Cette cuma à échelon départemental vient de constituer une section «abattage mécanisé» permettant de valoriser les nombreuses haies du bocage nivernais en plaquettes. Elle étudie aujourd’hui leur possible valorisation en litière. Une nouvelle action qui fait l’objet d’un projet Casdar «Mobilisation collective pour l’agro-écologie» et vient compléter les autres activités agro-écologiques de la cuma comme le compostage de fumiers et le transport d’effluents viticoles/vinicoles vers une station d’épuration collective par lagunage.
10.000km de haies à bien valoriser
«La haie n’est plus un frein, mais un produit à valoriser», indique Hervé Mouron, président de la cuma. Et des haies, la Nièvre n’en manque pas. Dans cette région d’élevage au paysage bocager, le linéaire de haies est estimé à 10.000km. Des haies historiquement basses (1m de haut et 1m de large), qui nécessitent un entretien coûteux à l’épareuse. Ce coût est, avec la sécheresse de 2011 qui limite aussi les ressources en paille, le facteur déclencheur de la valorisation des haies en plaquettes.
La cuma apporte alors la mécanisation nécessaire : un grappin coupeur adaptable sur pelleteuse, combiné à un broyeur, tracté par un tracteur à poste inversé. L’exploitation des haies est raisonnée, encadrée par des mesures agri-environnementales et guidée par un plan de gestion bocager réalisé par la chambre d’agriculture. Ces plaquettes bocagères alimentent déjà les chaudières d’une centaine d’agriculteurs du département. Utilisées comme litière, elles permettraient aussi de pallier le déficit en paille. Cette litière est aujourd’hui testée sur trois sites pilotes du département et fait l’objet de journées de démonstration. On y observe confort des animaux, salissement, atouts sanitaires et pertinence de cette litière en élevage. Le potentiel de développement est très important.
Organisation et qualité
Le chantier de déchiquetage, réalisé au printemps, nécessite une organisation millimétrée. Aux commandes : Benjamin Pinel, animateur de la cuma Bourgogne, qui organise les tournées et les facturations, et Nicolas Noël, le chauffeur. Les 60 adhérents de la section déchiquetage produisent annuellement plus de 14.000map (mètres apparent plaquette, unité de mesure du bois-énergie). Pour s’adapter au débit du chantier, la déchiqueteuse a été renouvelé en 2013, doublant le débit de déchiquetage de 40map/h à 70, voire 100map/h. La cuma assure la prestation d’arrachage et déchiquetage, et l’agriculteur récupère directement son bois en plaquettes au champ. Il les fait sécher pendant 4 mois dans ses bâtiments, vidés des animaux pour l’été. A 25% d’humidité, les plaquettes peuvent être utilisées directement dans les chaudières.
La mutualisation permet d’apporter ce service à tous les agriculteurs, même pour des petits volumes (20m3), pour lesquels les gros fournisseurs ne se déplacent pas. «Nous avons une meilleure maîtrise de la qualité du bois déchiqueté par la cuma que dans l’industrie du copeau», explique Benjamin Pinel. Les points clés de cette qualité : bien calibrer, bien sécher. Grâce à cette assurance qualité, la cuma met en place des tournées dans les départements voisins et réfléchit aujourd’hui à commercialiser ce produit.
De l’éco-fioul
«Se chauffer au bois déchiqueté, c’est le confort du fioul, le côté économique et écologique en plus», indique Benjamin Pinel. En effet, il faut compter 20 à 30m3 de bois plaquette pour l’équivalent d’une consommation de 1.500l de fioul. Ce qui équivaut à environ 0,35centime le litre de fioul. Le premier frein reste tout de même le coût de l’installation de la chaudière individuelle, entre 20 et 25.000€. Mais le retour sur investissement est rapide, de 3 à 6ans. Il ne reste plus qu’à passer le cap esthétique en laissant pousser ses haies, qui reflètent généralement la santé de l’exploitation.
Rencontre avec Benjamin Pinel, animateur à la fédération des cuma de Bourgogne |
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Le fort succès de la cuma Terr’eau est dû, entre autres, à sa bonne organisation. Le chauffeur, Nicolas, travaille très bien et est apprécié dans la campagne. A la cuma, on lui donne les moyens de s’organiser. Je m’occupe de la cuma Terr’eau pour un tiers de mon temps sur des missions d’animation, de comptabilité, et de conseil en machinisme. Le fait d’avoir un animateur permet une meilleure gestion et un meilleur suivi, même si le groupe d’agriculteurs était très motivé à la base. J’étais de formation commerciale et ai travaillé un moment comme représentant en machines agricoles, mais le métier de vendeur n’étais pas fait pour moi. La cuma Terr’eau, c’est comme si c’était ma boutique. Je la considère comme mon entreprise. Avec un BTS agricole gestion et protection de la nature, la mise en place de pratiques respectueuses de l’environnement est essentielle pour moi. Je suis convaincu par le bois énergie et je mets un point d’honneur à ce que le travail soit fait de manière pérenne. |