Vieux comme le monde, le soleil procure la garantie certaine de toujours rayonner demain. Pourtant ses valorisations semblent loin d’avoir révélé toutes leurs dimensions. Et les filières photovoltaïques en bouillonnement n’ont pas le monopole de l’innovation. En effet, sans même aller jusqu’à faire commerce d’une énergie transportable, sur les exploitations agricoles, l’énergie solaire offre des opportunités. Par exemple, quelques éleveurs l’utilisent afin d’améliorer l’efficience, à moindre coût, de leur séchoir de fourrage. Dans la Sarthe, c’est même un élevage de veaux de boucherie qui s’intéresse au solaire thermique.
Du maraîchage aux ruminants
Les 400 bouches à abreuver dans cet atelier appellent un besoin total quotidien de 4.400l d’eau chaude. Depuis le milieu d’année dernière, l’élevage exploite une installation de 40kW. Grâce à cet alignement de panneaux, Frédéric Vaucelle, l’éleveur, aspire à réduire significativement ses factures de propane. Jusqu’ici le gaz coûtait à son entreprise de l’ordre de 5.500€/an», avant les dernières envolées des cours de l’énergie.
Dans le cadre d’un projet inter-régional européen pour le déploiement d’une nouvelle technologie de panneaux solaires thermiques, l’élevage sarthois teste le système également installé dans d’autres pays pour d’autres productions. «Ces panneaux sont deux fois et demi à trois fois plus efficaces que les technologies de générations précédentes. Ils fonctionnent même dans des climats nuageux tels que celui du nord-ouest de l’Europe», explique Gilles Beaujean, conseiller énergie des Chambres d’agriculture en Pays de la Loire.
Lors du forum Champ d’Innovations organisé en Normandie, il présentait un objectif chiffré de la réduction moyenne des consommations de gaz sur le site pilote français: 70%. À l’échelle de l’exploitation, «on vise une baisse de la consommation de 5t/an de gaz et une baisse des émissions de dioxyde de carbone de 15t/an.»
Le soleil porte l’eau à ébullition en été
Sur les premiers mois, le conseiller spécialisé observe des résultats au niveau des espoirs en termes d’économie d’énergie fossile, mais «variables selon les périodes.» À la sortie de l’unité test, «en hiver, le réchauffement de l’eau est moindre. Mais en plein été, on peut même atteindre 100°C.» L’éleveur témoigne déjà de la simplicité et l’autonomie de fonctionnement du dispositif. Il voit surtout que, «en dehors de l’investissement initial et de l’entretien, l’énergie solaire ne coûte rien.»
Solaire thermique: 4 productions en test
À l’instar de l’élevage de veaux, avec son besoin pour la préparation du lait, d’autres types de productions agricoles, consommatrices de chaleur, testent la technologie dans le cadre du programme Icare4farms. Au Royaume-Uni, une installation participe au chauffage de serres. Une autre, aux Pays-Bas, est testée sur un site de production de biogaz. La dernière, en Belgique, chauffe des bâtiments d’élevage hors-sol.
À partir des données qu’ils collecteront sur ces différents sites pilotes d’ici la fin d’année, les partenaires du projet entendent encourager les fermes à forte demande en eau chaude à utiliser le procédé solaire thermique. En France, Icar4farms mobilise notamment Laval Mayenne technopole, l’Association des Chambres d’agriculture de l’arc Atlantique, l’Université Bretagne Sud et Feng Technologies SAS.
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