En périphérie lyonnaise, la cuma du Grand Trèfle regroupe 6 adhérents installés en agriculture biologique. «La cuma s’est formée avec quatre agriculteurs qui avaient la volonté d’aller vers l’agriculture biologique. La cuma permet de ne pas être seul pour aller vers cette transition», indique Bertrand Rabatel, président de la cuma. Avec le passage en bio des exploitations, les adhérents ont modifié leur rotation et mis en place d’autres cultures pour une surface de 450ha. «En plus du blé, nous avons des productions de lentille, de pois chiche, d’orge, de blé, de colza, de sarrasin ou de haricot sec. Nous nous sommes alors posé la question de la récolte de toutes ces cultures différentes. Nous voulions d’abord réaliser un travail de qualité. La solution choisie a été la moisson décomposée.»
180.500 € pour la chaîne de récolte en moisson décomposée
La technique consiste à faucher et andainer la culture avant la récolte qui s’effectue avec la moissonneuse. Pour la première étape, plusieurs choix s’offraient aux adhérents. Il y a tout d’abord les automoteurs spécifiques. «Le problème est que beaucoup d’entre eux sont vendus sans homologation pour les déplacements sur route. Avec un salarié et des exploitations en périphérie urbaine, c’est un risque que nous ne voulons pas prendre.» La seconde solution était l’acquisition d’un tracteur à poste inversé sur lequel serait attelée la coupe pour l’opération de fauchage andainage.
La solution finalement retenue est plus originale. La cuma a acheté une ensileuse New Holland FX 28 avec 2.200h au compteur pour 18.000€. «Nous avons fait réaliser des modifications pour accueillir la barre de coupe pour 16.000€.» À l’avant la cuma a investi dans une coupe Honey Bee de 6,70m pour 67.500€.
Pour la moissonneuse-batteuse, la cuma a fait le choix d’une Case IH Axial 2366 d’occasion de 250ch et 2500 h pour 55.000 €. À l’avant un pick-up Shelbourne neuf acheté 24.000€ vient clore les investissements.
Des tarifs adaptés en moisson décomposée
Dans les tarifs, le GNR et la main-d’œuvre, à hauteur de 25€/h, sont pris en compte. Comme la partie récolte, les tarifs sont aussi décomposés.
Pour la coupe installée sur l’ensileuse, le tarif est 66€/ha. Pour l’ensileuse, il est fixé à 100€/h. «Quand on fauche et andaine 1ha de blé, de lentille ou de haricot, le travail est le même pour la barre de coupe. Par contre pour les haricots ou les lentilles, l’adhérent va demander de travailler moins vite pour tout ramasser et faire du bon travail. On est dans ce cas avec un débit de chantier qui tourne autour de 1ha/h. Dans du blé, quand tout se passe bien on atteint des rendements de 5ha/h.»
Comme l’ensileuse, la moissonneuse-batteuse avec son pick-up a un tarif à l’heure qui est de 200€. «Si tout se passe bien, la moissonneuse travaille 3ha/h dans les andains. Quand un adhérent a bien fait son travail il paye moins cher car la récolte se déroule plus vite que chez quelqu’un dont la culture serait pleine d’herbe. Avec ce tarif, ce n’est pas la cuma qui supporte les erreurs de culture.»
Gagner dix jours sur la date de récolte
Le premier avantage de la technique de récolte décomposée est de gommer les irrégularités de maturité dans une même parcelle. «Dans du blé par exemple, nous avions du mal à obtenir des grains avec une humidité régulière. Le fait d’andainer permet d’avoir une récolte homogène.»
Le second avantage est un gain d’une dizaine de jours sur les dates de récolte classiques. «Cette avance permet d’implanter une seconde culture dans de meilleures conditions. Par exemple, du soja derrière de l’orge ou du sarrasin après le blé.»
Avoir une dizaine de jours sur la date de récolte, c’est aussi gagner sur le développement des adventices et pouvoir éviter la montée en graines de certaines. « En plus, l’opération de fauchage permet aussi de sécher les adventices présentes dans la culture. On obtient une récolte plus propre et plus facile à trier.»
Un coup de main à prendre
Pour bien réaliser l’andain dans un blé, la culture doit être déposée à terre dans le même sens. Les épis doivent être rangés comme les tuiles sur un toit. Il faut aussi laisser passer l’air sous l’andain. Pour cela la hauteur de coupe doit être supérieure à 10cm. «C’est un coup de main à prendre. Un andain bien réalisé permet aussi de lutter contre les effets d’une pluie durant la période de séchage. L’eau pénètre difficilement dans les andains et s’écoule sur les côtés. Mais le plus difficile reste de choisir le bon stade de développement de la culture pour réaliser l’andainage.»
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