Ce qui a été décidé » dans la loi biodiversité votée par le Parlement, « c’est une interdiction en 2020 » de l’utilisation des néonicotinoïdes, « et la possibilité à partir de 2018 d’interdire s’il y a des alternatives » à ces produits, a rappelé jeudi la première vice-présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, au micro de France Inter. « La loi est votée, on est pragmatique, il faut qu’elle se mette en œuvre », a-t-elle dit, « par contre, on verra au fur et mesure, et si en 2018, il s’avère qu’il n’y a pas de mesure alternative pour certaines productions, (…) le gouvernement en place à ce moment là devra prendre des décisions qui éviteront de tuer certaines productions. »
La responsable syndicale a déploré que le vif débat opposant les défenseurs des abeilles aux cultivateurs qui utilisent des graines enrobées de néonicotinoïdes pour protéger leurs récoltes contre les parasites, ne se soit pas passé « dans un climat apaisé ». « Les éléments scientifiques ont été un peu rangés au placard », a-t-elle déploré. Selon elle, la loi va notamment pénaliser la production de betteraves: c’est une plante « que les abeilles ne butinent pas, il n’y a pas de fleur sur la betterave, en tous cas on la récolte avant qu’il y en ait », a-t-elle souligné.
Agriculteurs, producteurs de biodiversité
« Le seul élément positif (de la loi), c’est qu’il a été reconnu que les agriculteurs sont des producteurs de biodiversité, enfin. C’est-à-dire que le fait de cultiver des champs, d’avoir des cultures très différentes, d’avoir des abords de champs, permet à la faune et à la flore de vivre et d’être là », a ajouté Mme Lambert. Les principales associations environnementales se sont en revanche félicité de cette loi, la Fondation Nicolas Hulot y voyant « une avancée majeure », tout en soulignant la fragilité du texte. L’Union Nationale de l’Apiculture Française et Agir pour l’environnement ont dénoncé des « délais trop tardifs ». « Il est regrettable que des dérogations soient possibles jusqu’en juillet 2020 », indique un communiqué commun rappelant que « près de 300.000 colonies d’abeilles disparaissent chaque année en France et que ces insecticides présentent une rémanence exceptionnelle pouvant se compter en années ».