[Crash-test] L’avis de la rédac sur le T6 Méthane Power

Partager sur
Abonnés

[Crash-test] L’avis de la rédac sur le T6 Méthane Power

Le ravitaillement en biogaz est réalisé depuis la station qui équipe l'unité de méthanisation de l’exploitation des frères Guerin. Le coût moyen d’un tel équipement avoisine les 400 000 euros.

Ça y est, c’est fait ! L’essai comparatif du tracteur New Holland T6 180 GNR face au T6 180 Méthane Power. Même transmission, même moteur, même pneus, même options, une seule chose change : le carburant.

SOMMAIRE

Premier bilan : le tracteur New Holland T6 alimenté au biogaz prouve qu’il peut rivaliser avec son homologue au diesel. Il s’avère efficace aux travaux de transport comme l’épandage et davantage dans des travaux lourds comme le déchaumage. Avec une organisation adaptée, l’autonomie ne paraît pas être un facteur limitant.

Tracteur New Holland T6 Méthane Power et New Holland T6 au GNR : les tests comparatifs

New Holland T6

Le New Holland T6 180 version GNR dispose des mêmes caractéristiques que le modèle au biogaz.

L’essai comparatif entre le tracteur New Holland T6 Méthane Power et son homologue au GNR révèle des résultats encourageants. Il a été réalisé par le réseau cuma fin 2024. Cela a eu lieu sur l’exploitation agricole SAS Clotte Biogaz des frères Guérin en Dordogne. Le T6 biogaz prouve qu’il peut faire le job d’un modèle GNR. Il affiche une efficacité énergétique supérieure dans les travaux du sol et une autonomie suffisante si l’on adapte son organisation.

Chacun des tracteurs a subi les mêmes tests. Banc d’essai moteur et trois types de travaux agricoles :

  • L’épandage ;
  • Le déchaumage ;
  • Le brassage de lisier.

Puissance et économie : le face-à-face des T6

Dans le cadre de cet essai, les tracteurs sont équipés d’une transmission Dynamic command. La puissance max est de 156 ch pour le T6 GNR avec un couple de 610 Nm. Les passages au banc d’essai moteur ont révélé que les puissances délivrées par les deux tracteurs sont proches. À 1 800 tr/min et 80 % de charge, le T6 au biogaz développe 105 chevaux. Son homologue au GNR, 110 chevaux. À 1 500 tr/min, l’écart s’accentue légèrement, avec une puissance de 93 chevaux pour le T6 biogaz contre 101 chevaux pour le modèle GNR. En termes de couple, la différence est minime, bien que le GNR conserve un léger avantage avec 439 N m à 1 800 tours (contre 424).

Le passage au banc fait surtout ressortir que le New Holland T6 180 GNR est plus économe en carburant lorsque son taux de charge est faible. À 40 % de charge à 1 800 tours ; l’écart de consommation spécifique est de 16 % par rapport au modèle fonctionnant au biogaz (318 g/kWh pour la version GNR contre 371). À pleine charge par contre, c’est l’inverse. Le T6 Méthane tire son épingle du jeu. Avec le boost, sa puissance max constaté banc moteur est de 154 ch (156 pour le GNR) et sa conso de 227 g/kWh (contre 244). Soit une différence de 7 %.

Travaux lourds en faveur du T6 Méthane Power

New Holland T6 180 biogaz

Le tracteur est passé sur une parcelle d’argile bien sèche durant l’essai.

Après être passées au champ, sur la route et en poste fixe, les datas des tracteurs font remonter les mêmes conclusions. L’avantage est donné au tracteur GNR pour les tâches à faible charge moteur et au T6 Méthane pour les travaux lourds.

L’une des phases de test a eu lieu au déchaumage, avec un outil à dent de 3,5 m de large. Sur une parcelle d’argile bien sèche. La profondeur de travail a été réglée aux alentours des 8 cm. La charge moteur moyenne durant l’essai est de 71 %. Avec des pics à 95 % dans certains endroits de la parcelle. Il est à noter que les conditions déchaumage durant cet essai ont été tellement extrêmes qu’une dent du déchaumeur a été cassée avant d’être réparée

Le travail de déchaumage fait ressortir un écart de consommation de 19 % en faveur du T6 méthane (16,8 kg/h de biogaz contre 21 l/h de GNR). Lors du test d’épandage, réalisé sur un parcours routier de 42 km, on n’a constaté aucune différence de consommation. Elle est identique à 11,6 litres ou kg/heure.

Sans surprise, le test à la prise de force avec le mixeur de lisier fait ressortir le T6 GNR comme plus économe en carburant. Il consomme 9,2 litres/heure contre 11,9 kg/heure pour le T6 Méthane.

L’autonomie du New Holland T6 n’est pas un frein

Contrairement aux idées reçues, l’autonomie du T6 Méthane Power Dynamic Command ne ressort pas comme problématique. Durant l’essai, une réserve frontale de biogaz équipait le tracteur T6 Méthane. Cela permet un stockage total de 79 kg de biogaz, contre 32 kg en standard.

Lors des tests d’épandage, il a consommé 33,35 kg de biogaz pour réaliser 3 voyages de 14 km. Un plein de biogaz autorise ainsi une autonomie de 6 voyages. Cela correspond à 6,8 heures dans ce cas avant de nécessiter un ravitaillement. Son équivalent GNR, avec un plein de 218 litres, peut réaliser 20 voyages. Cela correspond à 18,8 heures d’autonomie pour faire le même travail. Le plein de biogaz avec une station équipée de compresseur prend de 2 à 4 minutes.

Pour travailler une journée complète il faut donc être à proximité d’une station de remplissage. L’idéal est que les épandages soient réalisés avec de la matière issue de station de méthanisation. Et que cette dernière dispose de sa propre station de remplissage. Ou qu’une station de remplissage soit située à moins de 10 km de l’exploitation. En effet, l’autonomie permise à partir de l’émission de l’alerte d’épuisement (voyant réserve) est d’environ 52 minutes (testé durant l’essai, ndlr). De quoi parcourir environ 13 km sur route à une vitesse de 30 km/h pour rejoindre une station de ravitaillement.

Au déchaumage, le T6 au biogaz affiche une autonomie de 4,9 heures. Soit environ la moitié de son équivalent au GNR. Avec une bonne planification, les arrêts de ravitaillement peuvent s’intégrer efficacement dans les rythmes de travaux quotidiens. Cela inclut notamment la pause du midi.

Verdict

New holland biogaz ou gnr

À pleine charge, le T6 Méthane Power est moins gourmand que la version GNR. À charge partielle, c’est l’inverse.

L’essai comparatif entre les tracteurs T6 Méthane Power Dynamic Command et T6 Dynamic Command au GNR de chez New Holland montre un résultat intéressant. Le modèle au biogaz rivalise avec son homologue diesel. Il se distingue par une consommation plus efficiente pour les travaux du sol (-19 %). Son autonomie s’adapte également aux cycles agricoles. Sa consommation est par contre plus forte lorsque le taux de charge moteur est partiel comme au brassage de lisier.

Côté autonomie. Il faut disposer d’une station de ravitaillement à proximité de son exploitation, voire sur son exploitation. Cela permet d’éviter que l’utilisation du tracteur ne soit limitante. C’est une certitude. Des solutions de transfert de biogaz au champ ou proximité des champs existent pour pallier en partie à cette contrainte

L’arrivée du T7 270 Méthane Power, annoncé à 270 chevaux et 219 kg de biogaz de capacité de chargement, est un levier supplémentaire. Il accompagne les agriculteurs ayant un besoin de plus forte puissance pour les travaux lourds et de transport.

Ils en parlent, lisez leurs avis sur le crash test du New Holland T6

Pour ce crash test, retrouvez l’avis de deux spécialistes :

  • La rédaction d’Entraid Média ;
  • Nassim Hamiti, chargé de mission agroéauipement de la Fncuma.

L’avis de la rédac : « Il faut pousser son développement »

Difficile de prédire l’avenir du développement de ces nouvelles énergies en mobilité agricole. D’autant plus que le maillage de station de ravitaillement en France n’en est qu’à ses débuts. Il est évident que ce tracteur ne se destinera pas uniquement au producteur de biogaz.

Cependant, les simulations économiques de type Rayons X (calcul du coût de détention annuel de la machine sur 600 heures en prenant en compte le coût de la perte de valeur du tracteur sur 6 ans, ses frais d’entretien, sa consommation en carburant et ses frais financiers) réalisées sur ce tracteur sont favorables dans deux scénarios :

  • Une hausse du prix du GNR ;
  • La mise en place de subvention.

Sans ça, le surcoût d’utilisation moyen d’un T6 Méthane Power par rapport à un T6 GNR est de 6 000 euros annuel, 36 000 euros sur 6 ans. À ce compte-là, il y a peu de chefs d’entreprise qui investiront. Pour obtenir ces résultats nous prenons en compte un prix d’achat du T6180 GNR à 120 000 euros avec un prix du GNR à 1 euro le litre. Le prix d’achat du T6 Méthane Power est lui de 145 000 euros pour un prix de Biogaz à 1,50 € du kilo. Dans ces simulations, la valeur de décote et les frais d’entretien de chacun des tracteurs sont les mêmes.

Un coût moyen de détention de 34,80 € pour une utilisation polyalente

Dans la région AuRA par exemple, l’acquisition d’un tracteur est subventionnée à hauteur de 30 %. Ce taux d’aide descend à 15 % s’il s’agit d’un renouvellement de machine. En modifiant donc les hypothèses de calcul de la rentabilité économique du tracteur Méthane Power, le scénario d’achat devient tout de suite plus réaliste. Si l’on considère que le prix d’achat est le même que le T6 180 GNR et que le prix du biogaz équivaut à celui du GNR les voyants passent au vert.

Le tracteur T6 biogaz ne coûte pas plus cher que son homologue. Le coût moyen de détention serait de 34,80 euros/h pour une utilisation polyvalente. Dans le cadre d’un tracteur mono tâche au travail du sol par exemple le T6 Méthane power tirerait même son épingle du jeu avec un coût de l’heure de 37,60 euros contre 41,5 pour le modèle en GNR. Il est plus efficient à pleine charge. Au transport uniquement, il n’y aurait pas de différence économique.

L’avis de Nassim Hamiti, chargé de mission agroéquipement Fncuma : « L’enjeu à terme est d’assurer aussi un maillage en ravitaillement de biogaz suffisant »

Les résultats de ces essais nous montrent que la question d’autonomie du T6 Méthane Power n’est pas un grand frein à son intégration dans une exploitation agricole dès lors que le ravitaillement est assuré. Ce tracteur peut effectuer des travaux lourds où il affiche une meilleure sobriété énergétique mais aussi des travaux de transports comme l’épandage qui autorise des passages fréquents aux stations de ravitaillement.

La compétitivité économique du T6 Biogaz comparé au GNR pour son coût d’utilisation est étroitement liée au coût des deux carburants et de l’achat des deux tracteurs. Dans un contexte de tension sur les approvisionnements en pétrole et de ressources pour financer le budget de l’État, il n’est pas exclu de voir les prix du GNR évoluer fortement à la hausse dans les prochaines années. Ce qui rendrait le BioGNV plus compétitif.

Inversement, le coût du biogaz actuellement qui intègre l’investissement dans la station, présente un handicap économique sans les aides et le soutien de l’État. Comme tout marché qui n’est pas mature économiquement, ces soutiens sont nécessaires pour accompagner à la décarbonisation de la traction agricole.

L’enjeu à terme est d’assurer aussi un maillage en ravitaillement de biogaz suffisant pour rendre les territoirs autonomes et favoriser le développement de la traction alternative

Pour plus d’information, retrouvez aussi ces essais sur www.entraid.com :

Sélectionner deux matériels de la même famille pour les comparer