La mise en œuvre du plan n’est pas acceptable car elle est trop complexe, nous sommes furieux », a déclaré M. Beulin lors d’une rencontre avec la presse. « Le Premier ministre nous a entendus, mais l’administration torpille le plan ». Avec ce plan, l’Etat est censé, via la Banque publique d’investissement (BPI) se porter garant de la moitié des prêts des agriculteurs en difficulté, l’autre moitié devant être prise en charge par les banques. Le plan « devait être mis en œuvre immédiatement », a rappelé M. Beulin: « nous avions prévu des milliers de dossiers de demande, mais aucun dossier n’a été traité à ce jour, les dossiers ne sont pas instruits ».
Le ministère de l’Agriculture a rejeté les critiques en les qualifiant « d’infondées », rappelant que « les instructions nécessaires à la mise en place opérationnelle du Pacte » ont été publiées le 28 octobre. « La rapidité de la mise en place des mesures d’application témoigne de la préoccupation du gouvernement d’offrir aux agriculteurs une solution rapide, concertée avec les OPA, les banques et Bpifrance », a-t-il expliqué dans une réaction transmise à l’AFP. « Ainsi, la garantie publique sera prise en charge en intégralité pour les agriculteurs les plus en difficulté, cela n’a jamais été fait auparavant », a-t-il souligné. Le responsable du principal syndicat agricole a demandé qu’une délégation de gestion et d’appréciation de chaque dossier soit accordée aux banques qui gèrent les dossiers pour agir au nom de la BPI, afin de pouvoir accélérer la manœuvre. Selon le ministère, l’établissement bancaire « se chargera de demander l’octroi de la garantie » et une réponse sera donnée « dans un délai de 5 jours ouvrés ».
Pendant ce temps, la situation financière des agriculteurs s’aggrave. Selon la MSA, la sécurité sociale agricole, 30% des agriculteurs ont eu des revenus inférieurs à 350 euros par mois en 2015. « Le président de la MSA anticipe que 60% des exploitants français pourraient passer en dessous de ce seuil en 2016 » a ajouté M. Beulin, qui juge par ailleurs « pas acceptable » le dispositif d’aide à la reconversion proposé. « La même semaine, le gouvernement a annoncé 400 millions d’euros pour le plan Alstom. Et sur l’aide à la reconversion pour les agriculteurs qui veulent quitter l’activité, il nous est proposé 3.100 euros par exploitant auxquels s’ajoutent 1.500 euros pour celui qui sera amené à déménager, c’est se foutre du monde » a-t-il dit.
Face à une récolte de blé au plus bas depuis la deuxième guerre mondiale et une récolte de maïs au plus bas depuis 20 ans, l’exécutif a annoncé un plan de soutien le 4 octobre. La récolte céréalière catastrophique s’ajoute à une crise persistante de l’élevage bovin et du lait. « Une fois de plus l’administration a torpillé une décision politique », a commenté le président du syndicat des Jeunes Agriculteurs. Il a également fustigé les retards de paiement des aides communautaires par l’administration française dont les causes sont régulièrement attribuées par le ministère à des problèmes informatiques. « Les jeunes qui ont touché les aides à l’installation cette année ne peuvent pas toucher leurs aides PAC (auxquelles ils ont droit, NDLR), car l’ordinateur ne peut pas le faire » a-t-il dit.
Paris, 10 nov 2016 (AFP)