Comprendre les contraintes du produit
On distingue trois principaux types de produits : racinaires, de contact et systémiques. Les premiers ont besoin d’un sol humide pour bien se répartir dans les tout premiers centimètres du profil, et ne pas s’évaporer. D’autre part, la présence de mottes et de débris végétaux fait écran et gêne l’obtention d’une répartition homogène. En bonnes conditions, toute buse peut convenir et le volume de bouille à l’hectare a peu d’effets. Autant prendre des buses qui réduisent au maximum la dérive, en conclut Benjamin Perriot. Comme par exemple des Teejet TTI (miroir avec injection d’air).
Contact ou systémique
Les produits de contact sont quant à eux des foliaires pour lesquels on recherche un nombre élevé d’impacts et une répartition homogène. La buse et le volume de bouille jouent le rôle principal, aidés par un mouillant ou par la présence de rosée. Attention toutefois au moment de la journée où la rosée commence à perler et couler au sol, le produit serait lessivé. Enfin, les produits systémiques doivent pénétrer dans le végétal. Ils apprécient une plante en conditions poussantes, une hygrométrie élevée, une faible rosée et un adjuvant de type huile. Attention : certains herbicides peuvent pénétrer à la fois par les feuilles et par les racines. Durant la pulvérisation, il leur faut alors en plus un sol humide, pour cette seconde voie d’accès.
Rechercher la taille et le nombre des gouttes à obtenir pour la pulvérisation prévue
Selon le type de produit et de traitement, on cherche des gouttes plus ou moins grosses et nombreuses. Ces deux facteurs dépendent du volume de bouillie, du type de buses, de la pression de travail et de la formulation du produit. Plus de volume d’eau crée logiquement plus de gouttes, donc une meilleure couverture. Plus de pression aussi, mais des gouttes de taille plus petite, avec un risque de dérive. Or, la dérive signifie du produit perdu, une moindre efficacité, et des molécules toxiques qui partent dans l’environnement.
Différentes générations de buses
Quant aux buses, elles sont aujourd’hui très diverses. Rien que pour les modèles à fente, on peut en citer cinq générations. Les buses à fente standards s’utilisent à des pressions de 2 à 3 bars. Les types basse pression (1,5 à 3 bars) tendent à les remplacer, et réduisent la dérive. C’est aussi le cas des buses à pastille de calibrage (2 à 3 bars), et des buses à injection d’air. Au sein de cette catégorie, la réduction de dérive est plus marquée. La première génération demandait 3 à 6 bars, ce qui pouvait s’avérer limitant avec les pompes centrifuges. Mais la nouvelle génération de buses à injection d’air travaille plutôt sous 2 à 5 bars, tout en autorisant une très forte réduction de la dérive. Rappel : seules les buses homologuées autorisent à réduire les zones non traitées.
Une large place pour les buses à injection d’air
Les essais biologiques réalisés par Arvalis montrent que les buses à injection d’air obtiennent des résultats équivalents à ceux des buses à fente, dans de nombreuses situations. Celles homologuées pour 66 % de réduction de dérive fonctionnent bien à 80 voire à 50 l/ha. Néanmoins, le fait qu’elles produisent des gouttes plus grosses et donc moins nombreuses peut les handicaper pour les produits de contact devant atteindre des cibles très petites (adventices très jeunes, insectes). Arvalis préconise dans ce cas un volume de 150 l/ha, de même que pour appliquer un fongicide contre la fusariose sur épis. D’autre part, en ce qui concerne les buses homologuées pour réduire la dérive de 75 % ou même de 90 %, plus récentes sur le marché, le risque de perdre en efficacité est plus grand. Arvalis a donc lancé des études. La dernière réalisée montre par exemple d’une buse de type 90 % de réduction de dérive échoue à désherber les betteraves à 150 l/ha avec un produit de contact. Une seule adresse pour faire le bon choix : l’OAD en ligne d’Arvalis Aide au choix des buses et réglage des paramètres de pulvérisation.
Adjuvants pour la pulvérisation : seulement sur ordonnance
Les informations fournies par Benjamin Perriot rappellent qu’il faut oublier les règles générales et raisonner l’emploi des adjuvants au cas par cas. Ainsi, le glyphosate est sensible à la dureté de l’eau (concentration en calcium et magnésium), mais c’est bien le seul. Il est donc utile d’employer du sulfate d’ammonium pour corriger une eau trop dure, mais seulement pour cette molécule. Ajoutons-y éventuellement les sulfonylurées, pour lesquelles le sulfate d’ammonium apporte un effet humectant en cas de manque d’hygrométrie.
Ensuite, d’autres adjuvants peuvent favoriser au choix l’étalement du produit, sa rétention ou encore sa pénétration dans la plante (systémique). Tout dépend du produit et de la culture ou de l’adventice. Mais l’intérêt n’est pas systématique. Benjamin Perriot cite ainsi le cas d’un fongicide contre la septoriose sur blé. Rien à ajouter dans la cuve : la feuille de cette espèce est naturellement optimisée pour capter le produit.
La formulation dicte l’ordre d’incorporation
Les produits phytosanitaires se présentent sous de nombreuses formes : granulés, solution, suspension, etc. Chacune est désignée par une paire de lettres, bien visible sur l’emballage. En cas de mélange, il est indispensable de respecter le bon ordre, pour éviter toute réaction malvenue. Benjamin Perriot donne la méthode. D’abord les correcteurs de dureté de l’eau et anti-mousse, puis les produits WG, puis les SC, puis les CS, OD, SE, EW, ME et EC, et enfin les SL, les adjuvants arrivant en tout dernier.
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