À la cuma des Vignerons, à Saint-Gengoux-le-National en Saône-et-Loire, les chantiers se déroulent au fil des saisons comme du papier à musique. Il faut dire que cela fait une trentaine d’années que les cinq agriculteurs adhérents obt décidé de mutualiser les chantiers et leurs matériels. Tout le matériel est mis en commun : taille de la vigne, travail du sol, protection phytosanitaire jusqu’à la récolte. Pour cela, ils ont investi, notamment, dans six enjambeurs. Pour que tout se déroule en temps et en heure, l’organisation est rodée. « Au début, nous nous sommes rendu compte que le matériel passait beaucoup de temps sur la route pour aller d’une parcelle au bâtiment de la cuma, se souvient Joël Pierre, ancien président de la cuma. C’était devenu coûteux en entretien, particulièrement avec l’usure des pneus, et consommateur de carburant. »
Paroles et paroles
D’autant plus qu’entre les deux parcelles les plus éloignées, il faut compter une quinzaine de kilomètres. Les cinq viticulteurs ont donc décidé de partager intégralement le travail de la vigne. Cela passe par un même suivi technique. « Nous avons grosso modo le même programme phytosanitaire, illustre Sébastien Landat, actuel président de la cuma. Ainsi, nous pouvons remplir la cuve du pulvérisateur et traiter notre propre parcelle et laisser l’enjambeur à l’adhérent voisin. Cela évite de retourner au bâtiment. »
Même organisation pour les autres travaux comme le désherbage, le travail du sol, l’amendement de l’engrais ou encore le rognage. Pour réussir, il faut une bonne dose de communication. « Tous les lundis matin, on s’appelle ou on se retrouve au bâtiment, explique le président. Là, on expose notre programme prévisionnel de la semaine. À partir de cela, on établit un planning du matériel et on le prépare ensemble. » Il ne s’agit pas ici d’atteler ou de dételer un matériel d’un tracteur ; pour équiper un enjambeur, il faut davantage de temps pour monter et démonter les outils, d’où le besoin de bras.
Mutualiser les chantiers : 2 000 €/ha/an
Bien sûr, rien n’est gravé dans le marbre et les demandes varient selon la météo. « Nous n’avons pas tous le même terroir, ni les mêmes techniques culturales ou les mêmes cépages, reconnaît le vigneron. Mais nous arrivons globalement à rentabiliser les déplacements. » Pour tous les travaux le long de l’année, la cuma arrive à un coût de chantier compris entre 2 000 et 2 250 €/ha/an.
« Pour cela, nous nous appuyons sur du matériel performant que nous renouvelons tous les sept ans, lorsqu’il est amorti, indique Joël Pierre. Cela comprend aussi le carburant, l’entretien, l’assurance, les frais de gestion, etc. » Pendant les vendanges, le groupe passe une vingtaine de jours ensemble. « Nous livrons tous à la même coopérative, précise le président. Mais nous avons des cépages différents ce qui permet d’établir le planning selon les besoins de la coopérative. Mais lorsque le temps nous presse, nous essayons d’avancer la récolte chez chacun de nous pour qu’aucun ne soit pénalisé. »
Cette organisation est, certes, moins coûteuse, mais les deux vignerons le concèdent : il faut vraiment bien s’entendre. Plus qu’un partage de matériel, la cuma des Vignerons c’est aussi un petit groupe technique. « Nous nous retrouvons régulièrement pour partager nos idées et nos envies de faire des essais ou faire différemment, explique Sébastien Landat. Nous faisons partie des ‘groupes 30 000’ qui testent des solutions techniques et agronomiques pilotées par les chambres d’agriculture. » Mais bien plus que tout cela, la cuma des Vignerons c’est aussi un groupe d’amis qui aiment se retrouver pour savourer leur production viticole.
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