Chez Huttepain Aliments, le contexte qui met en avant le sujet du bien-être animal, se traduit par la mise en place en 2019 d’une grille qualité. Elle va prendre en compte les ailes cassées, griffures, homogénéités des lots, bréchets croutés et la conformité des pattes (pododermatites). En fonction de ses résultats, l’agriculteur aura une moins ou une plus-value.
La gestion de la litière en pleine révolution
La litière a un impact direct sur les pododermatites et les bréchets croutés. Le groupement met donc en place un plan d’actions pour en améliorer la qualité. Eric Artus, animateur technique chez Huttepain Aliments, liste les volets que comporte ce plan: le choix de la litière, le préchauffage, la bonne gestion du papier de démarrage, le réglage des pipettes et le travail de la litière.
Concernant le choix du matériau, les objectifs sont clairs. Le produit doit avoir de bonnes capacités d’absorption. Il doit aussi être capable de relarguer de l’humidité pour que celle-ci soit extraite du bâtiment par la ventilation. Le produit doit aussi être facile à remuer, à aérer et à mélanger. En effet, Eric Artus préconise de réaliser cette opération plusieurs fois (minimum 4 fois) durant les quinze premiers jours du lot, principalement sous les pipettes. «Cette opération est très importante, elle permet d’assécher cette zone qui concentre l’eau des pipettes et les fientes.»
Pendant cette période, les coussinets situés sous les pattes des volailles sont très sensibles. «Le taux de pododermatite final se fait en partie sur cette période» mais la litière devra également être maintenue en bon état jusqu’à la fin du lot. Pour répondre à ces deux objectifs, seulement 3 types de litières sont réellement accessibles de manière pérenne.
Paille, bois ou granulé
Le granulé est un produit techniquement très intéressant. Sa distribution est facilement mécanisable. Ses principaux inconvénients sont le coût et la dépendance à un fournisseur extérieur.
Le copeau de bois est lui aussi un très bon produit utilisé depuis de nombreuses années par les éleveurs de dindes. L’approvisionnement en cette matière est parfois délicat comme cet hiver. De plus, le copeau est très demandé par la filière des combustibles qui risque de gagner la course à l’approvisionnement.
Le dernier produit qui correspond aux attentes est la paille. Disponible en quantité sur nos territoires, à des tarifs compétitifs, elle devrait être le produit «le plus utilisé», poursuit Eric Artus. Mais toutes les pailles ne sont pas bonnes à prendre. «Les brins doivent absolument faire moins de deux centimètres. Le respect de cette granulométrie maximum est très important.» Au-dessus, les essais montrent une dégradation des résultats de bien-être.
Les cuma sont là
Obtenir une paille de moins de deux centimètres demande pour beaucoup d’éleveurs un changement des pratiques. Les récoltes avec roto-cut sur round baller, remorque auto-chargeuse, broyeur sous flèche de big baller arrivent difficilement à obtenir ce résultat de manière régulière. L’ensileuse et les broyeurs spécifiques de paille arrivent, quant à eux, à des résultats satisfaisants.
Que ce soit en collectif ou individuel, ces modes de transformation de la paille sont de plus en plus présents sur la Sarthe, par exemple avec la cuma de Tennie qui réalise de l’ensilage de paille, pour une cinquantaine d’heures rotor désormais. Ce chantier est compétitif à condition de pratiquer l’entraide pour le transport et il permet d’obtenir des débits de chantier très important. Une autre possibilité arrive aussi en cuma grâce à la Cigale.
La cuma la Cigale innove pour les aviculteurs
Depuis le 15 janvier, la coopérative départementale propose en effet une prestation complète de broyage de paille(1) grâce à un tracteur de forte puissance, un broyeur Haybuster H1030 et un chauffeur expérimenté. Les 56 marteaux du broyeur défibrent la paille et éclatent complètement les capsules ce qui démultiplie le pouvoir absorbant. Les 13 grilles de calibrage différentes permettent d’obtenir un produit calibré, régulier et qui répond aux souhaits de l’adhérent.
C’est ce qui intéresse la SCEA Chapelain qui a broyé 33 tonnes de paille conditionnée en bigs, avec le jeu de grille de 9/15 millimètres. Avec un débit de 10 tonnes par heure, ce chantier rapide et efficace lui a été facturé 700 € HT (200 €/heure).
(1) Si vous êtes intéressé par cette prestation, contactez l’Union des cuma au 02.43.23.77.37.
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Le bien-être dans l’air du temps Le contexte qui amène le sujet du bien-être animal dans une grille de paiement trouve plusieurs sources Tout d’abord la réglementation : l’arrêté européen qui fixe les objectifs de bien-être animal indique aussi les moyens de contrôle de ce critère. Le taux de pododermatite est un exemple de critères. Le consommateur final, les clients des abattoirs, qui suivent les exigences de celui-ci. Cela se répercute par des cahiers des charges qui intègrent le bien-être animal. Le dernier point est économique : Une volaille en bonne santé dans une ambiance saine va induire des bonnes performances techniques et donc économiques. |