Début 2021, 16 élèves du lycée agricole de Montmorot ont visité le gaec du Tartre à Esserval-Tartre dans le Jura. Objectif: comprendre la mutualisation de la fenaison et évaluer les charges de mécanisation associées. Après une partie théorique encadrée par l’animatrice du Jura, Raphaël Ferreux a présenté la partie pratique aux élèves.
Trésorier de la cuma de Cuvier et référent du Jura à la fédération cuma Bourgogne Franche-Comté, il est installé en gaec avec son frère depuis 2001 sur une structure de 120 vaches pour 180ha de SAU et 700.000 litres de lait de référence en AOP Comté. Avec des vêlages toute l’année, 90 vaches à traire, les tâches agricoles et deux associés, il a fallu trouver un équilibre entre répartition des tâches et mécanisation pour rester rémunérateur et avoir une vie de famille.
Le nerf de la guerre? La qualité du fourrage!
Un équilibre atteint en partie grâce à l’outil cuma. En effet, la cuma de Cuvier regroupe sept agriculteurs répartis sur les communes d’Esserval-Tartre et Cuvier. C’est l’activité fauchage qui a marqué un tournant dans la dynamique de ce groupe. Celle-ci possède notamment deux tracteurs 6 cylindres de 150ch qui restent les tracteurs de tête. Ils tractent notamment les tonnes à lisier. Les tracteurs sont renouvelés tous les 5ans, en suivant un cahier des charges précis sur les caractéristiques techniques (puissance) et le prix.
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Par ailleurs, deux groupes de fauche sont répartis entre les communes, avec une faucheuse avant et une arrière de 6m d’envergure. Le renouvellement des faucheuses se fait tous les 4 à 5ans pour garder une qualité de travail. En effet, comme l’explique Raphaël Ferreux, «la qualité du fourrage produit est le nerf de la guerre dans nos systèmes d’exploitations. Le matériel de la cuma doit donc nous permettre d’obtenir la meilleure qualité possible.»
Au total, la cuma fauche 800ha. Ce qui correspond à 240h de travail. La fauche se fait le matin, après communication par sms pour le planning. L’organisation est facilitée par la taille de la cuma et l’histoire du territoire. Les agriculteurs se connaissent depuis longtemps. Ils travaillent ensemble dans les fruitières et n’hésitent donc pas à s’entraider pendant cette période cruciale de récolte des fourrages.
Mutualisation de la fenaison, combien ça coûte?
Ensuite, pour le conditionnement du foin, chaque adhérent s’organise de son côté et possède son propre matériel. Les différences de systèmes (vrac, bottes, etc) ne permettent pas, dans l’organisation actuelle, de mutualiser le travail ou le matériel. Ces différences sont la raison pour laquelle la fauche est également possible en cuma. La pression de l’activité sur le matériel est répartie en fonction des systèmes de conditionnement. Ce qui permet une saison de fauche élargie. Par exemple, le gaec du Tartre possède un séchoir en vrac avec déshumidificateur. Ce système permet entre autre une fauche précoce et par à-coup. Contrairement à un système de conditionnement du foin en botte.
Ce système en vrac a pu voir le jou,r entre autres grâce à la cuma. En effet, Raphaël Ferreux explique aux lycéens qu’il a pu faire des économies conséquentes grâce aux charges de mécanisation partagées. Le tracteur lui revient à 26€/h (sans le gasoil, réparti en fonction des UGB des adhérents), la faucheuse à 35€/h par exemple. Ce raisonnement collectif a permis d’investir dans les bâtiments, auto-construits, les ventilateurs et le déshumidificateur du séchoir.
Un effet boule de neige
Et l’effet boule de neige s’est ressenti. En outre, la qualité accrue du fourrage a permis de faire des économies sur les aliments importés, comme les tourteaux, et de gagner en qualité de lait, améliorant la marge des agriculteurs. Les associés ont pu également investir sur du petit matériel comme des DAC ou des DAL, pour améliorer leur confort au travail. Et l’équilibre est atteint! De manière générale, la stratégie du collectif pour la mécanisation partagée en lait à Comté permet un gain de 10€/1.000l (après impôts et MSA, source cuma BFC et CER France, 2018). Dans d’autres types de système, un gain de temps est également possible lors de la fenaison, jusque 36% soit 1h55 min/ha, avec une organisation collective (source OC MecaA BFC).
Voilà de quoi donner matière à réfléchir aux futurs installés, pour s’engager dans l’agriculture collective!