L’agroéquipement n’était pas une vocation pour Marie-Flore Doutreleau. L’agriculture, si. Déterminée, celle qui passait toutes ses vacances « à la ferme plutôt qu’à la mer », a toujours voulu travailler aux côtés des agriculteurs pour accompagner au quotidien les changements sur les exploitations. Elle qui discutait volontiers « machines » avec son père et ses cousins, voulait être conseillère agricole, un rôle qu’elle imaginait plutôt dans le secteur de l’élevage. Puis, au fil de son parcours et surtout de ses stages, son goût pour l’agronomie s’est développé.
« J’ai commencé par effectuer mon stage de 3e avec des techniciens de Denkavit (alimentation animale), suite à un contact pris sur l’exploitation de mon oncle. » Elle choisit ensuite le lycée agricole le plus proche, dans lequel elle se sent plus à l’aise que dans le lycée général de secteur.
Elle s’oriente ensuite vers un bac technique. « C’était ce qui me plaisait, » précise-t-elle. Elle renforce encore son choix en Bts, en effectuant notamment un stage axé sur l’état des lieux des fascines (des petits fagots destinés notamment à lutter contre l’érosion) sur la côte d’Albâtre. « Je voulais, et veux toujours, faire un métier utile, apporter des éléments nouveaux aux agriculteurs, apporter ma pierre à l’édifice » souligne-t-elle. Mais comme elle se sent, à ce moment, encore trop « juste », elle choisit de poursuivre et passe avec succès le concours pour intégrer la 2e année du cursus Esitpa (aujourd’hui Uni LaSalle) : « J’étais bonne élève, mais j’avais besoin de beaucoup travailler pour y arriver. »
De la Normandie à la Malaisie
Elle surmonte la transition, qui s’avère assez ardue et part « à reculons » pour un stage de 2 mois à l’étranger qu’elle effectue en Irlande, sur une exploitation en élevage et maraîchage bio. « Et finalement, j’ai eu du mal à revenir en France ! », dit-elle en souriant.
L’expérience lui donne la maîtrise de l’anglais, de l’assurance, mais aussi le goût du voyage, puisque ses deux derniers stages se dérouleront respectivement dans l’Etat australien de la Tasmanie (sur le stockage du carbone dans les arbres) et en Malaisie, où, en tant que chargée de mission, elle a contribué à mettre un place une certification environnementale pour une gestion durable de la forêt sur 60 000ha ! Une expérience qui lui permet de s’initier à la gestion de projets. « Cela m’a clairement ouvert d’autres horizons ! Si au lycée, on m’avait dit que j’allais faire tout cela, je n’y aurais pas cru. » Diplôme en poche, elle trouve rapidement un poste de chargée de mission auprès d’un syndicat de Pays, pour mettre en place des mesures agroenvironnementales et climatiques (Maec). Un travail qui demande patience et persuasion. « Il m’a fallu du temps pour convaincre. Ce n’était pas lié au fait que je suis une femme, mais plutôt que, pour parler environnement, il faut parler machines, rendements. Il faut négocier, être diplomate. Clairement, ce que je faisais valoir, je l’ai appris sur le terrain, j’ai observé les pratiques, dans les journées techniques et les conférences. Et cette expérience a renforcé la conviction que le travail du sol représente une solution technique indéniable. Et c’est passionnant : il existe une multitude de leviers à actionner, en fonction des systèmes et des objectifs des exploitants. J’avais envie d’aller plus loin. »
Ce qu’elle fait aujourd’hui en animant le réseau des animateurs machinisme des fédérations de cuma d’Occitanie. Elle a notamment produit un guide sur les outils interceps en viticulture, qui a reçu un excellent accueil chez les conseillers et les agriculteurs.
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