« C’est une excellente nouvelle pour nos agriculteurs », a réagi lundi le préfet de Normandie Pierre-André Durand, au cours d’une conférence de presse. « Cela signifie que la reprise de la production peut s’opérer sans délai. Et surtout la reprise de la collecte. »
Depuis l’incendie de l’usine Seveso seuil haut, le 26 septembre dernier, des produits tels que le lait, les oeufs et le miel ne peuvent plus être collectés dans de nombreuses communes où des suies ont été observées (Seine-Maritime, Oise, Nord, Somme et Aisne).
Les préfets des cinq départements concernés vont abroger partiellement ces arrêtés préfectoraux pour permettre la collecte du lait, la mise sur le marché des produits laitiers et l’accès des animaux aux pâturages, a annoncé le ministère dans un communiqué de presse, soulignant que les résultats de « 130 prélèvements de lait sont favorables ».
Aline Catoire, productrice laitière et vice-présidente de la chambre d’agriculture de Seine-Maritime, a fait part d’une « réaction mitigée ». « Certes, on reprend la collecte. Par contre, on ne sait toujours pas avec quoi on va nourrir les animaux car les silos (de fourrage) sont toujours consignés » et qu’il n’y a « plus grand chose » dans les prés, a-t-elle déclaré à l’AFP.
« éléments d’incertitude »
Dans son avis rendu lundi, l’Agence nationale de sécurité sanitaire et de l’alimentation (Anses) indique que les analyses de lait effectuées après l’incendie « ne montrent pas de dépassement des teneurs maximales réglementaires » pour divers contaminants. L’Agence souligne toutefois dans un communiqué « que des éléments d’incertitudes demeurent quant au risque de contamination du lait par les retombées de l’incendie et recommande des travaux supplémentaires ».
Pour l’agence, une éventuelle « levée des mesures de restrictions de la commercialisation du lait doit s’accompagner d’un dispositif de surveillance renforcée ».
Le ministère assure que « le plan de surveillance va être réorienté tel que proposé par l’Anses, afin d’assurer désormais une surveillance au long cours ». « Cette surveillance permettra de vérifier si ces résultats favorables se maintiennent dans le temps », ajoute-t-il.
Un avis de l’Anses est par ailleurs attendu dans les prochains jours pour le miel, les oeufs, les poissons et les végétaux, qui font toujours l’objet de mesures de restriction. Le préfet de Normandie a dit lundi avoir « bon espoir pour que cette semaine la totalité de ces contraintes qui pesaient sur le monde agricole puissent être levées. »
« S’il y avait le moindre risque pour la santé, je ne lèverais pas les mesures de restriction »
L’incendie de Lubrizol a causé aux agriculteurs un préjudice global estimé « entre 40 et 50 millions » d’euros, avait affirmé vendredi à Rouen le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume. En tout « 3.000 agriculteurs ont été concernés » par les conséquences de l’incendie, a-t-il rappelé.
La région Normandie a annoncé lundi qu’elle verserait cinq millions d’euros, sous forme d’avance remboursable, à destination des agriculteurs normands.
Plus de 9.500 tonnes de produits sont partis en fumée lors de l’incendie du 26 septembre, dont près de 7.000 tonnes de produits Lubrizol, selon les documents mis en ligne lundi sur le site de la préfecture. L’incendie a provoqué un immense panache de fumée de 22 km de long.
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