« Exceptionnelle en quantité et en qualité », la récolte de raisin en Champagne a bénéficié d’un hiver humide qui a rechargé les nappes phréatiques et d’un été chaud et sec, selon Maxime Toubart, président du Syndicat général des vignerons de la Champagne.
« Je n’ai pas eu un grain de raisin de pourri cette année, beaucoup de vignerons ont dit qu’ils n’avaient jamais vu une année comme celle-ci » a ajouté M. Toubart lors d’une rencontre avec la presse à Paris.
Même son de cloche dans la Bourgogne voisine, où le président du bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB), François Labet évoque une « qualité remarquable », et attend des blancs « exceptionnels ».
« L’équilibre est bien là. Couleur et extraction pour les rouges, minéralité et fraîcheur pour les blancs », promet le BIVB, évoquant « une météo très clémente et une qualité sanitaire parfaite » ainsi qu' »une récolte qui a débuté tôt ».
« On est dans la lignée des millésimes précédents, indéniablement, le réchauffement climatique nous est bénéfique à nous, région septentrionale. Le pinot et le chardonnay aiment ces conditions », estime M. Labet.
L’est de la France a été particulièrement touché par une forte sécheresse cet été, qui a notamment affecté les éleveurs manquant de pâturages. Mais la vigne, en état sanitaire exceptionnel, c’est-à-dire sans pourritures dues à un surcroît d’humidité, en a profité au maximum, atteignant une maturation optimale très tôt.
En Champagne, le sol si particulier de la région a joué à plein son rôle de thermo-régulateur: la craie gorgée d’eau au printemps a restitué tout au long de l’été des réserves d’humidité aux racines profondes de la vigne. Les vendanges ont été historiquement précoces.
Les réserves reconstituées
Les viticulteurs champenois ont même pu cette année recharger leurs « réserves » légales de vin, dans lesquelles ils avaient largement puisé les années précédentes, pour compenser les mauvaises ou faibles récoltes dues à une succession d’accidents météo, gels ou grêle.
Un millier de vignerons sur les 15.000 que compte la Champagne étaient tombés au dessous des 1.000 kg de réserve, alors que le plafond est à 8.000, a souligné M. Toubart.
« Nous avons de bons espoirs que cette année soit millésimée en champagne » a-t-il ajouté. Hormis les très grandes années, le champagne n’est pas identifié à une récolte précise, il est issu de plusieurs années, voire de plusieurs récoltants, selon les assemblages (tenus secrets) des chefs de cave champenois.
Le « brut sans année » constitue 80% du business mondial du champagne, souligne Régis Camus, chef de cave de la maison Piper-Heidsieck de 2002 à 2018, lors d’un entretien avec l’AFP.
Son dernier grand millésime date de 2008, « la photo d’une belle année », selon M. Camus qui estime que 2018 sera « probablement aussi » un millésime, la décision devant se prendre en janvier ou février en fonction de l’évolution du vin.
Les champagnes millésimés restent 30 mois couchés en cave au lieu de 15 mois pour les brut sans année, ce qui augmente de facto leur coût de fabrication et donc leur prix de vente. En général, il est « 30 à 50% plus cher », car « les bouteilles sont souvent un peu spéciales », indique M. Toubart.
A Bordeaux, dans les régions qui n’ont pas été touchées par le mildiou, le bel été sec a produit les mêmes effets et un bon millésime est attendu. Mais les récoltes ont été amputées par des attaques de mildiou, des moisissures dues aux fortes pluies de printemps, qui ont affecté 10.000 hectares de vignoble. Le Sud a lui aussi été touché.