Leur complémentarité fait gagner. Au colloque sur le maïs fourrager organisé par Arvalis en novembre, les intervenants ont aussi parlé de luzerne. Une étude présentée par Arvalis montre qu’un système maïs + luzerne peut être plus performant économiquement qu’un schéma plus classique où le maïs est complémenté par un tourteau, de colza, en l’occurrence.
Une luzerne au top, pour voir ce qu’il est possible de faire
Les ingénieurs tirent ce constat à partir d’une luzerne parfaitement réussie : «nous avions pour objectif d’atteindre 20% de MAT dans le fourrage de luzerne. Nous nous sommes donné du mal pour l’atteindre», détaille Pierre-Vincent Protin, avec des récoltes précoces, un suivi plus que régulier de l’implantation et de la levée. Difficile de penser qu’une telle richesse protéique puisse dès aujourd’hui constituer un standard universel en conditions normales de production.
La luzerne préfère l’enrubannage
«Nous voulions mettre des chiffres sur le potentiel économique d’un système luzerne performant.» Et avec 4kg MS/VL/j de luzerne enrubannée, la quantité de tourteau a été divisée par deux (par rapport à une ration «tout maïs») dans l’essai d’Arvalis, pour des performances de production statistiquement équivalentes. Dans cette modalité, le coût alimentaire sort à 12€/1.000l de moins que le niveau témoin. En poussant le raisonnement, le budget partiel est favorable au système luzerne tant que le ratio prix du tourteau de colza/prix du blé est supérieur à 1, ce qui est souvent le cas. En revanche, le cas d’une luzerne ensilée n’est économiquement favorable qu’à partir du moment où le ratio dépasse 2,5, ce qui est rarement le cas.
Un fourrage efficace à petite dose
Avec une luzerne à 15% de richesse azotée , «le bilan ne serait pas du tout le même», concède Yannick Carel . Car la limite de la luzerne conservée sous forme humide est qu’elle diminue la densité énergétique de la ration: dans l’essai, 6 ou 7kg (soit 30% de la ration) distribués entraînent une baisse de l’ordre de 2kg de lait. Le constat est convergeant avec d’autres essais réalisés en station expérimentale.
Un plafond à lever
«Comment déplafonner le niveau d’introduction tout en maintenant la production laitière ?» Face à la question posée en conclusion, les référents proposent quelques hypothèses. Pour substituer le correcteur azoté par un fourrage complémentaire au maïs, «il faut aller chercher un fourrage riche en MAT avec des fibres.» La luzerne n’a peut-être pas non plus le monopole de cette définition. Côté maïs, «il y aura certainement à s’intéresser à d’autres formes de valorisation.» Arvalis recense 16 formes de présentation, dont certaines concentrent l’énergie, à l’instar de l’ensilage de maïs épi.