[Organisation et optimisation] La moissonneuse traverse la campagne

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[Organisation et optimisation] La moissonneuse traverse la campagne

Gaëtan Brault est trésorier de la cuma de Montjoie. Tous les ans, l’une des moissonneuses voyage jusqu’à l’extrême sud du la Mayenne pour récolter une centaine d’hectares de blé.

Avant que la saison ne batte son plein, la cuma de Montjoie envoie sa plus grande moissonneuse-batteuse travailler plus au sud. En échange, elle reçoit le renfort d’une machine supplémentaire pour assurer le moment clef. Comme si elle avait agrandi son parc sans investir.

Pourtant équipée avec ses trois batteuses, la cuma de Montjoie fait venir une machine supplémentaire pour assurer le coup de bourre de la récolte du blé. Autant pour les 400ha de maïs grain, l’amplitude de la saison permet à une machine seule de faire face, pour le trio colza – orge – blé, 700ha pour la cuma, autant pour le blé, le caractère urgent incite les responsables à pratiquer l’échange de surfaces avec la cuma d’Ampoigné, au sud de la Mayenne, soit 4h de route (en engin agricole) plus loin.

Avoir un maximum d’engins mobilisés au bon endroit au bon moment

Le principe est simple et n’implique aucun transfert d’argent, ce qui est «très bien pour l’entente», juge Gaëtan Brault, trésorier de la cuma de Montjoie: «Nous allons chez eux avec une machine et un chauffeur pour faire 100ha» au moment où le blé mayennais est mûr, puis la cuma d’Ampoigné rend la pareille quand sa saison se tasse et que la campagne du sud Manche s’agite. «Eux ont 4 batteuses et ils font aussi de l’intercuma avec Pré en Pail.»

Priorité à la cuma propriétaire

«Nous descendons avec notre machine de 9m. Le but étant de ne rester que trois jours là-bas», explique le trésorier. «Si nous voyons qu’il faut que la machine remonte prématurément, tant pis: elle ne fait pas ses 100ha et on la remonte», et cette souplesse vaut dans les deux sens. Le but est que chaque groupe serve ses adhérents du mieux possible. «Nous voulons éviter de ne pas pouvoir récolter ici parce que la machine est partie.»

Pour la cuma, ce voyage ajoute une dépense de 120€ de main-d’œuvre et 300l de fioul pour l’aller-retour, 240km au total. «Sur une saison, ce n’est pas grand-chose», estime l’agriculteur normand. Ce fonctionnement est possible grâce au décalage des maturités d’environ une semaine entre les deux secteurs. «Quand eux ramassent le blé, nous n’en sommes qu’à l’orge et au colza.» Il est aussi possible «parce qu’il s’agit de matériels qui font peu d’heures et qui ne sont donc pas usés en fin de carrière. Ce ne serait pas pareil avec d’autres outils», précise le responsable qui estime que la machine pourrait prolonger encore sa saison en migrant vers d’autres surface plus au nord-ouest. Pour l’adhérent, l’échange passe inaperçu, le tarif n’étant pas déterminé en fonction de la machine qui travaille.

Premier échange qui ouvre des opportunités

Á l’origine, «nous nous sommes retrouvés avec quatre machines», après une campagne contrariée par la météo où «tout a dû être fait en dix jours». La cuma de Montjoie se retrouvait donc sur-équipée. «Nous ne voulions pas prendre d’hectares supplémentaires.» Il restait la solution de l’entraide. «Notre chauffeur connaissait la cuma d’Ampoigné. Nous leur avons loué la 4e machine pour la première saison, puis nous la leur avons vendue», se souvient Gaëtan Brault. L’échange a commencé après ce mercato qui a aussi facilité d’autres échanges: «Nous avons été coincés pour presser de la paille l’an dernier. Ils sont venus, nous ont demandé de l’ensilage en échange, nous sommes allés 2 jours pour faire 60 ha là-bas.» Une histoire d’hommes et de confiance.

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