Du côté de Lavelanet-de-Comminges, en Haute-Garonne, l’acquisition d’un nouveau tracteur a donné lieu à la création d’un nouveau groupe au sein de la cuma locale. Pour Bastien Puech, installé en hors cadre familial, qui a dû acquérir le foncier, la cuma était une évidence autant qu’un passage obligé.
Création d’une nouvelle section de la cuma pour acquérir un nouveau tracteur
Bastien Puech intègre la cuma de Lavelanet en 2022. Très vite, le besoin d’un nouveau tracteur se fait sentir. « Je suis à une quinzaine de kilomètres de la cuma où il y avait un tracteur. On fait tous les foins en même temps, ce n’était pas forcément simple à gérer au quotidien », explique-t-il. Ajoutez une dimension démographique, la prégnante question du renouvellement des générations en toile de fond, et vous avez tous les ingrédients pour qu’il faille trouver une solution.
« Non seulement j’étais assez éloigné de la cuma mais mon entrée dans le groupe a aussi changé leur organisation, poursuit l’agriculteur. Or, certains des adhérents proches de la fin de carrière n’avaient pas forcément envie ou besoin de se lancer dans les investissements. Je suis donc allé voir deux autres agriculteurs du secteur pour leur proposer de créer cette nouvelle section au sein de la cuma. » L’affaire entendue restait à trouver le tracteur.
Trois puis quatre
« Nous avons donc cherché un engin qui soit dimensionné pour l’élevage. » L’occasion faisant les larrons, ils dégotent alors un tracteur 125 ch de démonstration, avec peu d’heures. « Mais avec chargement frontal, très bien équipé pour qu’on s’assure d’une bonne revente », précise-t-il, avant d’ajouter que l’efficacité de la machine a dû entrer dans l’équation. « Nous n’avons pas cherché à obtenir plus de puissance, car il aurait fallu la payer plus cher. On a donc préféré avoir moins de chevaux, mais tous utiles », explique l’éleveur.
Les trois adhérents de départ sont, aujourd’hui, quatre. « Un gaec adhérant à l’autre groupe ‘tracteur’ de la cuma nous a rejoints depuis. » Aujourd’hui, le tracteur qu’ils ont acquis travaille 500 heures par an sur les travaux que réclame l’élevage : l’hiver un peu de manutention et le reste de l’année du travail du sol. Mais aussi le déchaumage avec un déchaumeur à dents de 3 m et les semis avec un combiné de 3 m également.
Un tracteur pour ouvrir les possibilités
Pour la cuma de Sainte-Suzanne, en Ariège, la problématique était tout autre, comme l’explique son président David Comminges. « La cuma était surtout consacrée aux matériels que nous tractions avec nos propres tracteurs. Mais comme à chaque fois dans ce type d’organisation, il y a des contraintes de manipulations qui sont lourdes et gourmandes en temps : atteler, dételer », résume-t-il. « Notre précédent tracteur était un peu « court » en puissance pour nos outils de travail du sol… »
La bascule se fait à la suite d’un changement d’organisation. « Nous avons fait le choix de louer un tracteur pendant dix mois. C’est ce qui nous a décidés, au vu des possibilités offertes. » De quoi donner un coup de fouet à la cuma et aux adhérents.
David Comminges détaille ce qui a changé depuis : « Le fait d’avoir un tracteur plus puissant a permis à certains de nos adhérents d’avoir accès à des outils qu’ils ne pouvaient utiliser jusque-là. C’était d’ailleurs parfois des exploitations où nous allions avec nos propres tracteurs. »
Tout le monde utilise le matériel
Une quinzaine d’exploitations s’agrègent au sein de la cuma, dont la moitié en bio et avec une majorité d’ateliers d’élevage. Le tracteur qu’ils ont acquis avec la cuma est donc plutôt typé élevage. Il développe 250 ch pour pouvoir bouger un combiné de fauche, assumer le travail du sol lié à la production des céréales, manutentionner du fumier et jusqu’à tirer un round baller dans des prairies en forte pente.
« Cela a vraiment permis à tout le monde d’utiliser tout le matériel. Et pour aller jusqu’au bout, on est passé au capital social au chiffre d’affaires, pour que tout soir clair. » Ce tracteur a apporté une nouvelle liberté aux adhérents. Il a aussi permis de gagner un temps précieux sur certains chantiers.
Pourtant, la maturation du projet a été lente, sur plusieurs années. « Il faut croire que nous n’étions pas prêts », reconnaît David Comminges. Là aussi, le renouvellement des générations a fait son œuvre. « Cinq ou six adhérents ont pris leur retraite, de nouveaux adhérents sont entrés dans la cuma. Petit à petit, l’idée a commencé à intéresser du monde… » Et la décision a fini par s’imposer. Parce que c’était l’heure.
Tracteur de complément
La cuma de Fousseret, qui compte deux tiers d’adhérents céréaliers et un tiers d’éleveur, a fait le choix de doubler son parc de tracteurs, car la problématique était tout autre. Elle était déjà équipée, mais la demande mettait le matériel à rude épreuve. « Nous avions racheté un deuxième tracteur il y a quatre ans. Mais avec les besoins grandissants des adhérents, ça devenait difficile à gérer », explique Jean-Pierre Bernat, un des administrateurs.
« En fait, la demande a progressé en partie à cause de moi parce que j’ai ajouté soixante hectares à mon exploitation. C’est donc moi qui ai proposé que l’on acquière un second tracteur. La réponse a été d’abord non, puis l’idée a fait son chemin. Au final, le deuxième tracteur a généré encore plus de demandes » sourit-il.
Ils sont désormais sept à avoir recours aux engins au sein de la cuma, à 21 euros de l’heure. À l’heure du renouvellement du matériel, satisfaits par leur organisation, ils sont restés dans cette configuration et ont racheté deux tracteurs. « On est juste passé de Massey à John Deere, mais on a pris des tracteurs équipés de RTK. C’est une opportunité pour nos adhérents qui sont en bio, et sont un peu limités sur leurs exploitations en termes d’investissements. »
Tarif horaire inchangé
N’est-il pas complexe de gérer deux tracteurs à la fois quand la cuma ne dispose pas de lieu centralisé pour ranger le matériel ? « Non, on a un groupe WhatsApp pour se coordonner, ça marche bien, » précise Jean-Pierre Bernat. « Et puis on a aussi un système qui me permet de savoir où sont les tracteurs en temps réel, on n’a plus besoin de le chercher » poursuit-il en souriant.
Les tracteurs tournent aujourd’hui au moins 750 heures par an. Et la cuma est parvenue à ne pas augmenter le tarif horaire. « On pensait que ça allait nous coûter plus cher, mais les conditions d’achats que nous avons pu dénicher nous ont permis de conserver le prix initial. »
Pour autant, cette disposition à deux tracteurs n’est pas forcément figée. « Des adhérents vont partir à la retraite. Il n’est pas garanti que les repreneurs adhérent à la cuma. » À l’heure du prochain renouvellement, se poseront à nouveau les questions cruciales : Pourquoi ? Pour qui ? Et comment ?
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