Anticiper, toujours anticiper
Benilde Freyssenon est salarié de la cuma du Haut Pilat dans la Loire qui possède 2 tracteurs équipés de transmission à variation continue. « On est en zone de montagne avec de bonnes descentes et pour la conduite avec un tracteur chargé, il faut savoir anticiper. Quand on arrive en haut d’une côte, on attaque la pente doucement et ensuite on est obligé de jouer avec les freins en les actionnant quelques secondes tous les 200 à 300 m. C’est vrai que si on ne fait pas attention, on peut se laisser emporter. Le réflexe est alors de tirer sur le levier de transmission mais le moteur monte très rapidement dans les tours et les alarmes retentissent. On ne le fait qu’une fois après on fait attention.
Certains tracteurs sont aussi équipés en option d’un frein d’échappement, actionné via une pédale ou un bouton sur le tableau de bord, qui crée une contre-pression ce qui a pour effet de ralentir le tracteur. A la cuma de l’Or Noir, Alexis Voisin admet « qu’il y a moins de frein moteur avec une transmission à variation continue. Il y a le frein d’échappement qui permet de ralentir. Mais ce dispositif ne fait pas tout dans des fortes pentes, en l’actionnant on ne risque pas d’être propulsé dans le pare brise. Il faut d’abord bien anticiper en réduisant la vitesse en haut des côtes et savoir utiliser les freins du tracteur. »
Ne pas cramer les freins
« On sollicite les freins de la même manière qu’un conducteur de poids lourds en descente. Un appui de seulement quelques secondes et ensuite relâcher. » Le réflexe pour beaucoup est de maintenir le pied sur les freins tout au long de la descente. Certes les freins équipant les tracteurs ont fait beaucoup de progrès mais ce style d’utilisation fait qu’ils vont vite chauffer et devenir inopérant. Un passage chez le concessionnaire deviendra vite obligatoire.
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Utiliser les différents modes de conduite
Quand on lâche l’accélérateur, on s’attend à ce que le tracteur ralentisse. Mais tout dépend comment le calculateur qui gère le dialogue entre la transmission et le moteur a été programmé. En général, ce que perçoit une variation continue en descente, c’est que l’effort demandé diminue. Si l’effort diminue, pour consommer moins de carburant, la transmission augmente sa plage de variation. Cela revient à passer une vitesse supérieure et là on a l’impression que le tracteur prend de l’élan. Mais il existe des dispositifs permettant de figer la transmission, de retenir un tracteur dans une pente et aussi différents modes de conduite pré-programmés qui permettent de couvrir plusieurs degrés de prise d’élan. Mais encore faut il les connaître.
Une formation dans le bon de commande
Cliquer sur des boutons pour tomber des rapports, tous le monde comprend. Mais les fonctions de retenue des tracteurs dans la pente ne sont jamais abordées lors de la prise en main du tracteur. Au niveau formation, le cadre réglementaire n’impose rien. Certains constructeurs envisagent une journée de formation inclus lors de la vente de certains modèles de tracteurs. En attendant pour éviter un gâchis de technologie sous-utilisé mais payé, une journée de formation peut être inscrite dans le bon de commande. Un moyen de mieux rentabiliser un investissement de plus en plus lourd et de mettre l’accent sur la sécurité.