Marché foncier 2020: pause sur les transactions, pas sur les prix!

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Marché foncier 2020: pause sur les transactions, pas sur les prix!

Les prix des terres agricoles n’ont pas faibli.

Le 27 mai, le groupe Safer a dressé l’état des lieux du marché foncier en 2020, confronté à l'irruption de la crise sanitaire.

Le  Groupe Safer, présidé par Emmanuel Hyest, souligne six tendances majeures observées sur le marché foncier en 2020.

1) La baisse des transactions

Tout d’abord, le marché des terres et prés en 2020 a enregistré –8,5% de transactions en 2020. «Cette contraction pourrait correspondre à un report, dans le contexte d’incertitudes généré par la crise sanitaire», analyse prudemment la Safer. Cette situation pourrait n’être que provisoire, compte-tenu de la progression à venir des départs en retraite. On craint également des cessations anticipées d’activité liées aux crises qui touchent certaines filières.

2) Marché foncier 2020: une hausse du prix moyen national

«Le prix des terres et prés libres non bâtis s’élève à 6.080€/ha en 2020, en hausse de 1,3 %, après une année de stagnation», constate la Safer. En outre, l’augmentation est nette pour les grandes cultures à +5,5%. En revanche, les prix des terres consacrées à la polyculture-élevage reculent légèrement. Par ailleurs, l’écart de prix entre les surfaces vouées aux cultures et celles pour élevage, grandit. Les piètres résultats économiques de l’élevage bovin expliquent cette tendance.

La hausse des prix touche aussi les terres et prés loués. En 2020, le prix moyen atteint 4.936€/ha. Il est en augmentation de 3,6%. On constate d’année en année que la SAU en fermage progresse. Parallèlement, les surfaces acquises par les GFA et les SCEA augmentent. Les acquéreurs non agricoles sont davantage présents avec respectivement 3,4% et 4,4% d’achats supplémentaires pour les personnes physiques et personnes morales non agricoles.

 

 

foncier agricole prix des terres

Prix des terres et prés libres non bâtis par région agricole en 2018-2020 (moyenne triennale).

 

3) Les effets contrastés de la crise sur les vignes

Selon les appellations, le marché des vignes a été plus ou moins affecté par la crise du Covid-19. En parallèle, les exportations ont été compliquées par le surcroît de taxes aux frontières et la mise en oeuvre du Brexit. Le nombre de transactions foncières a baissé en surface de 17% entre 2019 et 2020. Mais certains vignobles tel que le Cognac «esquivent la crise».

À noter: de plus en plus de personnes morales (sociétés d’exploitation agricole et de portage du foncier) se positionnent sur le marché foncier viticole.

4) L’influence du marché des parts sociales

Les Safer estiment que les ventes de parts notifiées représentent l’équivalent de 20,3% de la valeur du marché foncier agricole en 2020. Sans régulation, le marché des parts sociales risque de priver les candidats à l’installation d’accès au foncier. D’autre part, ce marché concourt, semble-t-il, à l’inflation des prix des terrains. C’est pourquoi le 26 mai, l’Assemblée nationale a donné un coup de frein aux dérives observées sur ce marché jugé opaque.

Elle a adopté en première lecture, à une très large majorité, la proposition de loi qui soumet à autorisation administrative les cessions de titres sociaux portant sur des sociétés détenant ou exploitant des terres agricoles. Le préfet pourra dorénavant refuser une autorisation d’exploiter, dès lors qu’elle est jugée contraire aux objectifs du contrôle des structures et aux orientations du schéma directeur régional des structures agricoles.

5) Marché foncier 2020: le boom des maisons de campagne

L’attrait pour la campagne s’est particulièrement fait ressentir en 2020. Les territoires ruraux, capables de proposer de bonnes connexions numériques pour télé-travailler, en ont profité. Après trois années de hausse modérée, les prix des maisons de campagne décollent: +6,4% en 2020. Soit 182.000€ en moyenne. Cet engouement s’est manifesté sur le deuxième semestre, après une longue période de confinement.

«Certains départements connaissent des augmentations exceptionnelles du nombre de transactions de maisons à la campagne, comme la Somme (+35 %), l’Yonne (+30%), les Yvelines (+27%) et l’Orne (+24%). À l’échelle régionale, c’est l’Ile-de-France qui connaît la plus forte progression (+16%) devant la Bourgogne-Franche-Comté (+11%)», relève la Safer. Et contrairement aux années passées, les étrangers sont beaucoup moins présents sur ce marché.

foncier agricole et ruralité

Les prix des maisons de campagne gagnent 6,4% pour s‘établir à 182.000€.

6) La poursuite, ralentie, de l’artificialisation

Certains territoires sont davantage en proie à ce phénomène, selon les analyses menées sur la période 2018-2020. «L’indicateur de pression foncière sur le foncier agricole met en évidence les territoires où l’urbanisation est déjà très forte (régions parisienne, rouennaise, lilloise, lyonnaise…) et des territoires où les surfaces agricoles sont naturellement restreintes pour des raisons géographiques (prédominance des surfaces de bois ou de landes, en zone méditerranéenne, Gironde, Landes…)», observe la Safer.

Ainsi, la vigilance est de mise. «La préservation du potentiel agronomique de tous les territoires, des plus urbains aux plus ruraux, est un enjeu qui doit être intégré et qui passe par l’arrêt de la consommation progressive irréversible de notre ressource foncière.» La consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers est de 22.900ha en 2019. À ce rythme, c’est la surface agricole d’un département moyen qui disparaît en 14ans!

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