En France, le manque de pluie est criant depuis un an dans plusieurs régions de l’est et du centre, selon les services de météorologie. Et les températures élevées de juin ont aggravé la situation, notamment dans un large quart nord-est et sur la côte méditerranéenne.
Dans les Vosges (est), de plus en plus de sapins meurent sur pied, tués par la chaleur et la sécheresse de 2018 à laquelle a succédé le déficit hydrique de ce début d’été. Le vert de la forêt se teinte désormais de la couleur rouille des épines séchées.
Mardi, 61 départements sur les 96 de la France métropolitaine étaient placés en restriction d’eau, selon le site internet Propluvia, avec les interdictions en découlant (de remplir les piscines, de laver les véhicules en dehors des stations professionnelles, d’arroser, etc.).
« Depuis septembre, le déficit pluviométrique reste de 20% en moyenne sur la France », résumait récemment Météo-France. Mais des zones de la Côte d’Azur atteignaient un déficit de pluie de 70%, voire 90%. Le Sud-Est de la France n’a connu que quelques orages depuis début juillet, pas assez pour imbiber les sols.
Sans atteindre de tels déficits, l’Espagne a reçu environ 25% de moins de pluies que la moyenne enregistrée entre 1981 et 2010. Et cette année est la 3e plus sèche enregistrée au XXIe siècle, selon l’agence nationale de météorologie AEMET.
Mars et mai notamment ont été « très secs » et plusieurs régions sont en stress hydrique : l’Andalousie (sud-ouest), l’Extrémadure (ouest) ainsi que Madrid (centre). En outre, après un mois de juillet plus chaud que d’habitude, août et septembre s’annoncent au-dessus des normales saisonnières.
Résultat : la situation pour les agriculteurs est « préoccupante », selon leur ministre Luis Planas, notamment dans l’élevage et les cultures d’été dépendant des nappes phréatiques.
En Allemagne, ce sont principalement les régions du nord qui sont touchées, là encore faute de précipitations suffisantes. Sur deux fleuves, l’Elbe et l’Oder (est), des restrictions sont en vigueur concernant le passage des bateaux, le niveau d’eau n’étant pas assez haut.
Même si l’approvisionnement en eau potable n’est pas problématique, les autorités ont appelé les habitants à la parcimonie.
« De plus en plus fréquent »
En Pologne, les autorités estimaient il y a peu que l’aridité risquait d’affecter les cultures céréalières dans 14 des 16 régions, tandis qu’à Prague l’Académie des sciences soulignait qu’elle pourrait atteindre un niveau « exceptionnel ou extrême sur 80% » du territoire tchèque.
Dans les Pays baltes également gravement frappés, la Lituanie a décrété début juillet une « situation d’urgence ».
« Les agriculteurs estiment que leurs récoltes risquent d’être réduites de 40% à 50%. Les stocks de poissons sont également menacés », avait dit à l’AFP le ministre de l’Environnement Kestutis Mazeika, incriminant le changement climatique pour les épisodes de sécheresse et de vagues de chaleur des dernières années.
En Suède, l’année catastrophique pour l’agriculture fut 2018. En effet, à la même époque l’an dernier, les forêts y brûlaient et les éleveurs devaient abattre une partie de leur cheptel faute de pouvoir le nourrir. Cette année, en revanche, les rendements devraient dépasser de 75% ceux de l’an dernier pour atteindre 6,3 millions de tonnes, selon les prévisions de Lantmännen, la plus grande coopérative agricole d’Europe du Nord.
Mais les aléas climatiques de la sorte ne sont plus une nouveauté. Déjà, en 2009, l’Agence européenne pour l’environnement relevait que « depuis 1980, les épisodes de sécheresse en Europe (avaient) augmenté en nombre et en intensité ». Soit un « coût estimé de 100 milliards d’euros au cours des trente dernières années ».
En 2003, un tiers du territoire de l’Union européenne (plus de 100 millions de personnes) avait subi une des plus grandes sécheresses ayant affecté le continent, rappelait-elle dans un document avertissant que l’Europe était en train d’épuiser ses principales ressources en eau.