« Matériels trop chers ? Des solutions collectives émergent ! », tel était le titre d’un débat le 18 septembre dernier au Salon aux Champs. Inès Tayeb, ingénieur agronome, a d’abord dressé le tableau d’une étude réalisée à la Fncuma. Entre 2010 et 2018, le prix des tracteurs achetés par les Cuma a augmenté de 4,5% par an, beaucoup plus que leur puissance moyenne. Ce phénomène s’explique de plusieurs manières : l’inflation, les réglementations qui obligent à complexifier les matériels, l’arrivée de nouvelles technologies, la hausse des matières premières, la marge des fabricants. Un constructeur explique que le seul passage de le norme moteur Stage IV à Stage V fait grimper le coût d’un tracteur de 14%. Mais comme le fait remarquer un cumiste, des matériels basiques comme les cueilleurs à maïs n’évoluent pas et coûtent pourtant nettement plus cher chaque année.
Plus de technologie
Si les matériels augmentent autant, le niveau des spécifications y est sans doute pour quelque chose. Reste à savoir si les clients en sont vraiment demandeurs ou pas. Il est toujours possible d’acheter un tracteur à bas prix, s’il est par exemple dépourvu de climatisation et de pont suspendu, et muni d’une transmission mécanique. Mais qui en veut aujourd’hui ? Les Cuma qui font la démarche de définir un cahier des charges avant tout investissement définissent leur besoin et refusent de se faire fourguer au passage des options superflues qui gonflent le prix. C’est un premier pas. Mais comme le fait remarquer un responsable de Cuma, il arrive régulièrement que ce matériel longuement réfléchi ne soit pas disponible rapidement, alors qu’un autre suréquipé et plus cher est justement en parc chez le concessionnaire. D’où l’importance d’anticiper pour qui veut obtenir en temps voulu un matériel à ses mesures et à un juste prix.
Une bonne valeur de reprise
Dernière marge de manœuvre à la portée du particulier ou de la Cuma évoquée au cours de ce débat : la revente du matériel précédent. Comme le rappelle François Le Ber, directeur de l’Union des Cuma des Pays de la Loire, il faut d’abord de la clarté. Trop d’offres de concessionnaires avec reprise ne mentionnent que la soulte sans donner le détail des montants du neuf et de cette reprise. Les témoignages dans la salle montrent qu’il est rentable de s’occuper soi-même de la revente.
Des appels d’offres à venir
Viennent ensuite des pistes d’optimisation « plus ambitieuses », comme les qualifie Inès Tayeb. Parmi elles, l’appel d’offres lancé fin 2018 par l’Union des Cuma des Pays de la Loire. Il s’est traduit par un lot de 30 télescopiques Manitou à prix serré. Vincent Douillard, président de l’Union des Cuma, a fait partie des acquéreurs avec sa Cuma. Il estime avoir gagné 6000 à 7000 € sur le prix du télescopique acheté par son groupe, et autant sur la valeur de revente de l’ancien en le négociant en direct par petites annonces au lieu de le faire reprendre dans la transaction. Cet appel d’offres régional a également fait pression à la baisse sur les prix des autres marques, signalent des observateurs. Le mouvement est donc positif pour les Cuma mais aussi au-delà. Il va se poursuivre, sachant qu’il reste à trouver le modèle économique pour financer l’organisation de cette nouvelle démarche d’appels d’offre cuma.
En complément : tous nos articles sur le Salon aux Champs, et le site officiel de la manifestation.