Entre moutons et céréales, des complémentarités évidentes existent. Pourtant, un certain nombre d’exploitations autrefois ovines se sont « céréalisées ». Ces conversions se sont opérées aussi dans les zones dites « intermédiaires » où l’élevage ovin côtoyaient traditionnellement les céréales.
Les raisons avancées de cette désertion de l’élevage étaient de plusieurs ordres : moins de travail, plus de simplicité dans la conduite de l’exploitation, des revenus jugés satisfaisants en production végétales ramenés à l’heure de travail … Mais ce raisonnement n’est pas exempts d’écueils. L’étude de Franceagrimer mise en ligne sur le site de l’Institut de l’Elevage fait le tour de cette question.
Durabilité des systèmes
Depuis quelques années, les performances technico-économiques des exploitations de grandes cultures se sont émoussées. Parmi les fragilités observées, citons : des prix des céréales de plus en plus volatils, des épisodes climatiques désastreux pour les rendements des cultures, des sols moins riches en matière organique en l’absence de fumier apporté régulièrement …
L’Idele en lien avec les Chambre d’agriculture ont publié une étude complète sur les complémentarités entre les deux productions. Les auteurs sont partis à la rencontre de céréaliers qui ont réinstallé des troupeaux ovins pour tirer parti des synergies entre élevage et cultures. Dans les exemples cités, la production céréalière va rester dominante. Mais le troupeau ovin va représenter une opportunité à différents titres : diversifier les revenus (ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier !), conforter la main d’œuvre agricole présente sur l’exploitation, valoriser les coproduits issus des productions végétales (exemple : la paille), les intercultures mises en place, les surfaces peu productives, les équipements et bâtiments déjà présents et bien sûr le fumier qui va conforter le taux d’humus des sols, ….
Une réintégration exigeante
« Sur le papier », cette réorientation des exploitations semble vraiment opportune. Mais elle soulève toutefois des contraintes à prendre en compte. On citera les astreintes horaires, mais aussi le besoin de formation et d’apprentissage de savoir-faire, d’installations suffisamment fonctionnelles, et une fibre d’éleveur … Même si la réintroduction de troupeaux ovins en grandes cultures reste encore marginale, les exemples cités montrent néanmoins la logique de ce cheminement, en soulignant à l’occasion les pièges d’une spécialisation excessive de l’agriculture.