Andrea Jack voulait s’installer avec son compagnon Thomas sur un élevage caprin et faire de la transformation laitière à la ferme. «Nous cherchions à créer une ferme. Avec l’idée que cela nous coûterait moins cher avec des investissements progressifs.» En attendant de trouver le terrain adéquat, ils sont embauchés tous les deux comme salariés au sein d’un petit élevage en Ariège. Histoire de se forger une expérience avant l’installation.
Une transmission via un Contrat Emploi Formation Installation
A défaut de trouver la bonne opportunité dans le Lot-et-Garonne, département d’où Andrea est originaire, c’est sur le territoire où ils travaillent que les deux jeunes vont rencontrer Rémi Foisnel et sa conjointe Sophie. Ces derniers cherchent à vendre prochainement leur exploitation. En outre, ils aimeraient la voir se développer plutôt que d’être démantelée.
«C’est une amie commune qui nous a mis en relation», se souvient Rémi. «Ma première intention a été de lui proposer de l’aide pour le soulager suite à ses problèmes de santé et compléter ma formation», poursuit Andrea.
Dès la première visite sur place, la jeune femme est séduite par le lieu et le potentiel de la structure. «L’ensemble permettait de mettre en œuvre notre projet immédiatement. Le troupeau, le local de transformation, le circuit de commercialisation sur les marchés. Tout était opérationnel pour une rentrée d’argent dès notre arrivée.» De quoi être sereins face aux annuités liées à l’achat de la ferme.
Rapidement, le couple se dirige vers une reprise d’exploitation par Andrea, avec une transmission réalisée par le biais d’un Contrat Emploi Formation Installation (CEFI). Ce stage de parrainage permet de tester en grandeur nature la transmission ou l’association en agriculture en dehors du cadre familial. Ainsi Andrea a pu se lancer en juin dernier et Rémi a pu lever le pied.
«Il nous a paru évident que c’était à moi de bénéficier de l’expérience de Rémi sur la partie transformation, Thomas étant passionné d’élevage avec de bonnes compétences en la matière», détaille Andrea.
Croire aux opportunités
Pendant six mois, elle se forme à l’outil de travail, écoute chaque conseil promulgué par Rémi et saisit l’opportunité que lui offre l’agriculteur expérimenté de prendre les rênes tout en l’assurant de sa présence discrète.
«C’est un moyen de tourner la page, souffle Rémi. Tout est arrivé trop tôt. Jamais je n’aurai pensé devoir quitter à 41 ans la ferme sur laquelle je me suis installé à 20 ans, qui est rentable.» Il transmet ainsi à Andrea les bases, «pour ne pas qu’elle connaisse les mêmes galères» que lui. En effet, même si la jeune éleveuse affiche un diplôme d’ingénieure en agriculture, l’expérience de salariée combinée au parrainage de Rémi doivent venir solidifier ses compétences techniques. Rémi et son épouse ont déménagé, laissant au jeune couple la maison sur la ferme. «Je leur ai dit de pas hésiter à m’appeler si besoin», confie Rémi.
Une belle assise pour Andrea qui sait aussi pouvoir compter sur Thomas, son conjoint. Celui-ci devrait rejoindre rapidement l’exploitation comme conjoint-collaborateur puis comme associé dans quelques années, le temps de sécuriser la reprise tout en conservant une entrée d’argent fixe grâce à son salaire. «Cette ferme déjà créée était à la fois abordable en prix et pleinement opérationnelle: nous avons bien fait de revoir notre projet initial, concède Andrea. Il faut croire aux opportunités qui se présentent et ne pas se contenter des créneaux officiels de la transmission-reprise. Le bouche-à-oreille offre aussi de belles surprises.»
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