Concernant la méthanisation, la plupart des initiatives sont issues de la réflexion d’agriculteurs soucieux de créer des outils directement intégrés dans leurs exploitations, ou d’envergure locale avec assez peu d’acteurs extérieurs. L’enjeu de la réflexion est d’avoir des gisements de matières d’origine exclusivement ou majoritairement agricole pour en évaluer la durabilité et la tarification à court et moyen terme. La technologie la plus présente est «l’infiniment mélangé», avec des puissances produites de 120 à 250 KW. Ce qui a pour conséquence de devoir gérer des milliers de mètres cubes de digestat liquide. Comment gérer l’épandage du digestat en cuma?
Entre facteurs météo, contraintes agronomiques et organisation du travail, les chantiers d’épandage ne sont finalement pas négligeables dans l’organisation des exploitations et demandent d’être réactifs. Pour certains, la réponse est claire, avec un recours à des prestataires de services. Mais dans d’autres cas, où plusieurs exploitations contribuent au projet, les cuma locales existent déjà avec des outils d’épandage standard. D’où la réflexion: la cuma doit-elle répondre à ces demandes en adaptant son parc avec des outils d’épandage de précision? D’autant plus qu’il s’agit souvent de matériels onéreux.
Epandage du digestat en cuma: 600 à 1.000 m3 par jour
Tout d’abord, en Haute-Marne, la cuma de Villemoron a investi spécifiquement dans trois tonnes de ravitaillement et une tonne d’épandage en 20m3. Une stratégie pour gérer les 16.000m3 de digestat qui retourne vers les quatre exploitations impliquées en méthanisation. Avec des distances limitées et des surfaces épandables importantes, la logistique de transport reste le «tout tracteur». En outre, les débits journaliers varient de 600 à 1.000m3.
Les coûts d’épandage globaux varient selon les distances de 4 à 6€/m3.
Ensuite, aux environs de Bourmont, à la cuma des Sources, les sections épandages solide et liquide existaient déjà. Donc la cuma a réfléchi à l’adaptation de son parc en respectant les contraintes de sols et de topographie locale. A ce jour, trois tonnes à pendillards sont présentes en 10, 16 et 21m3 pour satisfaire aux différentes situations. La logistique est plus hétéroclite, allant de citernes d’occasion, en passant par la location de poids lourds pour gérer l’approvisionnement en direct, ou par des poches de transfert pour les parcelles éloignées.
10 tonnes par hectare
Enfin, la cuma de Villesec a choisi de répondre oui à la demande d’un méthaniseur agricole en voie sèche. Par définition, les volumes sont principalement solides. Après une phase d’essais, un épandeur à table a été investi en ayant pour objectif qu’il puisse aussi servir pour d’autres matières où la précision d’épandage est devenue indispensable. Environ 4.000 tonnes de digestat solide sont épandues à des doses d’environ 10t/ha.
Dans les deux ans à venir, environs 15 projets vont voir le jour et plusieurs cuma vont aussi avoir ces questions à gérer. Voilà de quoi mettre en débat dans les groupes des questionnements plus larges, sur l’optimisation des tracteurs ou encore l’embauche partagée. Avec des zones plus denses en implantation de sites, le débat pourra encore aller plus loin sur l’approche territoriale globale. Et peut-être trouver des synergies pour éviter des pertes de temps et d’argent. Notamment autour de la logistique de transport.
Pour aller plus loin sur la thématique du rôle des cuma dans le développement de la méthanisation:
Logistique d’épandage: la carte à jouer des cuma dans le développement de la méthanisation.