La Chambre d’agriculture de Côte-d’Or et la frcuma Bourgogne avaient organisé une démonstration de machine à bêcher à l’automne 2014. Les techniciens ont présenté des données comparatives entre une machine à bêcher de 3 m attelée à un tracteur de 110 ch et une charrue 5 corps montée sur un 150 ch. Les agriculteurs présents apportaient des commentaires sur leur propre expérience. Le terrain choisi était très argileux (40 à 60% d’argile), avec une structure détériorée par les engins de récolte. Le cas typique où les deux outils peuvent être mis en balance.
Une meilleure efficacité du tracteur
En termes de coût et débit de chantier, les deux outils affichent des performances similaires : autour de 59 €/ha (hors main-d’œuvre), pour 0,90-0,95 ha/h. « Toutefois, explique Jérémie Nobs, conseiller à la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or, la machine à bêcher peut être utilisée en situation plus difficile et avec des tracteurs plus légers. La puissance étant mieux transmise par la prise de force que par les pneumatiques, cet appareil nécessite moins de puissance, d’où une meilleur efficience énergétique du chantier. » En effet, quand la charrue demande 67 ch au mètre de largeur de travail, et consomme 32 l/ha, la machine à bêcher se contente de 37 ch, pour un peu plus de 22 l/ha.
Les utilisateurs présents à la démonstration ont énoncé plusieurs avantages à cet outil animé : « Il permet à l’eau de descendre à nouveau dans le sol, et aux remontées capillaires de se faire » ; « La machine à bêcher améliore la structure de sols, détériorée par les années de monoculture de maïs et les labours trop fréquents » ; « La reprise au printemps est plus simple que sur un labour, un passage de herse plate ou de vibroculteur léger suffit. » Avec toutefois une réserve : « Après le 1er février, cela devient risqué d’utiliser la machine à bêcher en terres très argileuses, surtout si le printemps est sec. »
Comparaison des 2 matériels en chiffres
Machine à bêcher 3 m + tracteur de 110 ch | Charrue 5 corps + tracteur de 150 ch |
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Débit de chantier | 0,95 ha/h | 0,9 ha/h |
Coût (hors main d’œuvre) | 59,40 €/ha | 58,90 €/ha |
Puissance nécessaire | 36,7 ch/m | 66,7 ch/m |
Consommation de carburant | 22,3 l/ha | 32 l/ha |
Points forts | Points faibles |
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• demande moins de puissance et de carburant • facilite la reprise, si l’hiver est passé par là • meilleure circulation de l’eau • matière organique répartie dans le profil | • moins de débit en terre facile • enfouit moins bien des graines d’adventices, • fiabilité/maintenance à surveiller |
Plus complémentaire que concurrente
Jérémie Nobs développe ces arguments : « La machine à bêcher convient parfaitement pour les sols très argileux, mais son débit de chantier limité la défavorise en sols peu tirants. C’est pourquoi elle est le parfait outil à posséder en cuma, afin de répondre à une problématique de travail du sol précise sans engendrer de frais de mécanisation trop importants. » Concernant la reprise au printemps, il explique : « Le travail est plus facile qu’après un labour, mais à condition que le sol ait subi des alternances climatiques de type pluie/sec ou gel/dégel. » Autre différence importante : « La machine à bêcher répartit les débris végétaux sur tout le profil travaillé, et permet une meilleure décomposition des pailles du précédent. Toutefois, cela ne permet pas d’enfouir à 100% les éventuelles graines d’adventices comme une charrue. Elle répond à un problème de structure du sol, mais pas de salissement. »
La machine à bêcher n’est pas un matériel nouveau, mais elle est restée assez confidentielle sur le terrain. Jérémie Nobs reconnaît qu’il y a eu des problèmes de fiabilité, « notamment au niveau des transmissions », et que l’entretien journalier peut s’avérer contraignant. Mais précise : « Aujourd’hui, Lafforgue monte des roulements à graisser toutes les 50 h, ce qui diminue le temps d’entretien. »