Dans les régions Bourgogne – Franche-Comté, Centre – Val-de-Loire, Nouvelle-Aquitaine, Pays-de-Loire, 20 à 30% des surfaces de blé tendre ont souffert de conditions de culture jugées mauvaises ou très mauvaises, selon FranceAgrimer. L’appréciation est plus sévère encore pour l’orge d’hiver. Conséquence logique: les rendements en 2020 diminuent dans ces régions. Les moyennes nationales de rendement présentées par Agreste début juillet ont révélé des pertes de rendements allant de 20 à 30% selon les régions. Le rendement du blé tendre est estimé à 71,1q/ha, en baisse de – 8 quintaux par rapport à 2019. En colza, on passerait de 31,6q/ha à 30,3q/ha.
Des disparités
Le quart nord-est de la France semble mieux s’en tirer tirer… Les zones intermédiaires avec des terres à faible potentiel sont davantage affectées par ces mauvais résultats. En Bourgogne – Franche-Comté, on table pour les blés tendres à 63 quintaux alors que la moyenne quinquennale s’élève à 68, d’après les chiffres relevés pas Agreste dans la région. Même tendance baissière pour l’orge, dont les performances se situeraient à 53 quintaux contre une moyenne à 64 les cinq dernières années. Le colza ne s’en sort pas mieux à 24 contre 31 habituellement. Désillusion aussi pour le poids à 28q/ha alors que les producteurs en général en récoltent 35.
Des échos négatifs remontent aussi de la région Centre où certains agriculteurs se remémorent la campagne céréalière douloureuse de 2016. Dans la région limitrophe du Poitou-Charentes, les témoignages des producteurs sont mitigés: à seulement quelques dizaines de kilomètres de distance parfois, on exprime de la déception ou de la satisfaction. Le type de sol, mais aussi la variété choisie ou l’itinéraire technique suivi, génèrent de gros écarts. Les statistiques remontées par Agreste en Nouvelle-Aquitaine attestent de ces fortes disparités. En orge d’hiver, les écarts de rendement oscillent de 30 à 65q/ha ! En blé tendre, on s’attend également à des performances inférieures.
Dans cette région, la coopérative Océalia a comptabilisé seulement 55q/ha en moyenne en blé tendre et 52 en blé dur. Heureusement, la qualité des grains est au rendez-vous: 11,7% de protéines et 78 de PS. Quand au cours, on attend que les récoltes soient davantage avancées pour se prononcer. En contrepartie de la diminution des céréales à paille, Océalia observe sur son territoire une progression des cultures de printemps, maïs et tournesol principalement. Elle espère que le climat réservera suffisamment de pluies pour que ces cultures puissent donner des rendements corrects…
Cumul de raisons
En Pays-de-Loire aussi domine la déception en céréales à paille. Dans cette région, Arvalis – Institut du Végétal analyse en détail, dans une note technique, les raisons agronomiques de ces mauvais résultats: «Une succession d’épisodes climatiques prolongés défavorables (excès d’eau puis périodes marquées de sécheresse au printemps), une douceur extrême qui favorise la présence continue de pucerons, vecteur de virose qui affaiblit les plante et perturbe la fertilité des épis, un floraison au cours d’une période fraîche et pluvieuse responsable du développement des maladies de l’épi…»
Inquiétude sur la paille
Si les producteurs de céréales sont attachés au rendement, à la qualité et au prix des grains, de leur côté, les éleveurs sont attentifs à la disponibilité en paille. Notamment pour cette campagne 2020 marqué par un recul de 7,5% des surfaces de blé tendre. Contre les risques de déficit fourrager, le Modef réclame donc l’application d’un «prix plafond à 75€/t pour la paille et 90 pour le foin (transport compris) afin de stopper la spéculation sur la paille et le foin.» Le syndicat demande dans le même temps l’autorisation de récolter les jachères à titre gratuit à partir du 20 juillet…
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