A la cuma du Bourgeais
Sur son exploitation de 30 hectares située à Bourg-sur-Gironde, Jean Eynard remplace en moyenne annuellement entre 1500 et 2000 pieds de vigne suite aux conséquences des maladies du bois. Sans compter les pertes de récolte, l’intervention d’un entrepreneur en charge de la complantation induit une charge de 1500 euros par an environ.
Face à l’importance du phénomène qui s’amplifie année après année, la question de la réalisation de la complantation par ses propres moyens s’est posée. C’est donc tout naturellement au sein de la cuma du Bourgeais, créée en 2005 avec 14 autres vignerons, qu’a été envisagé l’investissement dans une mini-pelle.
En lien avec trois autres adhérents, la décision d’investir dans ce matériel s’est concrétisée en avril 2016 par l’achat d’une mini-pelle Caterpillar d’une force d’arrachement de 2,2 tonnes. «Dans la gamme des mini-pelles compactes adaptées à des vignes de 1,5 m de largeur, nous avons fait ce choix-là car c’est la plus puissante», justifie Jean Eynard.
L’investissement dans cette mini-pelle équipée d’un godet griffe déporté de marque Jeko et de deux bacs, ainsi que dans une remorque pour son transport, a représenté un montant de 33000€, subventionné à hauteur de 30% du fait de la présence d’un adhérent jeune agriculteur au sein de la cuma. «D’un point de vue organisationnel, il n’y a aucun problème. Sachant qu’il faut approximativement une semaine pour remplacer 1500 ceps, nous devrions réaliser ces travaux sur nos quatre exploitations sans difficulté durant le mois d’avril», précise-t-il.
Destinés à stocker d’une part les plants de vigne et les tuteurs et, d’autre part, les ceps morts, les bacs permettent de réaliser le chantier en un seul et unique passage. In fine, la réalisation par le vigneron de la contre-plantation mobilise deux personnes, le piéton et le conducteur de la pelle, contre une seule personne, le piéton, dans le cas de la réalisation du chantier par un prestataire.
Les quatre vignerons tablent sur un forfait de 1250€ par an. Un montant auquel il faut toutefois rajouter le coût du gazoil et du chauffeur, et qui se situe approximativement au même niveau qu’avec un prestataire, autour de 1500€.
«La différence vient du fait de la polyvalence de ce matériel qui nous permet de l’utiliser pour d’autres travaux comme l’entretien des talus et fossés ou comme ce fut le cas pour moi lors de la construction d’un hangar. C’est le bénéfice que nous tirons de cet investissement», conclut-il. Finalement, lorsqu’on interroge Jean Eynard sur la pertinence économique d’élargir l’adhésion à d’autres vignerons, il répond: «nous allons d’abord tester cette première année de fonctionnement à quatre et si tout se déroule bien, alors, nous aviserons.»
A la cuma L’Epernon
A l’origine de la création de la cuma de l’Epernon en 2015, il y a quatre vignerons confrontés à la même problématique au sein de leurs vignobles, la recrudescence des maladies du bois. «En vue de pallier les pertes de rendements de plus en plus importantes liées à la mortalité des ceps, nous avons engagé une réflexion autour de l’investissement dans une mini-pelle afin de pouvoir réaliser nous-mêmes la complantation», explique Damien Chombart, vice-président de la cuma et propriétaire du Château Lamothe à Haux. L’idée de cette cuma étant, plus largement, de mutualiser les investissements dans des matériels spécifiques utilisés occasionnellement.
Leur tout premier investissement dans un volucompteur utilisé en cave a été suivi de l’achat d’une mini-pelle destinée non seulement à la complantation mais aussi à l’installation du palissage dans les nouvelles plantations ainsi qu’à l’entretien des fossés ou encore le mélange de la terre du Phytobac…
Autant d’utilisations qui, selon eux, justifient amplement les 45000€, subventionnés à hauteur de 40%, investis dans la mini-pelle Kubota équipée d’un godet griffe, d’un marteau vibreur et d’un plateau de transport. Au terme d’une demi-année de fonctionnement, le bilan est largement positif.
«Jusqu’à présent, la complantation réalisée par un prestataire représentait un coût de 4 à 5000€ par an en fonction des années contre 2000€ aujourd’hui avec la mini-pelle», précise Damien Chombart. Malgré le coût du chauffeur de la mini-pelle qu’il faut introduire, l’intérêt économique reste significatif. D’autant que, grâce à la mini-pelle, les vignerons installent eux-mêmes le palissage dans leurs jeunes vignes. Et là encore, le gain est substantiel. Compte tenu des densités élevées, de l’ordre de 4 à 5000 pieds par hectare, la mini-pelle qui permet de planter quatre rangs à la fois contre un avec un tracteur, est à l’origine d’une économie de temps considérable.
De surcroît, elle évite une usure importante du tracteur dont l’embrayage est mis à rude épreuve lors de la plantation des piquets, comme en témoigne le responsable technique du Château Lamothe. «A cause de l’installation des palissages que l’on réalisait jusqu’à présent avec notre tracteur qui manquait de puissance, nous étions dans l’obligation de refaire l’embrayage tous les deux ans.»
Outre l’intérêt économique direct induit par cet investissement, c’est aussi d’un point de vue qualitatif que Damien Chombart l’appréhende. «Grâce à l’achat de la mini-pelle, nous allons pouvoir suivre plus régulièrement le remplacement des ceps morts ou malades et ainsi garantir une plus grande homogénéité du vignoble. Ce qui va se traduire par un gain qualitatif des raisins et, in fine, de nos vins.»
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