La filière laitière obligée de s’adapter

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La filière laitière obligée de s’adapter

Normalement au mois d'avril, les vaches retournent dans les champs mais l'épidémie de covid19 change les plans des éleveurs laitiers.

"A situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle": en raison de l'épidémie de Covid-19, les professionnels du lait veulent réduire la production en France au mois d'avril, traditionnelle période de pic d'activité, pour éviter un engorgement.

Entre les perturbations sur les sites de fabrication des produits et la réduction des marchés sur lesquels les commercialiser, la filière laitière fait face à de nombreux défis à cause de la crise sanitaire.

Dans ce contexte, difficile pour elle d’absorber le pic de production de lait, attendu comme tous les ans au mois d’avril, lorsque les vaches retrouvent les pâturages.

Aussi, « on s’est mis d’accord sur un schéma de réduction de la production de lait au mois d’avril (…) qui serait compensée avec la mise en place d’un fonds », a indiqué mercredi à l’AFP Thierry Roquefeuil, président du Cniel, organisme qui représente l’ensemble de la filière laitière.

Les éleveurs sont appelés, sur la base du volontariat, à réduire leur production du mois de 2 à 5% par rapport au volume d’avril 2019.

Le fonds de 10 millions d’euros, alimenté par l’interprofession, permettra d’indemniser ceux qui joueront le jeu à hauteur de 320 euros les 1.000 litres de lait, un prix moyen par rapport à ceux pratiqués en avril.

« C’est vraiment une mesure exceptionnelle, la filière se prend en main, mais il faut que chacun fasse ensuite des efforts à son niveau », a commenté M. Roquefeuil, tout en appelant les pouvoirs publics à intervenir.

Cette mesure, qui doit être validée par l’Union européenne, permettra de diminuer d’environ 30 millions de litres la production en avril afin d’atténuer le pic de collecte saisonnier. Les éleveurs produisent habituellement 3,3% de lait en plus lors de ce mois, soit environ 64 millions de litres supplémentaires.

« Depuis quelques jours, des entreprises envoyaient des courriers aux éleveurs pour leur demander de réduire la production sans compensation », a expliqué à l’AFP Marie-Thérèse Bonneau, vice-présidente de la fédération des producteurs laitiers (FNPL).

La mesure de l’interprofession « permet de mutualiser la problématique, il faut que chaque maillon soit solidaire et travaille pour que l’ensemble du lait produit soit transformé », a-t-elle ajouté.

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Flux tendu

A l’heure actuelle, la filière est dans une situation trop tendue pour absorber le pic habituel de lait, du fait de la crise liée à l’épidémie de Covid-19.

« Il faut arriver à faire face au pic de collecte avec moins de salariés dans les usines », a décrit auprès de l’AFP Damien Lacombe, président de la Coopération laitière, évoquant des taux d’absentéisme autour de 15 à 20% en moyenne dans les coopératives, voire plus dans les régions très touchées par l’épidémie.

La filière doit aussi s’adapter à une forte évolution de ses marchés.

« On fait face à la problématique de changement d’habitudes de consommation », souligne M. Roquefeuil du Cniel, expliquant que certains produits plutôt consommés dans les restaurants, comme les fromages AOP, étaient en mal de débouchés, tandis que d’autres, tels que le beurre et la crème, étaient très demandés, obligeant les fabricants à adapter leur outil industriel.

Or, « certains outils sont spécifiques », a rappelé M. Lacombe. L’enjeu est ainsi de parvenir à s’adapter pour « répondre à une demande plus forte par exemple sur le beurre ou le fromage râpé » et de « faire tourner au ralenti » d’autres sites, a-t-il détaillé.

Pour surmonter cette période, le Cniel demande également de débloquer des aides européennes, permettant d’indemniser les entreprises qui acceptent de stocker des produits (fromage, beurre, poudre).

La filière a rarement dû prendre des décisions aussi drastiques.

En 2016, les producteurs français de lait avaient volontairement réduit leur production dans un contexte de surproduction mondiale et de chute des prix. En échange, ils avaient perçu une indemnisation, conformément à une décision prise au niveau européen.

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