage voisin, l’échange de jouissance des parcelles avec l’intégration de légumineuses sur des parcelles d’un céréalier afin d’assurer l’autonomie fourragère de l’éleveur, l’échange paille contre fumier, l’intégration de luzerne dans un assolement céréalier au profit d’une alimentation locale… On le voit, il est possible d’engager de multiples collaborations intelligentes dont l’impact est profitable à chacun…
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