[Management] Le secret pour réussir à innover

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[Management] Le secret pour réussir à innover

Le consommateur est devenu attentif à l’acte de production. Les agriculteurs ont une chance à saisir. En développant collectivement des innovations basées sur la réponse aux demandes du consommateur.

La création de valeur par des initiatives locales était un des sujets au programme d’un séminaire le 16 novembre à Rennes. Autour d’une table ronde, quelques exemples de filières locales où tous les échelons s’impliquent ensemble pour créer de la valeur. Avec méthode, une opportunité est à saisir.

Innover, «c’est prendre un risque, ne serait-ce que financier.» Pour Jean-Luc Perrot, directeur général du pôle de compétitivité Valorial, «le collaboratif, c’est l’assurance tous risques de l’innovation!» Au micro de la table ronde qu’il animait dans le cadre d’un séminaire Partenariats européens pour l’innovation (PEI), il précise: «la meilleure façon de réussir un projet est d’aller chercher les compétences nécessaires là où elles sont.» C’est ainsi que les initiatives labellisées PEI présentées ce jour-là impliquent aussi bien les producteurs, les transformateurs, des chercheurs ou encore des organismes consulaires…

Co-construction de filières

Exemple avec le président de l’association des producteurs de graines de moutarde en Bourgogne, Fabrice Genin: Après l’abandon de la culture et la solution de l’importation ayant ses limites, «les industriels ont réfléchi à relancer une production locale de graines de moutarde pour approvisionner leurs usines.» De presque rien dans les années 90, la récolte locale 2017 s’élève à 11.000t de graines, soit 40% du besoin des industriels de la région. Pour autant, la partie n’est pas gagnée, car l’aptitude des graines à se transformer en pâte diffère d’une année sur l’autre, sans que l’on puisse identifier encore la cause. Question de variétés? de conduite? de contexte pédoclimatique?… «Nous sommes allés chercher l’Inra de Nantes», explique le producteur bourguignon, «eux ont les moyens d’aller chercher les explications dans les graines», pour qu’ensuite la collaboration aboutisse à la création et la diffusion de solutions «pour fixer cette qualité par rapport au besoin du transformateur. C’est vraiment le but de ce PEI, de pérenniser cette filière locale.»

Le consommateur s’intéresse, c’est l’heure de s’investir

Jean-Luc Perrot, directeur de Valorial.

Fabrice Génin note par ailleurs que sa filière moutarde «est déjà bien avancée.» Elle a déjà créé de la valeur économique, dans le sens où «nous décidons du prix de notre graine autour d’une table», avec différents acteurs dans la discussion. Jean-Luc Perrot souligne que la valeur économique n’est pas la seule que le collaboratif s’autorise à créer. Loïc Adam, président de l’organisation de producteurs Mont Blanc, et Philippe Blouin (directeur des achats de la laiterie manchoise) confirment en présentant le projet concernant la filière lait Mont Blanc (voir encadré). «On ne voit pas encore ce que nous pouvons gagner en valeur économique», explique l’éleveur, mais en s’investissant dans le projet centré sur son client, «on construit une relation avec la laiterie, on gagne de la confiance… on apporte une valeur de durabilité.»

Plus sereinement, les acteurs économiques peuvent ainsi s’intéresser à la porte qu’ils ont à ouvrir pour créer de la valeur: «Il y a une opportunité à saisir pour l’agriculteur aujourd’hui. Indéniablement, le consommateur à une attention marquée pour l’acte de production.» Encore faut-il savoir ce qu’il attend. A la question « C’est qui le patron? », l’expert répond sans hésitation que ce doit être: «Le consommateur!» Sa demande doit être la pierre angulaire de l’innovation. Jean-Luc Perrot note que bien que cela s’améliore, «il reste des progrès à faire» à l’agriculture (et agroalimentaire) pour cultiver la logique du client roi. «En venant à ce séminaire, je suis passé au centre-ville où une entreprise de domotique a installé un logement témoin avec les solutions connectées qu’elle propose…» Les consommateurs peuvent y venir en immersion, échanger sur les produits qu’ils découvrent. Digression à prendre comme inspiration.

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A gauche, Loïc Adam présentait l’action de l’Organisation de producteurs et la relation qui se construit avec la laiterie au sein de laquelle Philippe Blouin est en charge des achats et qui entend déployer une nouvelle stratégie marketing.

Des exemples qui se développent

Acteur historique du dessert lacté avec sa crème en conserve, Mont Blanc bénéficie d’une notoriété forte mais doit aujourd’hui dépoussiérer son image. Et pour réveiller la belle endormie, la marque mise sur le marché du snacking sain laitier dont il entend devenir un leader. «Nous prenons des risques, nous investissons», commente le représentant du groupe agroalimentaire qui associe donc les producteurs à sa stratégie.
Loïc Adam, leur représentant à ses côtés ce jour-là, complète: «Jusqu’ici dans les filières laitières, la production recevait une information descendante de la laiterie», sans réelle communication. Au-delà de satisfaire la réglementation, en créant l’OP, «nous assurons cette communication, avec l’ambition de mieux répondre aux attentes des producteurs en termes d’information.» Il ajoute: «Nous montons aussi en compétences, par des formations, en négociation, certes, mais aussi sur les coûts de production ou de la stratégie industrielle», et grâce à ces bagages, l’échelon de la production entend assumer sa place auprès de son partenaire.
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