Avec un prix du GNR qui s’envole, certains agriculteurs tentent de réaliser des commandes groupées pour influer un tant soit peu sur le prix. Pourtant dans beaucoup de régions, la réponse des fournisseurs est souvent négative. Pour la plupart d’entre eux, les livraisons s’effectuent en priorité chez les clients habituels.
Des volumes rabotés à la livraison de GNR
Autre inquiétude pour les agriculteurs, les volumes commandés ne sont pas toujours ceux qui sont livrés. Dans la Loire, la cuma de Crémeaux commande entre 60 et 70.000 litres de GNR par an. «Avec une commande de 8.000 litres nous avons une livraison de seulement 4.000 litres» commente Frédéric Darpheuille, trésorier de la cuma.
De plus, aucune date n’est fixée pour recevoir le complément. Les adhérents qui essayaient de se greffer à la commande de la cuma n’ont pas été acceptés. Les fournisseurs n’acceptent pas de nouveaux clients. Dans le Puy-de-Dôme, un fournisseur constate l’impossibilité de livrer les volumes commandés. «Face à l’envolée de la demande, les dépôts de carburants ne sont aujourd’hui pas en mesure de nous fournir tout le volume de GNR dont nous avons besoin.»
Le 12 mars dernier, le premier ministre annonçait une remise de 15 centimes sur tous les carburants à partir du 1er avril. Cette remise s’appliquera aussi pour le GNR pour une durée de 4 mois. En attendant la mise en place de cette mesure, différents acteurs redoutent déjà cette date. La crainte est que les consommateurs passent tous commande à partir du 1er avril. La conséquence serait une fois encore une rupture de la chaine de livraison avec des volumes contingentés à une date où les travaux agricoles battent leur plein.
Des prix « au cul du camion »
Impossible aussi d’obtenir un prix quelques jours avant la livraison. Il est annoncé une fois le camion arrivé dans la cour de la ferme. «Pour 1.000 litres commandé la veille, le prix à la livraison était 5% plus élevé que celui annoncé» constate Mickael Bos, président de la cuma de la Coste dans le Cantal. «Il fallait accepter cette augmentation sinon le camion repartait sans effectuer la livraison.»
Les fournisseurs craignent aussi une augmentation des impayés. Pour certains, une livraison s’effectue seulement si la précédente est encaissé.
Pas que le GNR
L’augmentation de prix ne touche pas que le GNR. Un exemple parmi d’autres, pour la prochaine campagne, des cuma ont commandé le plastique pour l’enrubannage. La hausse constaté par rapport à la campagne précédente est de 34% pour la cuma de Saint André dans L’Ain. Pour Guillaume Favier, trésorier «un prix de la botte qui passera de 3,80€ à un peu plus de 5,00€ juste à cause de l’augmentation du plastique.» À cela il faudra rajouter l’augmentation du prix du GNR.
Certains font aussi des impasses sur des travaux d’entretien comme des passages d’épareuse ou de broyeur d’accotement. Une attitude qui fait diminuer l’utilisation de certains matériels dans les cuma. Mais comme le fait remarquer un trésorier de cuma, «des matériels qui pour certains ont encore un emprunt. Il faudra donc faire rentrer au minimum les engagements.»
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