Effervescence dans la cour autour du bâtiment portant l’enseigne «Cuma le Pont flume». Ici, non loin de Rennes, les cultivateurs de maïs fourrage devront encore patienter une quinzaine de jours avant de réaliser la récolte et ils sont nombreux à apporter des gerbes de maïs à Philippe Busnel et Dominique Dorel (Eilyps) qui s’activent autour du broyeur et de leur analyseur AgriNIR. L’enjeu de ces rendez-vous «matière sèche» est de poser ou confirmer une première date prévisionnelle pour une récolte qui assure la production d’un fourrage au bon stade.
Limiter les pertes
«Le maïs, c’est le plat de base de la ration hivernale. Le but est aussi d’en perdre le moins possible», explique le responsable de la ferme du lycée agricole du Rheu où 60 vaches laitières sont conduites en bio. Beaucoup ont en tête la dernière récolte, où la progression rapide des maturités a surpris… «J’ai récolté à 39% MS», lance un éleveur. «Chez moi, ça allait de 38 à 42%», rebondit un autre… et Philippe Busnel confirme le constat général à l’échelle départementale.
Moins de lait, moins de taux avec le maïs 2016
Au final, à défaut de vraiment baver devant leur auge, les vaches en ont un peu bavé toute l’année. Plus encore que la conservation du fourrage, «le problème, c’est surtout que l’ingestion est pénalisée», constate Gérard Ménard, un producteur de lait. «Nous avons mis de l’eau dans la mélangeuse, c’était mieux, mais ça ne rattrape pas» ce que la maturité trop avancée a fait perdre.
Même cause, mêmes conséquences chez Pascal Lefevre qui nourrit une soixantaine de laitières. Malgré la mélasse qu’il a utilisée, «l’ingestion n’était pas là. Les vaches ont galéré» et leur production s’en ressent. Contre presque 10.000l l’année précédente, la moyenne individuelle est descendue à 9.000l, «et avec des taux moins bons! Là, nous sommes revenus dans un silo d’il y a deux ans et c’est mieux».
Alors qu’il n’avait pas pu parfaitement suivre la fin de cycle de son maïs l’an dernier, l’éleveur en entreprise individuelle résume l’importance de l’analyse qu’il est venu faire. «J’avais une date en tête pour ma récolte. Je suis venu la confirmer.» En tout cas, «ça donne une première idée d’où on en est. Ensuite, on peut suivre en fonction de la météo et en par l’observation du grain en allant casser quelques épis sur une diagonale du champ.» Même protocole pour Jean-Marie Trinquart, en gaec à la tête d’un cheptel de 70 vaches et d’une sole de maïs de 34ha. Il comptait bien se mettre en relation avec le responsable de l’activité à la cuma le jour même pour réserver une date qui tienne compte du résultat.
Les bases d’un beau chantier
Dans l’ouest, le réseau cuma participe à l’organisation de ce type de journées. Au-delà d’une occasion de rencontrer les cuma et leurs adhérents, Fabien Lorans (fédération Bretagne Ille Armor) y voit l’opportunité de sensibiliser les éleveurs à la réussite du chantier et de rappeler les bases trop souvent ignorées de ceux qui doivent rester les chefs du chantier et à ce titre, observer par exemple, si la finesse de hachage, le traitement des grains… correspondent à ce qu’ils souhaitent.
«J’en profite pour proposer la prestation tamis que nous avons mise en place. Le jour du chantier, nous venons évaluer avec l’éleveur si son cahier des charges est respecté ou s’il faut qu’il fasse rectifier les réglages de l’ensileuse.» L’animateur distribue également des fiches synthétiques à destination des chauffeurs, à mettre en cabine pour les aider à affiner les réglages et répondre à la demande de l’éleveur qui devra faire toute une année avec le fruit de leur travail.