La SAS Métha-Ferchaud base sa ration sur des ingrédients issus des ateliers des éleveurs associés. Déjà, parce que c’est une des portées fondatrices du projet, et pour prétendre à la prime effluent qui bonifie le tarif de vente de ses kilowattheures, elle utilise 18m3 de lisier, 5t de fumier (porc et bovin) et de la fiente de volaille. A cette fraction majoritaire s’ajoutent de la paille (et menue-paille) et d’autres produits végétaux cultivés par les agriculteurs associés : CIVE, pour Culture à Intermédiaire à Vocation Energétique, et maïs.
L’autonomie, c’est bien mais ça coûte
Cette idée de ne pas vouloir dépendre de l’extérieur pour alimenter sa flore parait aussi être une ambition sage, dans un monde de la gestion du déchet industriel en évolution. Certains précurseurs de la méthanisation ont construit leur modèle économique en intégrant un revenu lié à la valorisation des déchets. «Aujourd’hui, ce n’est plus la peine de compter dessus», coupe Sébastien Boudet, associé de la SAS. Pour autant, son entreprise n’est pas fermée aux approvisionnements externes.
Traçabilité, agrément sanitaire
D’un fournisseur qui paye pour se débarrasser de son produit à l’achat de produits, le producteur d’énergie connait un peu tous les cas de figure. «Tout dépend de ce que nous pouvons récupérer, produire avec, et des contraintes que ça implique», résume-t-il. D’accepter ou non un tel produit se décide en fonction de l’intérêt économique de tout le système. Qu’on se le dise, «nous sommes exigeants», reprend Sébastien Boudet, «nous sommes soumis à agrément sanitaire. Il y a des intrants que nous n’avons pas le droit d’accepter. Nous devons aussi avoir une traçabilité.» Il met en avant que les contrats doivent être précis et la réalité conforme aux engagements. «Nous faisons tourner une entreprise.»
De la gestion
Ainsi, le chef d’exploitation n’accepte pas toutes les propositions de livraison. «Un méthaniseur n’est pas une poubelle, on n’y met pas n’importe quoi», et pas n’importe comment: «il y a des transitions alimentaires à respecter», une certaine stabilité à avoir en somme, sans pour autant rater les opportunités. Sébastien explique qu’il se veut accueillant et ouvert aux propositions. «On nous avait prévenus, ça se vérifie: des coups de fil de droite et de gauche, on en reçoit.» Jusqu’ici, la SAS Métha-Ferchaud a utilisé du marc de pomme, «mais l’entreprise a fermé, nous n’en avons plus», et des déchets verts et tonte de pelouse «quand il y en a.» En ce moment, «nous avons des issues de céréales.»
Se faire sa place et maîtriser le coût alimentaire
«Il y a un équilibre à trouver avec les entreprises privées et les collectivités.» Or cet équilibre peut même être troublé par les approvisionnements internes. A cause de la météo capricieuse: «Cet automne, nous n’avons pas récolté de Cive», illustre l’entrepreneur.
Après la phase de démarrage, le rythme de croisière de la production est atteint. «On est à pleine puissance. L’idée maintenant est qu’on nourrisse avec une ration stable, à un coût de revient moindre.» Cela viendra avec l’expérience, l’amélioration des systèmes de cultures dédiées à l’énergie… Ce ne sera pas sans contractualisation avec l’extérieur, donc, que ce soit avec le territorial publique, «il y aura des opportunités, avec des obligations de valoriser les bio-déchets qui émergent», ou que ce soit avec les entreprises privées de l’agroalimentaire et leurs gestionnaires de déchets. Un nouveau public avec lequel les agriculteurs doivent se familiariser.
Le cas du maïs
«La législation autorise une part de maïs ensilé», rappelle Guénael Hamelin, associé de la SAS Métha Ferchaud, qui utilise à hauteur d’une tonne par jour, cet ingrédient aux pouvoirs remarquables. Méthanogène et tampon, il est un atout pour la production de gaz et pour la stabilité de la flore. L’agriculteur précise: «On a même fait des essais en semant un maïs juste après la moisson», en espérant une récolte ensilée pour le méthaniseur. Comme pour les autres cultures dérobée, l’espoir a été déçu cette année. Le maïs en dérobée n’est pas le seul essai qui a été fait par le groupe: «Nous avons essayé de couvrir un silo en semant du blé dessus», explique Sébastien Boudet. «D’autres producteurs font ainsi, mais nous avons vu que ce maïs», peut être aussi moins bon au départ, «s’est moins bien conservé qu’un autre que nous avions bâché.» Quant à savoir si les producteurs envisagent plutôt d’en utiliser plus ou plutôt moins à l’avenir : En dépit de ses qualités, «c’est une culture qui coûte cher à produire.» |
Des matières à transporter pour la cuma
A la cuma avec laquelle la SAS a des relations privilégiées, rien que pour le lisier, c’est un volume potentiel de l’ordre de 6.000m3 à transporter entre les fosses des élevages et celle qui alimente le digesteur. «Nous avions une Samson PG 25 avec laquelle nous pouvions encore augmenter l’activité», explique Frédéric Davy, responsable atelier de la cuma. Ainsi a été absorbé jusqu’ici le besoin exprimé par la nouvelle entité. Dans l’organisation, un rythme a été trouvé: «on sait qu’environ toutes les deux semaines, il faut prévoir une journée» pour ces livraisons. «On essaye d’apporter du lisier frais et repartir avec du digestat», idéalement épandu aussitôt, peut-être en attendant de nouveaux projets et un prochain épisode sur entraid.com qui en détaillera un peu plus. |
Retrouvez les précédents épisodes:
La ferme apporte lumière et chaleur nouvelles à son territoire
La seconde vie d’un jeune corps de ferme