Sur 29 éleveurs équipés d’outils de détection des vêlages, 23 disent que cela leur a permis de sauver entre 4 et 9 veaux…», rapporte Sophie Valance, de la chambre d’agriculture de Vendée. Malgré ce constat positif, les solutions de monitoring, courantes en élevage laitier, restent moins utilisées en élevage allaitant. Souvent parce que les intéressés hésitent devant leur coût. Une enquête, réalisée avec l’Institut de l’Élevage et financée par le conseil régional des Pays de la Loire en 2015, dresse un premier état des lieux en la matière. «Seuls 5 des 31 enquêtés avaient des détecteurs de chaleurs, même si un sur quatre s’y intéresse.» L’éloignement, la conduite majoritaire au pâturage freinent cette pratique. C’est donc en «alerte vêlage» que les éleveurs connectés investissent en premier. Avec, dans l’échantillon, une préférence marquée pour les sondes vaginales et notamment, les araignées (23 sur 31).
Sauver 4 à 9 veaux
«Pour notre part, nous avons préféré le capteur de queue que nous trouvons moins intrusif et plus hygiénique», indiquent Isabelle et Mickaël Trichet qui, avec un salarié, conduisent 160 mères Charolaises au Gaec du Bois-Guillaume à Ligne (44). Mais leurs observations sur les avantages du monitoring rejoignent celles de leurs collègues. «Durant nos deux périodes de vêlage (fin août/15 octobre, puis février/avril), nous sommes toutes les nuits de garde. Jusque-là, nous mettions le réveil toutes les 3 heures pour regarder la caméra achetée il y a 15 ans. Et forcément, nous étions tous les deux réveillés puisque nous dormons dans le même lit ! A ce rythme, ça va bien durant trois nuits, mais c’est parfois à la quatrième qu’on ne se réveille pas alors qu’il l’aurait fallu…» Il y a deux ans, ils ont donc acheté 12 «Smart Vêl», un investissement de 4000€. «Chaque soir, on observe les mères qui se préparent et, une fois équipées des capteurs, on ne met plus le réveil : on attend les alarmes. Pour le reste, après un temps de calage, ça roule!» En outre, chacun des 12 capteurs étant identifié par un numéro, celui-ci apparait sur le smartphone avec l’alerte: «Si c’est une génisse, on sait que l’on peut encore attendre avant de se lever, sinon on y va.»
Nous n’aurions pas tenu le rythme
Chez eux, la technique n’a pas fait gagner de veau: ils en obtiennent déjà un par mère contre 0,9 en moyenne dans les élevages du département. «En revanche, on n’intervient bien moins et on utilise la vêleuse un tiers de moins.» Un élément lié aussi à la sélection, orientée ici vers la facilité de vêlage: «On sauve aussi plus souvent des jumeaux. Et surtout, on a gagné en confort. Avec les objectifs de performance que nous avons, il n’est pas sûr que nous aurions techniquement tenu ce rythme sans ces outils.» Des inconvénients, il y en a bien sûr. «Notamment en été, quand les vaches suent et perdent parfois les capteurs.» Heureusement, ils sont plusieurs éleveurs équipés dans le secteur et l’un d’eux prête volontiers son détecteur aux collègues pour chercher les boîtiers égarés dans la paille. Isabelle et Mickaël n’ont pas opté pour des détecteurs de chaleur: «Le taureau s’en charge au printemps et l’observation fait le reste.» En revanche, ils pensent compléter un jour le dispositif en installant un retour de vidéo sur leurs smartphones. «Ce serait un plus pour éviter de revenir pour rien quand on est de sortie le soir…»
Pour aller plus loin :
Edition spéciale Sommet de l’Elevage à feuilleter et télécharger en ligne.