En quelques heures, le président va passer du cadre fastueux du Forum économique de Davos, où il a rencontré mercredi le gotha mondial, à l’étable d’une ferme au coeur du Parc des volcans d’Auvergne, où quatre départements ont été placés jeudi matin en vigilance orange neige-verglas, a indiqué Météo-France. Il est en effet attendu jeudi midi aux Violettes, une exploitation située à 1.000 mètres d’altitude où deux couples d’agriculteurs produisent, avec 40 vaches laitières, du Saint-Nectaire, de la Fourme et du Gaperon, trois fromages locaux qu’ils commercialisent essentiellement en vente directe.
Cette visite précèdera le discours des voeux qu’Emmanuel Macron prononcera à 15H00 à Saint-Genès-Champanelle, une commune à une quinzaine de kilomètres de Clermont-Ferrand. Il respectera un engagement de campagne en présentant « des vœux spécifiques aux agriculteurs, pour la première fois dans l’histoire récente », indique l’Elysée.
Dans son discours, il va « décliner sa vision pour une transformation en profondeur de l’agriculture française » afin de lui faire « retrouver la voie vertueuse de la valeur », selon la présidence. Le modèle agricole français est « totalement dépassé », a jugé mercredi Christophe Castaner, secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement.
Emmanuel Macron pourrait par ailleurs répondre aux critiques de l’opposition qui l’accuse de négliger la France rurale. Il a ainsi été mis en cause pour son « mépris pour la France des territoires » par le président des Républicains, Laurent Wauquiez. Ce dernier, également président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, n’assistera pas à la visite présidentielle, en raison de sa participation à l’émission politique de France 2 dans la soirée.
« Année charnière » : conclusions des États généraux de l’Alimentation
Emmanuel Macron prononcera son discours quelques jours avant la présentation, le 31 janvier, par le ministre de l’Agriculture Stéphane Travert, du projet de loi destiné à mettre en oeuvre les conclusions des Etats généraux de l’alimentation. L’objectif de ce dernier était double: assurer un juste prix payé aux producteurs; garantir une alimentation sûre, saine, durable et accessible à tous.
Mais les acteurs de terrain se demandent ce qu’il y aura exactement dans la loi. Bernard Lannes, président de la Coordination rurale, deuxième syndicat agricole, espère que le chef de l’Etat « parlera clairement de ce qu’il compte faire avec la loi » et en donnera « les grandes orientations ». Souhaitant que celle-ci soit « mise en application très vite », Christiane Lambert, présidente de la FNSEA (premier syndicat), réclame que « M. Macron rappelle à l’ordre » les distributeurs, qui « ont totalement quitté l’état d’esprit des Etats généraux » dans les négociations commerciales avec les producteurs. Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne, appelle lui le chef de l’Etat à « ne pas lâcher sur sa volonté de faire changer de cap à l’agriculture ».
Le président de la République a promis un plan d’investissement de 5 milliards d’euros pour l’agriculture, mais les syndicats se demandent si les producteurs les plus fragiles en bénéficieront alors que le nombre de défaillances d’exploitations continue d’augmenter. « 70% des agriculteurs sont dans le rouge« , selon la Coordination rurale.
Le dossier sensible du loup devrait également s’inviter à ce déplacement, puisqu’une manifestation est organisée à Saint-Genès-Champanelle pour relayer « la souffrance et la détresse des éleveurs victimes des prédations ».
Après un dîner au lycée hôtelier et général de Chamalières, Emmanuel Macron apportera vendredi son soutien à la candidature au patrimoine mondial de l’Unesco de la Chaîne des Puys, chapelet de 80 volcans vieux de 8.400 à 95.000 ans. Lancée il y a 11 ans, la demande de classement doit être réexaminée par le Comité du patrimoine mondial fin juin à Manama, au Bahreïn, après avoir été recalé par deux fois en 2014 et 2016.
Si la neige ne l’empêche pas, le chef de l’Etat arpentera le sommet du Puy de Dôme, qui culmine à 1.465 mètres. Il pourrait ensuite, selon des sources locales, se rendre au lac Chauvet, apprécié de François Mitterrand, pour un déjeuner privé avec des élus ou ex-élus auvergnats comme Michel Charasse.