Aurore Raffier, vétérinaire à la Coopérative Départementale Agricole d’Action Sanitaire (CDAAS), est intervenue au cours de l’assemblée générale de la fédération des cuma de Haute-Vienne, le 20 mars, à Limoges, pour décrypter les enjeux sanitaires de cette maladie qui affecte un nombre croissant d’élevages. Les cuma ont en effet un rôle à jouer pour contenir cette maladie (voir l’article sur ce sujet). La tuberculose fait peser de lourdes menaces économiques sur la filière bovine.
Officiellement indemne…
La France est reconnue officiellement indemne de tuberculose bovine depuis 2000. Cependant, cette zoonose progresse: 84 nouveaux foyers ont été déclarés en 2017. En très grande majorité, ces nouveaux cas sont situés dans la région Nouvelle Aquitaine. Le dépistage de la maladie s’opère via des inspections systématiques des carcasses à l’abattoir et les campagnes de prophylaxie obligatoires. A l’œil, la détection de la maladie reste difficile car l’incubation est longue et l’évolution chronique est très lente. Les symptômes observés en fin d’évolution se caractérisent par un affaiblissement de l’état général, un amaigrissement, des toux et difficultés respiratoires lorsqu’il s’agit de la forme pulmonaire de la tuberculose. Plus rarement, la maladie peut revêtir d’autres formes d’affections: intestinales, mammaires, utérine.
Bactérie résistante
A l’origine de ce fléau, figure une bactérie au nom barbare de Mycobacterium bovis, très résistante, en particulier dans les fèces (de 2 à 6mois) et dans les mares (jusqu’à 400jours). La lutte est donc âpre face aux risques de contamination qui peuvent passer aussi par la faune sauvage: blaireaux, cerfs, sangliers… La stratégie déployée pour en venir à bout privilégie la biosécurité. Les conduites préventives sont de quatre ordres :
- Limiter les risques liés à l’introduction de la bactérie via l’achat d’animaux ou le prêt de matériel par exemple;
- Bien clore les prairies pour éviter le contact des bovins de l’exploitation avec d’autres;
- Eviter les risques liés à l’environnement et à l’accès d’animaux sauvages aux stocks d’aliments. Cela peut être la protection des ensilages, l’arrêt de la distribution de concentrés au sol…
- Maîtriser les risques liés aux visites extérieures. En installant par exemple des pédiluves avec désinfectant.
Pas de recette miracle…
Parmi les moyens de lutte, figurent aussi le déparasitage du troupeau qui va limiter le risque de la maladie et améliorer la détection des cas, la dératisation, le compostage ou l’enfouissement du fumier… «A défaut de recette miracle, l’application de l’ensemble de ces mesures de biosécurité va permettre de limiter le risque d’introduction de la tuberculose dans l’élevage», affirme Aurore Raffier.
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