Développer les productions de niche, c’est le choix qui a été fait par certains exploitants de Trets. Dans cette région, les parcelles sont petites et les sols sont peu favorables à la culture des céréales. Ils ont donc préféré se tourner vers des cultures qui engendrent plus de chiffre d’affaire : plantes aromatiques (thym, romarin, sarriette, origan) pour la production d’herbes de Provence et rhizomes d’iris pour la parfumerie. La cuma la Farigoule, dont Yves Michel est le président, a été créée en 2003 pour accompagner ces productions particulières. Une récolteuse pour le thym, une pour l’origan et la sarriette, un épandeur à fumier, un autre pour l’engrais ; du matériel qui ressemble à celui utilisé en maraîchage. Pour ce qui est des iris, une récolteuse, des remorques à fond mouvant (qui évitent de benner et donc d’abîmer la récolte). Enfin, la cuma s’est dotée d’un tracteur de 80 chevaux pour conduire la récolteuse.
Se grouper autour d’une culture particulière
Particularité de la culture d’iris : on produit des rhizomes. Ceux-ci sont plantés, laissés en terre trois années, puis arrachés. Après lavage et séchage, on en tire une huile essentielle utilisée en parfumerie. Chaque année, les producteurs arrachent un tiers des surfaces cultivées en iris et mettent en terre la même surface, de manière à obtenir un roulement et donc une production régulière. Cette production permet 15 à 16 000 € de chiffre d’affaire par hectare en moyenne. A l’origine, elle était plutôt conduite en Toscane, mais dans cette région d’Italie, les sols sont très en pente et étagés, de sorte qu’il est difficile de mécaniser. Il en découle des coûts de production très élevés. Dans les Bouches-du-Rhône, les parcelles sont plus facilement mécanisables donc les coûts sont plus bas. Les producteurs ont aussi un débouché assuré puisque la totalité de la production est achetée par les laboratoire de parfumerie. En outre, « c’est une culture facile », souligne Yves Michel. Il n’y a pas de problème de maladie, de gel ou de sécheresse. Aucun traitement phytosanitaire n’est nécessaire. Il y a donc très peu de travail en dehors de la plantation et de la récolte. Seul un désherbage souvent mécanique, voire manuel est pratiqué entre les deux. « Cela laisse du temps libre pour les autres cultures ».
une cuma petite mais solide
La Farigoule est une petite cuma. Elle regroupe 3 exploitants pour les herbes aromatiques ; ils étaient 5 à la création mais l’un d’eux a « délocalisé » sa production et un autre a pris sa retraite. Ils sont 4, bientôt 5 pour les iris. Tous les adhérents étant aussi viticulteurs, il y a également un groupe consacré à la production viticole, via notamment une machine à vendanger regroupant 6 exploitants.
« Notre cuma est petite, mais elle gère beaucoup de matériel et de productions », raconte Yves Michel. De fait, l’objectif n’est pas de s’agrandir mais de pérenniser un système qui fonctionne bien et permet d’avoir accès au matériel nécessaire sans sacrifier les marges.